Présumés être de lieux de réinsertion sociale, les milieux carcéraux sont devenus des hauts lieux de banditisme. Dans beaucoup de centres de détention du Mali, des prisonniers imposent à leurs camarades le paiement d’un droit de séjour. Comme ce serait le cas au commissariat du 7e arrondissement de Bamako
Conçus pour garder des individus en détention préventive et ceux ayant enfreint à la loi, les prévenus au niveau des commissariats ont failli à cette mission. Là-de dans, des pratiques hautement dangereuses y passent comme l’instauration d’une taxe de séjour par des prisonniers. Il s’agit d’une loi interne imposée par des prisonniers ayant voix au chapitre sur leurs codétenus les moins nantis. Organisé comme un réseau mafieux, tout se passe à l’insu ou regard impuissant de l’administration pénitentiaire. De sources bien informées, affirment que ce centre de détention à Bamako bat tous les records. Une fois arrivée, tout détenu en manque de moyens conséquents est contraint automatiquement au paiement d’une somme d’argent fixée par « la force noire » de la prison. Celle-ci n’est autre qu’un club de colosses qui fait usage de la force physique pour se faire entendre. La loi ainsi instaurée, n’est négociable qu’avec espèce sonnante et trébuchante. Toute autre démarche contraire donne lieu à des représailles de toute nature. Un constat qui témoigne à suffisance l’insécurité régnante dans les centres de détention du pays. Tout comme la lutte contre le surpeuplement en milieu carcéral, la lutte contre ces nouvelles pratiques dans nos prisons interpelle les autorités publiques.
L’administration pénitentiaire qui doit faire sien ce combat n’est malheureusement visible que sur des dossiers de transactions de peines. On accuse à tort ou à raison cette dernière d’entretenir des pratiques consistant à monnayer les demandes de grâce présidentielle. Une pratique qui, dit-on, permet à de grands criminels d’être relâchés aussitôt après leur incarcération. Des surveillants et régisseurs de prison font eux aussi leur business à côté. Il s’agit notamment de la perception sur les visiteurs à l’entrée de la prison de la somme de 500 à 1000 F CFA, en lieu et place d’un permis de visite.
Ben Dao
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