La mendicité se fait de plus en plus présente, de plus en plus pressante. Est-ce un acte désespéré, une manière de vivre, de se faire du blé, une ultime tentative de préexistence sociale, un pis-aller pour compenser les faiblesses d”un système impuissant à réguler les inégalités sociales ? Voilà des questions qu’on ne peut s’empêcher de se poser face à l’ampleur que prend ce fléau. Ce qui est sûr, c’est que cette quête de la générosité et de la solidarité des autres est de plus en en plus violée par des individus sains qui en profitent pour vivre aux dépens des autres.
rnJadis, on était mendiant par nécessité absolue. Et les mendiants ne couraient pas les rues comme de nos jours. La mendicité était surtout pratiquée par les handicapés et surtout les talibés. Elle était une partie essentielle de leur éducation. Notamment du temps de la dîna d’Hamdallahi.
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Cette pratique aurait été expérimentée en premier lieu par Cheick Amadou dit « Macina Sékou », un érudit qui a quitté le Macina pour s”installer à Mopti avec ses talibés. Pour lui, c”était une manière de rendre accessible l”éducation coranique à tous les enfants sans distinction sociale. Il avait, en effet, constaté que seuls ceux qui pouvaient supporter les charges de nourriture… envoyaient leurs enfants dans les écoles coraniques. Les autres enfants en étaient privés parce que leurs parents n”avaient pas les moyens. « Macina Sékou » a ainsi institué cette règle, basée sur les valeurs sociales et religieuses comme la solidarité et la générosité, pour permettre à tous les enfants de pouvoir bénéficier de son éducation coranique.
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Dans de nombreuses localités, la mendicité est considérée comme une manière d”éduquer, d”apprendre à l”enfant qu”il n”est rien sans ses semblables et surtout lui apprendre l”importance de la solidarité dans une société. Mais, aujourd’hui, elle est devenue une manifestation vicieuse de la pauvreté et la conséquence d’un certain matérialisme chez les gens.
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Le système éducatif a été détourné et, souvent, les élèves passent la grande partie de la journée à mendier pour leur maître au lieu d’étudier. Les enfants passent plus de temps dans la rue qu”à étudier. Et ce sont les marabouts qui tirent les ficelles d’une vraie exploitation des enfants déguisée en mendicité.
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Et comme nous le confirme un prêcheur, « la mendicité n”est pas condamnée par l”islam. Mais, il est condamnable d’en faire une exploitation économique en laissant des enfants courir entre les voitures à longueur de journée. Comme le craint notre maître coranique. Ces enfants ne peuvent pas être bien éduqués comme les autres et comme l”exigent l”islam ».
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Aujourd’hui, la mendicité est devenue une activité florissante dont vivent des familles qui louent leurs enfants. La mendicité déguisée se manifeste dans tous les bureaux. Faites un tour dans certains services. Les responsables sont assaillis à longueur de journée par des fainéants ou des prostituées qui vivent de cette façon de soutirer de l’argent aux gens.
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Une solution de facilité qui charme plus de jeunes filles, voire de femmes mariées, un diplômé sans emploi… qui ne font généralement rien pour vivre à la sueur de leur front. Ce qui fait qu’en réalité, il y a plus de faux mendiants que de vrais. On comprend alors aisément que le fléau ne cesse de prendre de l’ampleur !
rnMoussa Bolly“