Hormis Tombouctou, Gao et Kidal écartées cette années pour raison d’insécurité, le ministère des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, fidèle à une tradition qu’il a instaurée depuis quatre ans, a cette année encore, organisé une campagne nationale d’information et de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière. A Mopti, c’est Soufroulaye qui a été choisi pour la sensibilisation.
Tout le long du mois, des délégations du département comprenant les représentants de certaines de ses structures rattachées, notamment le centre d’information et de gestion des migrations (Cigem), la délégation générale aux maliens de l’extérieur (Dgme), parcourent le pays pour professer les avantages et atouts liés à la migration légale, et montrer à ceux qui optent pour la filière irrégulière ce à quoi ils s’exposent.
La région de Mopti, doublement confrontée à la migration interne et internationale, est une des localités sur lesquelles l’accent est mis pour attirer l’attention des parents, des jeunes et de la communauté sur les dangers liés à la migration (irrégulière). Un phénomène qui a des atouts certains mais qui présente beaucoup de risques contrairement à la migration légale et documentée. C’est dans le cadre de cette mission, ce devoir d’informer, que Mopti a accueilli, du 14 au 17 février dernier, une délégation du département conduite par son haut fonctionnaire chargé de défense, le colonel Saïdou Goundourou.
Après les communes urbaines de Mopti et de Bandiagara, cette l’année les autorités ont voulu délocalisé les activités de la campagne. Le choix fut ainsi porté sur la localité de Soufroulaye, (rendu célèbre du temps de Sékou Amadou qui y a choisi plusieurs guerriers), pour abriter les manifestations dans la bonne organisation desquelles les autorités politiques et administratives de la région ont beaucoup contribué. Initialement programmé au camp de la jeunesse de Soufroulaye, le site de la manifestation a été finalement changé. A cause d’une discordance dans le calendrier. En effet, des militaires américains présents à Mopti dans le cadre de l’opération Flinctlock, étaient hébergés au camp de la jeunesse de Soufroulaye et n’ont pas fini leur déménagement. Ce qui a contrarié le programme établi. Finalement, les organisateurs se sont rabattus sur un autre site pour les premières activités programmées. Il s’agit d’une pièce de théâtre sur le sujet, suivie d’une animation artistique assurée par certains groupes de la région dont le Kanaga National. Mais le plat de résistance de la rencontre de Soufroulaye, aura surtout été la conférence qui a porté sur le thème : «la migration irrégulière et ses risques : quelles solutions ?». Une conférence animée par Hamidou Ganaba, le chargé à la communication du centre d’information et de gestion des migrations (Cigem). A l’ouverture de la conférence, Amadou Sangha, le maire de la commune rurale de Sio, s’est réjoui du choix porté sur sa commune pour abriter les activités de la campagne. Son discours est assez évocateur de la préoccupation que constitue la migration des jeunes dans cette localité où les populations sont essentiellement occupées par l’agriculture. «Notre commune enregistre de nombreux départs vers d’autres cieux de jeunes dont certains, malheureusement, ne nous reviennent plus jamais. Cette année à Sio, s’il n’y a presque pas eu de récoltes on réclame de très médiocres par endroit. La mise en œuvre des initiatives pilotes d’adaptation au changement climatiques sera une situation salutaire. L’autosuffisance alimentaire étant une base incontournable pour la stabilité de toute la communauté», a déclaré le maire de la commune.
«Le choix de soufroulaye obéit à une directive qui consiste, après les premières campagnes menées au niveau des chefs lieux de région et de cercles, à délocaliser les différentes activités et ceci dans le souci d’être plus proche des populations cibles», a indiqué Mamadou Gaoussou Traoré, le conseiller aux affaires administratives et juridiques du gouverneur de Mopti. Pour le représentant de l’exécutif régional, «l’objectif de cette campagne, la 4è consécutive, est de protéger la jeunesse par la prévention contre les risques liés à la migration irrégulière et aussi de multiplier les actions tendant à améliorer les possibilités d’intégration légales».
Pour assister à la conférence, outre les populations qui sont sorties massivement, les représentants de certains services, Ong et autres structures au niveau régional (Fafpa, Apej, direction régionale de la promotion de la femme,la Drjsac, l’église…) ont fait le déplacement.
Lors de sa présentation, le conférencier, Hamidou Ganaba, s’est s’appesanti sur la particularité de la région de Mopti (avec une population cosmopolite comprenant une multitude de nationalités) et qui constitue à la fois une zone de départ et de transit. Son exposé qui a touché plusieurs pans du phénomène migratoire, a surtout permis de mieux apprendre sur les causes, conséquence, l’environnement du migrant, les facteurs favorisant et surtout ce qu’il faut à présent faire pour prévenir cette migration à risque à laquelle la jeunesse de notre pays est aujourd’hui largement exposée. Hamidou Ganaba n’a pas non plus occulté la responsabilité qui est celle des parents et de l’Etat face à un phénomène qui voit de plus en plus de jeunes prendre le désert et la mer dans le but de fuir la faim, la pauvreté, le chômage voir…le désespoir.
Dernière activité au programme : un match de football qui a opposé l’équipe de Soufroulaye à celle de Sévaré qui l’a remporté avec un score sans appel de 4 buts à zéro.
Oumar Diamoye