Le chef de village de Dalakana, à l’instigation de sa population, a signé ce samedi un protocole d’abandon de la pratique de l’excision avec le Collectif des femmes pour l’éducation, la santé familiale et l’assainissement (Cofesfa/Yiriwa ton). Tout le village est sorti pour saluer et soutenir l’initiative.
Dalakana, un village de près de 3000 habitants dans la Commune rurale de Mandé (cercle de Kati), s’est engagé à abandonner la pratique de l’excision ce 26 novembre 2016. Il a fallu six longues années de sensibilisation, d’information et d’éducation de l’ONG Cofesfa/Yiriwa ton à travers son Projet de sensibilisation et d’information sur les conséquences de la mutilation génitale féminine pour que la population de ce village comprend les conséquences néfastes de l’excision et accepte de signer une convention d’abandon dans tout le village.
Placée sous la présidence de Mme le sous-préfet de Kalabancoro, la signature de protocole d’accord d’abandon de la pratique de l’excision à Dalakana est la suite logique de l’engagement tenu par le chef de village, N’Djan Diakité et sa population lors de la commémoration de la Journée mondiale de lutte contre l’excision le 6 février 2016.
“Nous avons été formés, informés, sensibilisés sur les problématiques de la pratique des mutilations génitales féminines (MGF), aux conséquences fâcheuses, souvent meurtrières : rétention d’urine, hémorragie, difficultés d’accouchement, stérilité, etc.”, a souligné Pathé Kanté, porte-parole du chef de village de Dalakana qui, malgré son âge très avancé, a effectué le déplacement sur les lieux de la signature.
“La femme, pilier de la famille et de la communauté, source de productivité du potentiel humain, mérite tout le respect. Pourquoi bafouer sa personnalité, sa dignité, sa féminité par l’excision ?”, s’est interrogé M. Kanté.
Un abandon contraignant
Avant de poser sa signature sur le document, le chef de village a expliqué à sa population, en langue bambara (langue locale) et en français, le contenu du protocole d’abandon. Il s’agit de l’interdiction absolue de confection, de fabrication et vente de couteaux d’excision à Dalakana, le payement d’une amande de 25 000 F CFA infligée à tout parent, toute personne qui pratiquerait les mutilations génitale sur sa fille ou fillette, la prise en charge obligatoire des frais médicaux de la fille excisée, en plus du suivi de son état de santé.
“Tout contrevenant à ce protocole d’abandon de la pratique de l’excision à Dalakana, s’exposera aux sanctions des autorités compétentes”, a prévenu le porte-parole du chef de village.
Pour la présidente de la Cofesfa, Mme Diarra Aminata Konaté, l’objectif du projet, soutenu par la Fondation luxembourgeoise Raoul Follereau, n’est point de combattre les coutumes et les traditions de notre société, mais de donner des informations scientifiques, religieuses fiables dans une démarche pédagogique dans le domaine de la santé en général et en particulier dans celui qui concerne les pratiques qui peuvent entraver la santé reproductive de la femme et de la petite fille que sont les MGF. Pour elle, les MGF restent les plus répandues parmi toutes les pratiques traditionnelles néfastes qui touchent les femmes et les petites filles.
Mme Diarra a salué les actes posés par le gouvernement malien dans le sens de l’abandon de la pratique de l’excision à travers notamment la signature des conventions d’abandon, la création d’une structure dédiée à la lutte contre l’excision, l’institutionnalisation de la Journée du 6 février, l’organisation des voyages d’études pour les leaders religieux, la prise en charge des cas de complications liés à la pratique de l’excision, etc.
“Bien qu’il y ait encore du chemin pour éradiquer totalement l’excision au Mali, nous constatons déjà des améliorations grâce à l’approche communautaire, qui repose sur la promotion des droits des enfants, l’information sur les conséquences néfastes de l’excision et l’implication des acteurs locaux”, s’est félicitée la présidente de la Cofesfa. Et d’ajouter que le taux de femmes excisées est passé de 97 % en 2000 à 85 % en 2015.
Mme Diarra a noté qu’à la date du 6 février 2015, 1088 villages avaient signé des conventions locales d’abandon de la pratique de l’excision au Mali. En attendant les données de 2016, il est à signaler que plusieurs autres villages comme Dalakana aujourd’hui ont également signé une convention d’abandon.
Consciente des défis encore grands de taille, Mme Diarra Aminata Konaté s’est dit convaincue qu’avec les personnes de bonne volonté et engagées l’objectif “Tolérance zéro” de la pratique de l’excision sera atteint.
Mme le sous-préfet de Kalabancoro, le secrétaire général de la mairie de la Commune du Mandé, qui ont également apposé leur signature sur le protocole d’accord, ont remercié le chef de village de Dalakana pour son exemplarité. Ils ont invité les chefs de villages environnants, qui ont participé à la cérémonie, à suivre son exemple.
Maliki Diallo
Comme si on avait besoin de l’avis de l’ONG Cofesfa/Yiriwa pour abandonner la circoncision des filles!Nous sommes assez grands pour connaitre le mal du bien pour notre propre santé!Si vous continuez à ce rythme, ils viendront un jour vous demander de changer vos noms de famille aussi, puis votre manière de manger avec les doigts….nous ne sommes pas des enfants à ce que je sache!
yolki palki ! notre pays à la merci des injonctions culturelles.
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