Mise en place du CNT : Le détail n’écrase pas l’essentiel !

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Confrontés à un devoir patriotique de taire les divergences paralysantes pour la Transition, les acteurs politiques et de la société civile du Mali ont fini par « prendre acte » des insuffisances relevées dans la mise en place du Conseil national de Transition (CNT).

« Le diable est dans les détails » ! Cette expression du philosophe allemand du XIXe siècle, Friedrich Nietzsche incite à une certaine tolérance par rapport à des questions de procédures et surtout en cas d’urgence dans un processus politico-institutionnel. C’est actuellement le cas avec le déroulé de la Transition au Mali. Et particulièrement pour la mise en place du dernier organe de cette Transition, le Conseil national. Les détails critiqués de ce processus priment-ils sur l’essentiel, la réussite de la Transition ? Que nenni !

Pris par les impératifs du temps et des défis majeurs de gouvernance, la période transitoire étant limitée à seulement 18 mois, et face à une très forte demande (pour y siéger) afin de concrétiser le principe d’inclusivité devant le caractériser, le Conseil national de Transition (CNT) a fini par être constitué et installé le samedi dernier au CICB. Et c’est le Colonel Malick Diaw, auquel des observateurs reconnaissent des qualités en management, qui a été élu à la tête de cet organe stratégique.

En dépit des récriminations initiales formulées par plusieurs acteurs politiques et de la société civile, les autorités de la Transition ont réussi, vaille que vaille, à mettre sur pied le parlement provisoire de la période transitoire. Tous les acteurs intéressés n’ont pas pu être logés dans cet organe de 121 membres. Les quotas attribués à différentes organisations ont été étriqués. D’où des frustrations multiples. Mais, comment pouvait-il en être autrement, tant de nombreux Maliens sont désireux d’apporter leur pierre à l’édification du nouveau Mali. Et, il n’y avait aucun doute que ce renouveau malien ne devrait pas être seulement l’affaire de ceux qui ont poussé à la chute du régime IBK.

En effet, le mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) est remonté contre le processus de mise en place de l’organe législatif. «Le M5-RFP se réserve donc le droit d’attaquer devant les juridictions compétentes le décret de désignation des membres du CNT dont l’illégalité est évidente … », avait déclaré Dr Choguel Kokalla Maïga du Comité stratégique du mouvement contestataire du défunt régime d’IBK, à qui certains analystes opposent l’expression de Friedrich Nietzsche. « Le diable est dans les détails ».

En clair, la nécessité de gagner du temps pour faire face aux défis majeurs auxquels le Mali fait face peut expliquer les insuffisances ainsi constatées. Celles-ci ont donc motivé la non-participation du M5-RFP au CNT. Idem pour d’autres états-majors politiques qui n’ont finalement eu le choix que de se résigner. N’ont-ils pas ainsi toléré les manquements constatés ?

Selon le parti CODEM de Housseyni Amion Guindo, le fonctionnement du CNT pourrait souffrir de légitimité. « La CODEM, en prenant acte du présent décret, informe l’opinion nationale et internationale qu’elle n’a pas été consultée et qu’elle n’a fourni aucun dossier pour le CNT », lit-on dans un communiqué publié par le parti de la quenouille. Toutefois, la CODEM rappelle qu’elle reste résolument engagée dans son rôle de « veille politique  et citoyenne sur la transition politique en cours dans notre pays ». Comment pourrait-il en être autrement pour des acteurs politiques attachés à la réussite de cette Transition devant jeter les bases d’un nouveau système de gouvernance. C’est pourquoi l la CODEM, comme d’autres forces politiques, affirment leur ferme engagement « pour la sauvegarde de la démocratie et le retour à l’ordre constitutionnel normal ». Une normalité qui doit nécessairement passer par des sacrifices. Lesquels doivent faire l’économie des détails qui hébergent souvent le diable !

En définitive, l’on se rend compte que les premiers contestataires du schéma du CNT ont compris que le processus n’est pas dépourvu de sacrifices. Il s’agit finalement de faire preuve de retenue pour regarder à l’essentiel consistant à conduire le pays vers l’installation de nouvelles institutions plus crédibles. L’on doit gager que cet objectif fera converger les uns et les autres vers « un smig politique » (expression chère à Serge Daniel) favorable à la renaissance du Malikura, porteur de tous les espoirs.

Bruno D SEGBEDJI

 

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