Message : Oiseaux granivores : Le cas du mange-mil

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Le mange-mil ou Quelea quelea et le moineau doré ou Passer luteus sont les principaux oiseaux granivores que l’on retrouve dans les zones de production de l’Office du Niger. Leur déferlement sur une parcelle de riz peut engendrer, en quelques heures, une perte de production de 100%.

La période hivernale est un moment propice aux actions dévastatrices de certains granivores comme le mange-mil. Ce mange-mil ou le travailleur à bec rouge ou Quelea quelea est un oiseau granivore qui s’attaque aux cultures céréalières (mil, riz, sorgho, etc.). Il commet des dégâts sur les cultures sur pied au stade de la maturité mais peut aussi prélever les graines enterrées, obligeant ainsi le paysan aux resemis. En période de reproduction, le mâle se caractérise par un masque noir et son bec rougit. Ces granivores guidés par leur instinct grégaire, se réunissent, pendant la nidification le plus souvent, en colonies très vastes et denses sur les épineux ou sur des roseaux (typha) et autres espèces ligneuses aquatiques. Ils nichent en fin de saison des pluies d’août à octobre et pondent 2 à 4 œufs.

Le mange-mil ou Quelea quelea et le moineau doré ou Passer luteus sont les principaux oiseaux granivores que l’on retrouve dans les zones de production de l’Office du Niger, au Mali. Ils sont aussi présents dans les régions de Kayes, Koulikoro, Mopti, Tombouctou et Gao. Ces granivores constituent des colonies de plusieurs dizaines de milliers, voire plusieurs dizaines de millions d’oiseaux. Leur déferlement sur une parcelle de riz peut engendrer, en quelques heures, une perte de production de 100%. Pour se nourrir en saison humide, le Quelea quelea se perche sur la tige ou au sommet des herbes et collecte les grains en maturation. Pendant une bonne partie de la saison sèche, l’oiseau picore au sol des grains tombés en abondance à la maturation. Il gratte la surface du sol avec ses pattes fait sortir les grains enfouis dans la poussière. Le Quelea grégaire se nourrit en groupes de quelques centaines à des milliers d’oiseaux. Les groupes de vol fusionnent, le Quelea se concentre dans les plaines fertiles, au bord des marais et les champs irrigués ou récoltés où les quantités de grains demeurent élevées.

Les dortoirs et les nidifications de Quelea sont des congrégations de plusieurs milliers à plusieurs millions d’oiseaux granivores convergeant au crépuscule vers les dortoirs, en provenance d’une large aire géographique. Les dortoirs peuvent se trouver parfois à 50 km des aires de gagnage. De grandes quantités d’insectes et de grains en maturation sont nécessaires pour satisfaire les besoins des adultes et de leurs progénitures. La concordance adéquate entre l’entrée en nidification et la disponibilité de nourriture dans les aires de gagnage est capitale pour assurer le cycle complet de la reproduction. Les graminées sauvages constituent une part très importante de leur nourriture. Malgré leur abondance dans les prairies africaines, seulement douze variétés sont régulièrement consommées. Il s’agit de graminées sauvages comme le genre Digitaria, Sorghum, Oryza, Echinochloa, Urochloa, Setaria, Panicum, Ttetrapogon, Eriochloa, Pennisetum, Dactyloctenium, Eragrostis, Schoenefeldia, Hyparrhenia, Lintonia, Cenchrus et Diplachne, etc. Les céréales cultivées dévastées par ces Quelea quelea sont les grains de sorgho, blé et de riz. Les aliments d’origine animale, les insectes, sont d’une importance capitale au moment où le Quelea entre en nidification et requiert un apport additionnel en protéines pour ses besoins de reproduction. Des débris de coquillage et autres fragments minéraux calcaires observés dans les fèces de Quelea en période de ponte, seraient la preuve d’un apport de calcaire et de calcium pour la constitution de la coquille de l’œuf. La surveillance des oiseaux granivores consiste, selon les spécialistes de la Direction générale de l’Office de la Protection des Végétaux, à repérer les dortoirs, reposoirs et les zones de nidification des oiseaux en vue de mener des actions de lutte pour réduire leur nombre chaque fois que les cultures sont sujettes à des menaces importantes dues à leurs attaques.

Les prospections aviaires peuvent se faire en avril-mai et cela dans le but de réduire la population parentale ou en septembre, octobre et novembre, pour la protection effective des cultures comme le riz irrigué contre les grands nuages d’oiseaux granivores. La lutte contre ces oiseaux est parfois contraignante puisqu’aucune action efficace de lutte ne peut être menée dans le champ car le Quelea quelea change constamment de site. A l’échelle individuelle, le producteur peut seulement mettre en place un système de prévention directe des dégâts, mais ne peut organiser aucune opération de lutte efficace. Cette lutte doit être prise en charge par l’Etat, car elle nécessite l’intervention d’équipes de traitement spécialisées avec des grands moyens (avions, hélicoptères). Par contre, dans la prévention directe les champs sont protégés contre les attaques des oiseaux. En général, les paysans assument cette tâche eux-mêmes par le gardiennage des champs aux moyens, de tambour, fusil, effarouchement et épouvantail.

D’autres mesures consistent au dénichage, installations acoustiques, tirs automatiques, sirènes, hauts parleurs, utilisation de cendres, de lampe-tempête, etc. La prévention indirecte implique la destruction des oiseaux. Elle passe par un programme de traitement adapté. Le succès des actions de lutte contre ces ravageurs dépend dans une large mesure de l’efficacité du produit de traitement (avicide), la dose, la technique et la période d’application. Les conséquences induites des attaques de ces oiseaux perturbent la vie socio économique du monde rural. Les enfants au lieu d’aller à l’école sont retenus comme gardiens des champs. En termes de chiffres, les attaques des oiseaux granivores ont occasionné durant la campagne agricole 2001/2002, des pertes d’environ 95.041 tonnes de paddy, soit 22,19% de la production de l’Office du Niger. Dans le cadre des précautions à prendre, la Direction générale de l’Office de la Protection des Végétaux (OPV) procède à la diffusion de messages d’information et de sensibilisation des populations des zones concernées par les traitements chimiques aériens pour les précautions à prendre et la conduite à tenir, avant, pendant et après les pulvérisations d’avicides. Les oiseaux morts ne doivent pas être consommés par l’homme ou les animaux. Ils doivent être ramassés et brûlés pour éviter toute contamination. Le Mali fait partie des 34 pays africains régulièrement frappés par le fléau Quelea. A cet effet dans ses perspectives la Direction générale l’OPV, dirigée par le colonel Bakaye Thiéro, préconise une meilleure connaissance du phénomène pour déterminer une stratégie appropriée de lutte afin d’initier un cadre de coopération sous régionale pour une lutte concertée.

 

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