La Cour d’Appel de Bamako s’est encore illustrée par une autre incongruité. Dans l’affaire opposant Salif Keïta au président du LCBA, les référés de cette juridiction supérieure viennent de rejeter une requête à la rétraction d’une récente décision ordonnant l’expulsion de Sékouba Keïta d’un terrain communal devenu litigieux, à force de verdicts taillés sur mesure.
L’Arrêt N°241, rendu public vendredi dernier, ne constitue pas une issue définitive de la saga judiciaire entre le Centre Salif Keïta et son deuxième actionnaire, le président du LCBA, Sékou Diogo Keïta. La décision révèle néanmoins les effroyables incohérences des référés de la Cour d’Appel qui, après s’être illustrés par une décision antérieure tout aussi inqualifiable (l’expulsion injustifiable du LCBA au profit du CSK), ontraté l’occasion de racheter pour avoir persisté dans l’erreur suivante : prendre pour expulsion ce qui n’est en réalité qu’une extorsion de biens.
Le différend, faut-il le rappeler, concerne le terrain de football connu sous l’appellation de ‘’Soleil Terrain’’ par une certaine génération à Lafiabougou. Sur la base d’un protocole d’entente entre la Mairie de la C.IV et Sékouba Keïta, jadis représentant du CSK, l’espace avait été attribué pour exploitation sportive sur une durée de cinq (5) années au cours desquelles d’importants investissements y ont été consentis par le deuxième responsable du CSK. Feignant ignorer les investissements de son principal associé, le président Salif Keïta a tenté de les verser dans le patrimoine du club, sans aucune condition.
Ce faisant, il déclencha par la même occasion un bras-de-fer judiciaire avec des développements divers, depuis que le refus de Sékouba Keïta d’accepter les procédés dolosifs de son partenaire lui a couté une action pénale au Tribunal de la Commune IV. De nombreuses tentatives en référé ont ainsi échoué avant que Salif Keïta n’obtienne gain de cause en instance supérieure avec notamment l’arrêt d’expulsion ordonné par le juge d’Appel Moussa Sara Diallo. Son délibéré ne résistant pas à l’analyse, les avocats du président du LCBA l’ont d’abord frappée de recours, avant de requérir sa rétraction pure et simple. Et pour cause : le bénéficiaire, Salif Keïta, n’a pas qualité pour ses prétentions car le protocole d’accord passé avec le CSK (il est présenté comme un bail pour les besoins de la cause) a déjà expiré depuis 2013 sans avoir fait l’objet d’une reconduction. Toutes choses que la Mairie de la Commune IV s’est évertué à prouver à la Cour d’Appel restée cependant indifférente aux correspondances émise dans ce sens.
Il en découle une volonté manifeste d’expropriation de la Mairie au profit du président du CSK, qui avait déjà obtenu, en instance inférieure, une spectaculaire mainlevée sur des fonds litigieux mis sous-scellés dans la même affaire.
L’expulsion de Sékouba Keïta ne s’apparente pas moins à une extorsion des biens de l’intéressé au profit de son adversaire. En clair, ordonner de le mettre hors du terrain d’entrainement du LCBA, son club, c’est autoriser du même coup que les importants biens immobiliers de l’intéressé, des dizaines de millions de nos francs, reviennent injustement à Salif Keïta. Quel Justice ! Cette l’exclamation est celle qui se trouve sur tous les lèvres des parents du millier environ d’élèves en formation au LCBA, lesquels ont juré de mouiller le maillot pour empêcher que l’injustice prospère au grand dam de l’avenir sportif de leurs enfants. C’était à la faveur de assemblée générale d’information sur la situation, qui a regroupé monde autour de Sékouba Keïta, avant-hier samedi.
A. KEITA