Après plus d’une décennie, la coopérative de consommation de Medina-coura semblait échapper à la vigilance de la population pour laquelle elle était destinée auparavant. La structure composée de sept chambres est implantée à un pas de la Mairie et faisait l’objet d’exploitation et de gestion illégale et scandaleuse. Comment en est-on arrivé à ce stade ?
Le quartier populaire de Medina-coura se dissocie de bon nombre de ses semblables car depuis de longues années elle possède son patrimoine immobilier. Celui-ci au nombre de trois se compose du jardin d’enfant communautaire, du CSCOM (Centre de Santé Communautaire) et bien entendu de la fameuse coopérative de consommation héritage du premier régime politique du pays. Jadis gérée par les habitants, ce commerce de proximité a fini par s’effondrer au fil du temps. Pour parer à cette situation, le Conseil de quartier de Medina-coura a eu l’ingénieuse idée de mettre en place un conseil d’administration provisoire en vue de gérer la structure. Hélas, ce dernier non plus n’a pas pu assurer la relève. Ce fut l’occasion pour certains habitants d’accéder aux clés tombées dans de nombreuses mains. Très rapidement les chambres du bâtiment devinrent l’objet de propriété privée pour tous à l’exception du défunt Maire du quartier Monsieur Souleymane Kanouté. Ce dernier a soigneusement ouvert un compte pour déposer l’argent issu de recettes de la location d’une des chambres dont il avait la responsabilité. C’est le lieu de saluer la mémoire de cet homme intègre qui avait un haut respect pour la chose publique. Peu à peu, les autres pièces du bâtiment se sont métamorphosées en magasins destinés à la vente ou en logement de location au seul bénéfice des détenteurs de clés. Ce fut alors la porte ouverte à un fiasco inimaginable. Chacun a fait main basse de ce bien public l’objet de son bon vouloir sans s’inquiéter ni manifester du remord. Dès lors, la structure devenait méconnaissable d’année en année et se dégradait lamentablement. Face à cette situation trouble, le « collectif des jeunes de Medina-coura » qui existait depuis un moment pour avoir posé des actes concrets dans le quartier a pris l’affaire en main. Sa volonté demeurait de projeter de la lumière sur ce dérapage honteux et de mettre de l’ordre en vue d’une gestion saine, transparente de ce patrimoine du quartier.
Pour se faire, les membres du collectif ne sont pas passés par mille chemins. Ils ont attiré l’attention des membres du Conseil de quartier pour dénoncer cette pratique qui perdure au point de devenir une tradition établie. De fil en aiguille les détenteurs des clés furent sommés de quitter les lieux dans un bref délai. Cette première tentative d’expulsion à travers les récupérations des clés fut vouée à l’échec compte tenu de la résistance des détenteurs de clés. Grâce l’intervention sage et la patience des membres du Conseil de quartier le clash fut évité de justesse. L’ultimatum fut fixé à la date du 30 avril 2016 où tous les occupants ont enfin remis les clés conformément aux exigences des membres du Conseil de quartier.
Aujourd’hui plus que jamais la coopérative est revenue au quartier après plus de dix ans d’égarement. Les membres du Conseil de quartier se sont acquittés de leur devoir vis-à-vis des habitants de Medina-coura. Dans les jours et les mois à venir le sort de la structure se jouera dans la transparence la plus totale. Elle sera gérée autrement avec vigilance pour que plus jamais un tel dérapage ne puisse subvenir dans l’avenir. Par ailleurs, des quartiers plongés dans une tourmente similaire peuvent s’inspirer du cas de Medina-coura. La victoire se dresse au bout de la persévérance.
A E Sissoko