Micro-trottoir : Quelles avancées ?

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Mme Yattara Bintou Touré : (administrateur de la culture)

“Il faut vraiment des choses concrètes, car le 8 mars ne veut dire pas seulement rester à la maison, porter des pagnes et faire la fête. On espère qu’il y aura des choses qui vont promouvoir la femme et son épanouissement”.

Mme Diarra Djeneba Karambé : (assistante comptable)

“Je n’ai pas vu d’avancées depuis que le Mali a commencé à fêter le 8 mars. Il n’y pas eu de développement, ni rien.  On a l’impression que tout se passe dans une seule famille. Or le 8 mars concerne toutes les femmes, en particulier les femmes rurales, mais elles ne fêtent pas. Est-ce que c’est normal ? Ce sont des femmes aussi. Ce qu’on voit généralement, les festivités s’arrêtent dans la capitale, les régions et souvent les cercles.

Il faut que les autorités descendent dans les villages, les amonts pour rejoindre les femmes. Ce sont elles les femmes et non nous qui sommes dans les bureaux. Chez nous, le 8 mars est fait juste pour la fête. Les gens sortent pour aller dans les tribunes et faire la fête, or ce n’est pas son objectif. Il faut des projets de développement pour la gente féminine”.

Mandé Alpha Diarra : (écrivain)

“Il y a une vingtaine d’années, j’ai publié un roman intitulé “la nièce de l’imam” qui posait la problématique de la condition de la femme en Afrique sahélienne avec tous les mouvements sociaux que cela induisait.

De 1980 à aujourd’hui, il y a eu beaucoup de changements. C’est évident.  Donc les femmes maintenant progressent, c’est vrai que tout n’est pas acquis. L’égalité des salaires par exemple, ce n’est pas la même chose. Mais je pense que ce soit en occident ou en Afrique même chez nous ici au Mali, les femmes ont fait beaucoup de progrès. C’est un combat continu pas uniquement pour la femme mais de toutes les classes pauvres, les sociétés mondiales. C’est un combat permanent afin qu’il puisse régner une certaine égalité entre les sexes et les classes sociales”.

Mme Naparé Mayini Diarra : (coordinatrice Fawe Mali)

“Il y a eu beaucoup de progrès car les femmes prennent de plus en plus conscience qu’elles se sont battues pour avoir une liberté quelque part. Donc ça amène aussi un éveil de conscience chez les femmes à travers les séminaires, les débats qu’on organise. Les informations qu’on véhicule au cours de ces rencontres permettent aux femmes de prendre une certaine conscience par rapport à leur situation et de s’engager dans la vie pour pouvoir faire des activités qui peuvent leur permettre de subvenir à leurs besoins.

Il y a le côté festivité mais il y a aussi des informations qu’on donne et qui orientent ces femmes sur le sens même de la journée.

Donc il faut comprendre que l’on ne doit pas placer le 8 mars dans le cadre des festivités seulement. C’est une journée qui est dédiée à la femme parce que les femmes ont eu des autorisations de liberté et des faveurs qui ont été obtenues grâce à cette journée. C’est aussi une journée durant laquelle les femmes doivent s’informer, échanger entre elles, se donner des idées”.

 

Amidou Keita (entrepreneur)

“Aujourd’hui il y’a eu beaucoup d’avancées. Le 8 mars est une avancée énorme. Elle est plus qu’une avancée, c’est une révolution. Aujourd’hui nous avons compris que la femme africaine en général n’utilise pas son potentiel à 50 %. Et le 8 mars est une occasion pour nous, de montrer aux femmes qu’elles sont encore plus nombreuses que nous et que la base de développement c’est elles”

 

Oumar Togola : (professeur d’anglais)

“Le 8 mars a marqué aujourd’hui une avancée fulgurante, mais la journée n’est même pas comprise par une grande majorité des femmes. Sinon c’est un jour de renforcement de capacité des femmes, c’est-à-dire un jour de mise en valeur de la femme, mais aussi ça permet à la femme de voir ses forces comme à travers l’activité que Yes In Mali organise chaque année au nom du 8 mars, le mars entrepreneurial march” pour mettre les femmes en valeur, pour montrer aux femmes leur vraie force.

Si c’est bien compris, le 8 mars peut révolutionner l’émancipation de la femme. L’émancipation de la femme en ce sens que ça peut révolutionner l’autonomisation de la femme et si la femme devient carrément autonome, le monde s’en tirera à bon compte”.

 

Sidi Sidibé (cultivateur)

“Depuis que les femmes ont eu leur émancipation, le progrès que j’ai constaté c’est que beaucoup de femmes ont eu leur autonomisation. Je pense que beaucoup d’hommes n’ont pas compris le sens du 8 mars car si les femmes demandent aux hommes de cuisiner ce jour-ci, ils pensent que c’est une faiblesse alors que c’est juste pour montrer à son épouse qu’elle est aussi importante comme toi dans votre foyer ainsi que dans la société”.

 

Tenin Dembélé : (commerçante)

“Le 8 mars c’est pour nous les femmes, ça nous a permis de voir claire et nous rendre utile au sein de notre société. Donc pour moi, le mars a eu une grande avancée”.

Propos recueillis par

Djénébou Kané

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