Mendicité gémellaire à Bamako : Un terrible fléau

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Le problème de la mendicité juvénile résulte d’une mauvaise intégration des couches démunies dans le lainage social de notre pays. La situation économique est toujours mise en avant pour justifier la vilaine pratique. Mieux, des prétextes religieux et culturelles y sont associés afin de donner un soubassement logique au phénomène de «jumeaux». Cette forme de la mendicité juvénile nuit aux enfants se trouvant dans de réelles et graves situations de précarité.

 

 

mendiantSur les boulevards, les devantures des lieux de culte et les rues de Bamako, le pathétique spectacle des tout-petits qui mendient est d’une préoccupation alarmante. Ces bambins qui ont en général entre 2 mois  et 6 ans sont plus souvent menés par des femmes adultes ou des fillettes pour demander l’aumône. Au Mali, donner l’aumône aux jumeaux, selon la légende populaire, attirerait sur soi des grâces. Cette croyance populaire est devenue une opportunité pour un réseau de loueuses des jumeaux. En effet, les enfants au bout des bras de leurs porteuses qui viennent s’agglutiner autour des véhicules lorsque le feu passe au rouge ou vous poursuivent à la sortie des mosquées et des hôpitaux ne sont pas tous des jumeaux. Cela peut paraitre inimaginable et pourtant c’est une triste réalité.

 

 

Si religieusement ou traditionnellement on mendie par nécessité, de nos jours certaines femmes, qui font de la pauvreté une fatalité et de la facilité une option, en font un métier, voire un business pour s’enrichir. Elles vont jusqu’à louer  leurs progéniture en les faisant passer pour des jumeaux. Ainsi, il n’est pas rare d’apercevoir des enfants  d’âge différents revêtus d’une tenue identique et présentés comme jumeaux. Ces mères extraordinaires avouent, cependant sans gène que cette  activité est génératrice de revenu. Awa K en est une. Handicapée physique, elle circule en fauteuil  roulant entre la voie qui passe par l’hôpital Gabriel Touré menant au rond point du Grand hôtel pour mendier. «J’ai deux jolies petites filles de 3 et d’1 ans et demi que je loue quotidiennement  à une amie, pour la somme de 2000 francs CFA par jour. Et les vendredis, comme elle les amène jusque devant la Grande mosquée, elle me reverse 2500 francs.       Lorsqu’elles obtiennent autre chose que l’argent, on se la partage», a-t-elle confié entre un rire cynique et  des jeux de mains qui traduisent l’authenticité de ses propos. A la question de savoir si elle compte laisser ses fillettes grandir dans cette pratique, Awa K répliquera, timidement, que c’est Allah qui décide l’avenir.

 

 

Bamako regorge des centaines de Awa K. voici là  une autre facette honteuse de la société contemporaine malienne.  Avec ces «faux» jumeaux, elles arrivent à assurer la pitance quotidienne de leur famille.

 

 

Sous le couvert de l’anonymat, un guide religieux de la place nous explique que la mendicité reste et demeure religieusement prescrite mais avec beaucoup de réserve. Selon lui, dans de nombreux hadiths, il est rapporté que le Prophète Mohamed (Psl) a conseillé à tout homme  «d’aller chercher du bois mort à vendre pour subvenir à ses besoins plutôt que de s’adonner à la mendicité». Un autre de ses hadiths enseigne que «la main qui donne est toujours meilleure à celle qui reçoit». Un troisième hadith d’indiquer que «dans l’au-delà, les mendiants de ce bas monde, qui ne répondraient pas aux critères prescrits par la religion, se présenteront avec un visage purement décharné». Toujours sous le couvert de l’anonymat, cet autre homme d’église dira que le Christ a toujours prêché que  «l’homme doit vivre du fruit de sa labeur » et « rejettera le gain facile».

 

 

Sur le plan juridique, la mendicité sur la voie publique est interdite au Mali. L’incitation d’un mineur à la mendicité est répréhensible d’une peine allant de trois mois à un an de prison (article 183 du Code pénal).

 

 

Le pire c’est que les personnes qui pratiquent la mendicité n’ont que faire des principes religieux. C’est devenu pour eux un moyen de vivre comme un autre. Certains font même fortune dans le secteur et se retrouvent à la tête de biens immobiliers, de sotrama, avec sous leurs ordres un réseau de jeunes mendiants professionnels. Alors que les autorités et les organisations de la société civile s’investissent dans la lutte contre l’exploitation des enfants, ce phénomène mérite qu’on y accorde la plus grande attention. En tout cas ces bouts de chou méritent un peu plus l’attention de tous pour qu’ils aient l’espoir d’un avenir meilleur

Rokia DIABATE

 

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1 commentaire

  1. EN TANT D’ELECTION ILS SONT IMPORTANTS POUR LES CANDIDATS! LES CHERCHEURS DE PLACES EN SAVENT AUSSI POUR LES SARACKA !

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