Après le 3 mars où il a déclaré son soutien au groupe d’autodéfense Danna Amassagou, le Mouvement Baguiné SÔ était face à la presse hier, jeudi 21 mars 2019, à la maison de la presse. Avec comme thème : « la situation sécuritaire au pays dogon », ledit point de presse avait pour objectif d’alerter la communauté nationale et internationale sur la menace sur l’hivernage à venir dans cette partie du Mali. C’était sous l’égide de Hamidou Djimdé, président dudit mouvement.
Des dizaines de villages sont victimes de la famine au pays dogon parce qu’ils n’ont pas pu cultiver l’année dernière à cause de cette insécurité grandissante. Cette année, la même menace existe. Ils craignent d’être tués par les forces du mal en cultivant leur champ. C’est pourquoi le Mouvement Baguiné SÔ alerte les autorités afin que des dispositions soient prises.
Comme il l’a fait lors de son premier point de presse, le président du Mouvement Baguiné SÔ, Hamidou Djimdé a fustigé la campagne d’intoxication contre le mouvement Danna Amassagou. Sans tabou, il affirme que ce groupe de chasseurs n’a jamais attaqué, elle ne fait qu’assurer la sécurité des personnes et leurs biens en absence de l’État. « En clair, nous avons été accusés à tort par certaines personnes qui ont des agendas cachés derrière cette situation », dénonce-t-il avant de préciser : « Par contre, nous sommes les victimes de la situation ».
Danna Amassagou est resté sur place depuis la signature du cessez-le-feu unilatéral le 27 septembre 2018
Pour Hamidou Djimdé, depuis la signature unilatérale d’un accord entre Danna Amassagou et les autorités, ces hommes sont restés sur place et ne sont rendus coupables d’aucune action contraire. Ce qui d’ailleurs a coûté beaucoup à la communauté dogon selon lui. « Le vide laissé par leur geste d’apaisement donne lieu aujourd’hui à un phénomène de type nouveau : le vol organisé de nos bétails, le vol des engins à deux roues, l’incendie volontaire de nos villages, des assassinats ciblés sur nos personnalités, des menaces de tous genres… », a-t-il laissé entendre. Ce n’est pas tout, cette situation a contraint certains à quitter leur localité, comme c’est le cas des 202 familles installées à Tinkélé dans la commune de Ouéléssebougou. « J’invite la presse à s’y rendre pour constater de visu sur la souffrance et le traumatisme de ces personnes … », a-t-il sollicité.
Menace sur l’hivernage à venir
Le Mouvement Baguiné SÔ a déploré le fait que beaucoup de villages n’aient pas pu cultiver au pays dogon l’année dernière à cause de l’insécurité. Cette année, la même chose risque de se répéter si des dispositions ne sont pas prises. « La crainte de nos populations, c’est légitime et vitale de ne plus pouvoir aller au champ et d’y cultiver alors que l’hivernage arrive à grands pas », dit-il avant d’ajouter : « Nul n’ignore aujourd’hui qu’il est comme interdit seul de s’aventurer dans les brousses sans se faire descendre par des tireurs embusqués. Cette année donc, l’hivernage est compromis ». Aussi, alerte Hamidou Djimdé que la famine menace les paysans dont les récoltes ont été incendiées à la fin de l’hivernage passé.
Le Mouvement Baguiné SÔ dénonce les actions que mène la « milice » dirigée par « Sékou Bolly »
Hamidou Djimdé dénonce avec la dernière rigueur les « actions » de la milice dirigée par « Sékou Bolly » au moment où Danna Amassagou s’engage pour le DDR. À en croire le Mouvement Baguiné SÔ, cette milice tente même d’installer ses bases dans plusieurs zones et mène des « actions disproportionnées » dans plusieurs zones du pays dogon.
Les recommandations de Baguiné SÔ
Le mouvement dirigé par l’animateur Djimdé ne s’est pas limité à alerter les autorités sur les menaces sur l’hivernage, il a recommandé plusieurs solutions. À l’État, il recommande entre autres : de jouer son rôle régalien de protection des personnes et de leurs biens ; désarmer systématiquement tous les détenteurs illégaux d’armes de guerre ; prendre des dispositions idoines pour que les paysans puissent cultiver ; et d’éviter l’amalgame en traitant toutes les victimes de la crise au même pied d’égalité. À la Minusma et à la communauté internationale, le Mouvement de Hamidou Djimdé demande d’écouter toutes les parties avant de tirer des conclusions lorsqu’il s’agit de rédiger des rapports sur la situation dans le centre. « Cela permettra d’éviter les erreurs commisses ailleurs. Car la victime n’est pas forcément celui qui surmédiatise ses malheurs. Une pratique d’ailleurs contraire à notre culture et notre éducation », a conclu le président de Baguiné SÔ .
Boureima Guindo