Dans un langage très actuel, le livre de l’Exode (1ère lecture) nous donne des consignes très concrètes : “L’immigré, tu ne l’exploiteras pas, ainsi que la veuve et l’orphelin ; tu ne prendras pas en gage le manteau de ton prochain : il n’a que cela pour se couvrir quand il fait froid.”
C’est ainsi que Dieu attire notre attention sur les personnes fragiles qui dépendent de la bienveillance des autres. Il se désolidarise des agissements coupables en déclarant qu’il répondra au cri des humbles.
En écoutant ce texte biblique, nous pensons tous aux immigrés d’aujourd’hui qui ont fui la guerre. Nous pensons aussi à tous ceux qui sont réduits à l’esclavage et à la misère. Dans certains pays, les gens n’ont qu’un maigre repas par jour. Le livre de l’Exode vient nous rappeler que l’alliance avec Dieu passe par l’amour des frères et spécialement des plus fragiles. Si nous les oublions, notre vie deviendra un contre témoignage. En Dieu, tout homme devient un frère à aimer.
La lettre aux Thessaloniciens (2ème lecture) nous parle d’accueil. L’apôtre Paul congratule les chrétiens de cette ville pour l’accueil qu’ils ont réservé à sa prédication et à sa personne. Ils sont désormais appelés à devenir pour tous ceux qui les entourent des modèles de foi et d’amour. Étant libérés des idoles aliénantes, ils pourront travailler activement à l’avènement du Royaume de Dieu. C’est important pour nous aussi : nous vivons dans une société qui cherche à mettre Dieu en dehors de sa vie. De nombreux chrétiens y sont tournés en dérision. D’autres sont victimes de persécutions : c’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de l’amour qui est en Dieu.
Dans l’Évangile, nous trouvons des Pharisiens qui cherchent à mettre Jésus à l’épreuve. Leur question est vraiment théorique. Ils savent parfaitement qu’aimer Dieu est le commandement suprême ; tous les juifs pieux ont l’habitude de prier chaque jour avec ce passage de l’Écriture : “Écoute, Israël, tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton esprit et de toute ta force” (Dt 6,4). Le piège tendu à Jésus visait son enseignement et ses actes. Ses adversaires le voyaient accomplir chaque jour des œuvres de miséricorde ; il était très proche des blessés de la vie, des malades et des égarés. Il guérissait le jour du Sabbat. On lui reproche d’en faire trop au détriment de la loi de Dieu.
Dans sa réponse, Jésus lui rappelle ce qui est dit dans le livre du Deutéronome : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit (versets 37-38). Il aurait pu s’arrêter là, mais il ajoute quelque chose qui n’avait pas été demandé par le docteur de la loi : “le second commandement lui est semblable… Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Jésus met ces deux commandements ensemble pour nous révéler qu’ils sont inséparables et complémentaires. On ne peut aimer Dieu sans aimer le prochain. Et on ne peut aimer le prochain sans aimer Dieu.
Pour vivre cet Évangile, c’est vers Dieu que nous nous tournons. Ce qu’il nous demande, il l’a vécu jusqu’au bout. Au soir du jeudi saint, il disait : Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.” Il ne s’agit plus d’une simple loi écrite mais d’une personne qui se donne. Le Christ continue à insuffler son Esprit Saint à ses fidèles pour animer leurs pensées, leurs paroles et leurs actes. Il s’identifie à notre prochain et il nous appelle à le reconnaître dans les autres. Ce que nous avons fait au plus petit d’entre les siens, c’est à Lui que nous l’avons fait.
Cet appel à aimer Dieu et le prochain nous rejoint actuellement dans un monde dur et violent. Tous les jours, on nous parle de guerres, de violences et d’exécutions sommaires. Tout cela est absolument intolérable. La première lecture nous parlait de respect de l’immigré. À travers lui, c’est aussi le Christ qui est là. Nous pensons aussi à de nombreux jeunes et même des enfants qui commettent des actes qui empoisonnent la vie des autres. Nous nous sentons bien démunis face à toutes ces situations. C’est auprès du Seigneur que nous apprenons à aimer comme Lui et avec Lui.
Nous faisons monter vers le Seigneur cette prière de Saint François :
“Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Abbé Joachim S. Samaké
Source : Missions