Mendicité : une pratique illégale et dangereuse

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La mendicité est le fait de quémander, c’est-à-dire de demander l’aumône, don charitable fait à un pauvre. Autrefois, la mendicité était réservée aux enfants talibés et aux personnes qui ont des incapacités physiques qui les empêchent de travailler pour subvenir à leurs besoins. La religion musulmane enseigne que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit. C’est ce qui devrait encourager les enfants talibés à travailler et à ne pas trop quémander. De nos jours, ce phénomène est devenu un fonds de commerce pour des hommes et surtout des femmes visiblement bien portants, et pour certains maîtres coraniques qui exploitent des mineurs à travers cette activité dégradante.

Selon Amadou Kaloga , enseignant à la retraite, le Code pénal interdit la mendicité des personnes en bonne santé et demeure religieusement autorisée, mais avec beaucoup de réserves. «Pourquoi l’Etat n’applique pas cette règle, une bonne fois pour toutes ?» s’interroge-t-il. Avant de s’insurger : «Imagine-toi que des femmes bien portantes accompagnent des enfants jumeaux ou parfois de faux jumeaux pour mendier dans les rues à longueur de journée. Elles utilisent des enfants innocents pour s’enrichir. C’est un vrai défi pour un pays comme le Mali».

Oustase Mohamed Touré, ancien élève d’école coranique, affirme qu’à leur époque, après les cours, ils sortaient souvent pour travailler dans les champs ou ailleurs, dans le but d’avoir quelque chose pour se nourrir. «Mais aujourd’hui, je suis étonné de voir des maîtres coraniques qui envoient des enfants dans la rue pour se nourrir et même pour leur apporter de l’argent en mendiant. Pendant que ces enfants se promènent sous le soleil, voire sous la pluie, faisant du porte-à-porte ou se postant devant les bars et restaurants, certains de ces maîtres se reposent tranquillement à la maison, à l’abri de tout danger», nous révèle M. Touré.

«Mes parents sont au Burkina ; ils m’ont envoyé pour apprendre les préceptes de l’Islam. J’ai faim, je n’ai rien mangé depuis ce matin et je n’ai pas trouvé l’argent de mon maître. Donc, j’ai peur de rentrer sans son argent au complet. Sinon…», témoigne un enfant talibé sous couvert d’anonymat.

Pour Mory Nouhoum Samaké, enseignant à l’IUG de Bamako, ces maîtres coraniques ne sont pas les seuls responsables ; les parents sont aussi coupables. «Ils se déchargent de leurs responsabilités parentales en envoyant leurs enfants chez les maîtres coraniques, sachant bien leurs mauvaises conditions de vie. Je pense que l’Etat doit prendre des mesures appropriées à l’endroit des parents pour leur montrer les conséquences liées à la mendicité des enfants. Car, certains enfants deviennent, par le fait de la mendicité, des voleurs, des délinquants et sont souvent victimes d’accidents sur les voies publiques», déplore-t-il.

En somme, il est grand temps que les autorités compétentes appliquent rigoureusement la loi qui interdit la mendicité, comme le fait actuellement l’Etat sénégalais, tout en luttant efficacement contre la pauvreté.

Assétou Y. SAMAKE /Stagiaire

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