Pour une démonstration de force, le meeting du Haut conseil islamique (HCI) en était une le samedi 15 janvier 2012 au stade du 26-Mars. La même enceinte qui avait accueilli le 22 août 2009 les musulmans du Mali après le vote de la première mouture, contestée, du Code des personnes et de la famille.
Samedi dernier, il s’agissait, pour le président Dicko, et ses frères d’informer la communauté sur les amendements apportés au Code après son renvoi au parlement pour relecture et les élections générales à venir. Les musulmans avaient fait une mobilisation massive dénotant de toute l’importance qu’ils accordent à l’ordre du jour.
Si les premiers intervenants : la présidente de l’Union des femmes musulmanes du Mali, les représentants de Limama, chefs de quartier de Bamako, régions du Mali, ont pu apprécier à sa juste valeur l’acceptation par les autorités des propositions d’amendements du Haut conseil dans la nouvelle mouture du Code, le président de la jeunesse musulmane, Moussa Boubacar Bah, et le président du HCI, Mahmoud Dicko, ont durci le ton à propos des élections et « des plaies » de la gouvernance au Mali.
Le président du Haut conseil islamique a d’abord fait part de sa préoccupation sur le retard pris par le chef de l’Etat dans la promulgation du nouveau Code voté par l’Assemblée nationale depuis déjà plusieurs semaines. Aussi croit-il savoir qu’ATT est sous l’emprise des organisations féminines, qui protestent contre la nouvelle mouture.
C’est pourquoi, il a averti que « tout le monde sait ce qui a été fait à propos de ce Code. Mais ceux qui s’opposent à la promulgation de la loi doivent revenir à la raison et ne pas déstabiliser le pays. On a confiance au chef de l’Etat qui nous a écoutés en 2009. Il lui reste maintenant à achever l’œuvre pour le bonheur du peuple malien ».
« Ça suffit ! »
Abordant le sujet des élections, le président du HCI a souhaité que le maximum de temps soit accordé aux différents candidats pour qu’ils expliquent leurs programmes à leurs concitoyens. Et une déclaration a été rendue publique dans ce sens. « Nous ne parlons pas seulement que des élections, mais aussi des autres menaces qui planent sur notre pays. Des menaces qui ont pour noms : insécurité, la mauvaise justice, l’école, le manque d’emploi, le népotisme, la gabegie, le clientélisme. Il faut que la situation change ».
Pour le président du HCI, il est temps de dire ça suffit. « On en a assez avec les honneurs. Le Mali n’est plus vendable désormais. Le peuple est débout. Le Mali ne sera pas déstabilisé. L’islamisme n’est pas une menace, c’est la corruption et l’injustice qui sont les véritables menaces au Mali. Nous sommes un pays islamisé et nous sommes fiers de le dire à la face du monde », a-t-il harangué une foule toute ouïe.
Mahmoud Dicko a révélé que le HCI est en négociation avec les frères qui ont pris les armes au nord du pays. « Ils sont nos coreligionnaires », a-t-il précisé.
Avant cette intervention du président du HCI, c’est le président de la jeunesse musulmane du Mali, Moussa Boubacar Bah qui s’était déchainé sur les élections : « Plus question de truquer les élections. Aucun président ne nous sera imposé encore au Mali par l’extérieur. Pas de Zaïre au Mali. Que le temps soit donné à tous les candidats pour qu’ils expliquent ce qu’ils ont pour les musulmans du pays ».
Abdoulaye Diakité
source: ankamali.net