Vendredi dernier (5 novembre), des milliers de personnes ont participé à la Place de l’Indépendance de Bamako à un meeting de protestation après la diffusion la semaine dernière d’une vidéo contenant des «propos et actes blasphématoires» contre le coran et l’islam. Une manifestation initiée par le Haut conseil islamique du Mali (HCI/Mali).
«L’islam et ses valeurs ont été bafouées. Cela est inadmissible. C’est inacceptable et impardonnable. Il faut que l’auteur des propos blasphématoires soit arrêté pour répondre de ses actes», a condamné Ali Guindo, un imam de Bamako. «Il est vrai que l’islam est une religion qui prône la tolérance. Mais, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur de tels actes qui visent seulement à dresser les Maliens les uns contre les autres. Nous sommes pour le dialogue interreligieux, mais que chacun respecte la religion de l’autre», a-t-il ajouté.
«Nous sommes sortis pour dire que nous vivons pour adorer Dieu à travers notre Prophète Muhammad (PSL). La liberté d’expression et la laïcité ne doivent pas être des prétextes pour profaner notre religion pour laquelle nous sommes prêts à tout», a indiqué sur les réseaux sociaux Djo Dama, un célèbre artiste/rappeur du groupe «Tata Pound». Dans une déclaration lue lors du meeting, le HCI/Mali a «condamné avec la dernière énergie ces actes et propos blasphématoires blessant dans leur foi des fidèles musulmans à travers le monde et qui constituent une menace pour la paix et la stabilité sociales».
Cette organisation a déclaré avoir apprécié «hautement» la condamnation de ces actes par les autorités maliennes et «la promptitude» avec laquelle les pouvoirs judiciaires ont «engagé des poursuites contre l’auteur et ses complices». Le HCI/Mali a également exhorté «tous les médias» à ne pas être «les vecteurs de transmission de la haine contre l’islam, une religion de paix et de tolérance». Il a aussi appelé la communauté musulmane à «la retenue, au respect de l’autorité religieuse dans la gestion d’une telle situation»
A noter que jeudi dernier, six personnes, dont l’écrivain Doumbi Fakoly Doumbia (qui a pris publiquement position pour défendre l’auteur de la vidéo), ont été incarcérées pour «délit à caractère religieux pouvant causer des troubles à l’ordre public». Ces arrestations sont liées à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo «présentant un homme tenant des propos désobligeants à l’égard de la communauté musulmane et se livrant à des agissements injurieux contre le coran, le prophète Mohamed et l’islam», a expliqué le procureur général de la commune IV du district de Bamako dans un communiqué publié jeudi dernier.
Selon des sources judiciaires, les personnes arrêtées appartiennent au mouvement des «Kamites», considéré comme une secte qui ne reconnaît pas Allah et les prophètes. Mercredi dernier, lors de la session hebdomadaire du conseil des ministres, le président Assimi Goïta a manifesté sa solidarité et celle du gouvernement envers la communauté musulmane et a instruit le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme et celui de la Sécurité et de la Protection civile, de «tout mettre en œuvre pour appréhender l’auteur de ces propos blasphématoires contre l’Islam ainsi que ses complices afin qu’ils répondent de leurs actes».
Le président de la Transition a également appelé la communauté musulmane «au calme et à la retenue». Les propos incriminés ont été massivement condamnés par une grande partie de la classe politique et des organisations de la société civile.
Naby