« Nous donnons toute la raison au Gouvernement du Mali avec les arguments incontestables et les preuves irréfutables. La présence de ces 49 militaires ivoiriens sur le sol malien est une atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire malien. Il est bien évident de dire qu’ils ne sont pas au compte des Nations Unies, car cela a été prouvé. Quand on vient au nom des Nations Unies, au nom de la Minusma c’est avec des passeports de service, c’est avec un ordre de mission bien établie depuis New York en informant le ministre des Affaires Etrangères. Ceci étant, nous avons constaté qu’il y a eu la dissimilation même autour des identités en ce qui concerne les militaires qui se sont retrouvés au Mali. C’est très dangereux que ça soit une société privée sénégalaise qui utilise des militaires de façon frauduleuse sur le territoire du Mali. Il est bien évident que ces militaires qui sont sur le territoire malien sont sur notre sol en toute violation des règles et même du protocole additionnel de la CEDEAO dans son article 4 alinéa 2 et E. Donc, le Mali est dans ses pleins droits et la définition des mercenaires convient bel et bien.
Ce n’est pas un conflit entre deux pays, c’est seulement la mauvaise intention du Président de la Côte d’Ivoire qui veut jouer contre la population malienne. On ne peut pas transformer cette question en un conflit entre deux peuples. Les militaires ivoiriens sont aussi des militaires maliens. D’ailleurs la plupart de ces militaires sont originaires du Mali. Ce n’est pas l’Assemblée Nationale de la Côte d’Ivoire qui a donné son aval pour que ces militaires soient déployés de façon frauduleuse sur le territoire malien. De ce fait, c’est pour déstabiliser le Mali. Il y a aussi la complicité du porte-parole de la Minusma dans cette affaire avec sa manipulation de langage et ses jeux de mots.
Nous condamnons très fermement le mutisme de la CEDEAO et de l’Union Africaine face à cette situation. Nous regrettons le fait que ceux qui crient partout de façon mensongère sur la présence de Wagner au Mali, soient eux-mêmes utilisateurs des mercenaires au Mali. Nous demandons aux populations malienne et ivoirienne de se donner la main. Que personne n’encourage la déstabilisation d’un pays et de comprendre que cet acte est un acte à bannir. Dans tous les cas, les autorités maliennes ont transmis le dossier à la justice, c’est elle qui doit se prononcer car ce n’est pas une affaire entre deux pays c’est juste une affaire entre un président qui trahit l’honneur et la dignité de son pays ».
Babarou Bocoum : Secrétaire politique du parti SADI
« L’Etat malien devrait comprendre que le voisinage est sacré, quel qu’en soit ce qui a été fait»
« Nous pensons que cette histoire était une affaire d’Etat, qui devrait être réglée au plus haut sommet de l’Etat entre les différents services. Soit le service des renseignements ou les ministères compétents en la matière. Mais hélas, cette histoire est entrée, comme tant d’autres dans une série de théâtralisation et de mises en scène pour essayer de la dramatiser, pendant qu’elle aurait pu être réglée avec fermeté, avec plus de courtoisie. Je pense aujourd’hui, comme nous avons eu à le dire dans le passé, les sorties du ministre de porte-parole du Gouvernement, doivent être sanctionnées par des discours conciliateurs mais fermes. Cela est possible, il y a une autre façon de mener la politique étrangère du Mali, une autre façon de mener la politique intérieure aussi de ce pays, qui puisse permettre au Mali de renouer avec la paix. C’est cela la raison pour laquelle nous nous battons, pour avoir la paix pour le Mali. Mais comment avoir la Paix ?
Lorsque l’exécutif, le pouvoir, ceux qui gouvernent aujourd’hui continuent dans chaque dossier, en chaque circonstance, chaque occasion, de tenir des discours belliqueux, prennent des positions radicales face à des situations sur lesquelles on aurait pu avoir des compromis.
Il ne faudrait pas oublier que le Mali et la Côte d’Ivoire sont des pays voisins, aucun d’entre nous ne peut transporter son pays pour l’amener ailleurs. Donc nous demeurerons voisins. Et ce sont les raisons pour lesquelles pour une vision à long terme, un Etat quand il traite le dossier d’un voisin doit le traiter avec délicatesse, parce qu’il peut y avoir de précédent fâcheux, de dérapage pour solder sur un conflit. Or, nous sommes un pays d’immigration qui a ses enfants chez ses voisins et ailleurs dans le monde. La notion de souveraineté a beaucoup évolué. Ce n’est pas la souveraineté de 1960 qui prévaut aujourd’hui dans le monde. Chaque Etat ou chaque organisation dispose de sa souveraineté, mais une partie de cette souveraineté est dévolue aux autres. C’est ainsi que le monde actuel évolue en cette ère de mondialisation, de globalisation et conformément aux différents traités internationaux. D’ailleurs les accords bilatéraux et multilatéraux ont fait qu’aujourd’hui nos Etats ont des marges de manœuvre un peu réduites dans le cadre de la souveraineté. Il n’existe pas une souveraineté à 100% parce que nous sommes interdépendants, les uns liés aux autres. En toute circonstance, l’Etat malien au vu de nos croyances religieuses, de nos conceptions politiques devrait comprendre que le voisinage est sacré quel qu’en soit ce qui a été fait. Nous leur demandons d’être plus responsables, d’aller vers une retenue de faire en sorte que cette histoire ne puisse pas dégénérer à un affrontement entre les peuples. On ne peut pas passer le temps éternellement dans cette situation, ou les politiques intérieures urgent, ou la situation politique urge, ou il y a la misère, la crise au lieu de s’en occuper, il faut qu’on créée des situations extérieures qui nous empêchent de nous consacrer aux véritables problèmes du Mali ».
Mme Keïta Kadidia Sissoko : membre du Yèrèwolo debout sur les remparts
« J’invite ces deux peuples à faire preuve de responsabilité »
« Je demande à ces deux pays frères de se donner la main, le Mali et la Côte d’Ivoire sont de même famille, même mère et même père. Il faut que les africains comprennent que le président Assimi est venu au pouvoir pour libérer l’Afrique qui souffre de l’esclavage depuis longtemps. Nous invitons les ivoiriens de comprendre cette affaire avant de tenir certains propos. J’invite ces deux peuples à faire preuve de responsabilité et laisser cette affaire entre les responsables des deux Etats pour trouver une solution et que la justice fasse son travail sur le dossier pour faire la part des choses ».
Par Fatoumata Coulibaly