Dans le cadre de la mise en place du Comité national de la décennie de la femme africaine 2010-2020, une délégation du Réseau FEMNET-Mali dirigée par Mme Bouaré Bintou Founè Samaké, présidente de WILDAF-Mali et membre de FEMNET, a rencontré Mme Alwata Ichata Sahi, ministre de la Famille, de la Promotion de la Femme et de l’Enfant, le vendredi 10 août dans les locaux dudit département. Les échanges ont porté sur les recommandations issues de la Journée d’information sur la décennie organisée par le réseau FEMNET-Mali.
Cette rencontre a été décidée lors d’une Journée d’information sur la décennie de la femme africaine 2010-2020. Après avoir expliqué point par point les 10 recommandations, Mme Bouaré Bintou Founè Samaké en a remis une copie et un rapport de cette journée à Mme la ministre Alwata Ichata Sahi qui, à son tour, a assuré sa disponibilité et son engagement à mettre en place ce Comité national, en tant qu’une des actrices de cette Décennie, tout en demandant l’accompagnement des femmes maliennes. Lesdites recommandations ont trait à la mise en place du Comité national et des cellules régionales ; à la création de bases de données sur les jeunes leaders ; au renforcement des capacités des femmes en TIC ; à la cohésion entre les groupes des femmes pour former un groupe de pression et de plaidoyer pour la mise en œuvre de la Politique National Genre (PNG) ; à la revue du Code de la famille ; à la vulgarisation et l’appropriation de la décennie et de la PNG par les organisations de la société civile, surtout féminines ; à l’élaboration d’une stratégie de communication ; au renforcement des capacités sur la Décennie de la femme ; et à la formation des femmes leaders sur la budgétisation sensible au genre. Afin de faciliter la réalisation et le suivi des activités de la décennie de la femme africaine, des structures doivent être mises en place, à savoir un comité national (composé de tous les acteurs concernés par la décennie et de toutes les couches sociales), un comité régional et un comité de travail ministériel.
A cet effet, la création de ce comité national doit susciter la prise de conscience sur la décennie des femmes africaines auprès des communautés à la base et au niveau national ; coordonner les parties prenantes ; sélectionner les projets et les mettre en œuvre au cours de la décennie ; promouvoir la participation des hommes et la création des groupes de pression ; contrôler et évaluer la mise en œuvre des engagements pris au niveau international. A titre de rappel, c’est en décembre 2008 que la proposition a été faite par les ministres en charge du Genre à l’Union africaine de déclarer 2010- 2020 décennie de la femme africaine en vue d’aider à améliorer les conditions de vie des femmes et des filles des villes et des campagnes. Cette proposition ayant été acceptée par les Chefs d’Etats de l’Union africaine le 15 octobre 2010 à Nairobi (Kenya) à l’occasion de la commémoration de la journée de la femme rurale, les ministres africains en charge des questions de genre et de la promotion de la femme ont procédé au lancement de la Décennie de la Femme Africaine (DFA) avec comme thème principal : « Approche de la base au sommet à l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme ».
Pourquoi une décennie de la femme africaine ?
Tout simplement parce que les femmes africaines ont toujours été présentes dans les mouvements de libération de la femme et de l’égalité des sexes. Par ailleurs, elles ont activement participé à toutes les conférences internationales et régionales les concernant. Elles ont beaucoup œuvré pour que les Etats africains signent et ratifient les accords et conventions internationaux dans le domaine des droits humains en général et de la promotion et la protection des femmes en particulier. Malgré tout cela, le constat est que les textes de lois signés et ratifiés par les Etats ne sont pas accompagnés de mesures permettant aux femmes de jouir des droits qui leur sont reconnus. Et les actions engagées sont insuffisantes pour permettre l’amélioration du statut des femmes, leur indépendance économique et leur pleine et entière participation à la vie publique. A cela s’ajoute la faible prise en compte de la participation des femmes à la base (femmes rurales) dans le processus du développement. Aujourd’hui, les femmes restent encore confrontées à des défis comme l’éducation, le VIH-SIDA, les violences basées sur le genre, les conséquences néfastes des conflits armés, le non accès des femmes aux TIC, les changements climatiques, la mortalité maternelle, la non prise en compte, dans le PIB, du travail des femmes (rurales et ménagères). C’est face à tous ces constats que les Chefs d’Etat ont jugé primordial d’adopter une Décennie de la femme africaine.
Cette Décennie vise à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation des femmes depuis la base jusqu’aux niveaux national, régional et continental en accélérant la mise en œuvre des engagements pris par les Etats à travers les différents instruments sur l’égalité entre hommes et femmes. Elle se fixe les objectifs de préserver et renforcer le poids des femmes africaines dans le mouvement mondial et régional pour faire avancer les droits des femmes ; à mobiliser des ressources pour la mise en œuvre des activités de la décennie et à promouvoir le leadership des jeunes femmes africaines et des femmes à la base. Les dix domaines prioritaires qui ont été identifiés sont liés à la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’autonomisation économique et l’entreprenariat des femmes ; à l’agriculture et la sécurité alimentaire ; à la santé, à la mortalité maternelle et au VIH-SIDA ; à l’éducation, à la science et à la technologie. Ainsi, pour atteindre les objectifs, les Etats doivent développer un plan de communication sur la Décennie ; organiser des rencontres consultatives sur les questions ayant trait aux relations entre hommes et femmes, et la promotion des droits de la femme ; et organiser des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation sur la Décennie. Aussi, ils doivent mener, au niveau national, des enquêtes sur le statut de la femme ; et réaliser des projets dans les dix domaines prioritaires identifiés. En outre, la Décennie de la femme africaine 2010-2020 permettra de mettre les projecteurs sur les questions des femmes africaines. C’est pourquoi la société civile doit s’investir pour que toutes les couches sociales s’approprient de la décennie. Depuis 2010, des pays ont déjà commencé les activités sur la décennie de la femme africaine. Notre pays est en retard de deux ans pour la mise en place de notre Comité national. Mais les activités peuvent démarrer sans problème quand on sait que chaque année, chaque pays doit traiter un thème.
Salimata Fofana