Les Ministres de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication Mahamadou Camara à l’ouverture et de la Réconciliation Nationale Zahabi Ould Sidi Mohamed à la clôture du séminaire : « Médias et processus de paix au Mali »

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Nous sommes le Mercredi, 5 Novembre 2014 et à AZALAÏ HÔTEL SALAM.

A l’invitation de la MISAHEL et de l’OIF (l’Organisation Internationale de la Francophonie), les spécialistes de l’information se sont retrouvés au cours d’un séminaire de trois jours pour échanger autour de la préoccupation actuelle de tous les maliens, à savoir LE PROCESSUS DE  PAIX AU MALI.

La cérémonie d’ouverture était présidée par le Ministre de l’économie numérique, de l’Information et de la Communication Mahamadou Camara qui avait à ses côtés le Docteur Issaka Souaré, conseiller spécial du Chef de la MISAHEL et Monsieur Tidiane Dioh, Responsable des programmes médias de l’OIF.

Mr Camara s’est tout d’abord réjoui de la présence de nombreux journalistes, ce qui dénote de l’importance que la presse accorde au retour de la paix au Mali. Les médias, de par la bonne diffusion des informations, peuvent contribuer au retour de la paix. Par conséquent il a demandé le respect de la déontologie et plus de professionnalisme dans la diffusion des informations. Il n’a pas manqué de souligner les risques de ce métier. Dans la recherche de l’information, certains payent de leur vie. Un vibrant hommage a été rendu à tous ceux qui sont blessés ou qui ont perdu la vie, comme nos confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon, dans l’exercice de leur métier.

Tout n’est pas noir, sommes tentés de le dire. Mr Camara a parlé de la création de l’école supérieure du journalisme dont les 25 premiers élèves y accéderont sur concours après le baccalauréat, la réforme des médias publics, la mise en place d’une nouvelle grille à l’ORTM, la création d’une société de diffusion, d’une régie publicitaire, de la formation des journalistes et des techniciens, la construction du nouveau siège de l’ORTM.

Mr le Ministre a souhaité que la bonne information soit communiquée aux médias sur le processus de paix afin qu’ils la diffusent à la population. Pour cet accord en vue, trois phases sont nécessaires, à savoir préparer l’opinion nationale à l’accepter, ensuite la phase d’explication, et enfin la phase de validation par les maliens soit par  l’assemblée nationale ou par qui de droit.

Avant de terminer, Mr Camara a souhaité « un journalisme au service de la paix ».

Durant ces trois jours de séminaire, plusieurs thèmes ont été débattus comme « la couverture du processus de paix » ou encore « la mise en œuvre des accords de paix ».

D’éminents spécialistes ont éclairé les lanternes des séminaristes. Saluons la présence de Mr Tidiane Dioh, professeur à la Sorbonne et responsable des programmes médias à l’OIF, Dc Issaka Souaré conseiller spécial du chef de la MISAHEL, Mr Baba Berthé ancien Ministre de l’Agriculture et Zeini Moulaye, ancien Ministre tous deux membres de l’équipe du Haut Représentant pour les pourparlers inter maliens, Mr Hamadoun Touré, ancien Ministre de la communication, Dc Anasser Ag Rhissa expert en NTIC,  Mme Eugénie Aw NDiaye experte des médias et beaucoup d’éminents confrères de la presse malienne comme Mr Makan Koné le Président de la Maison de la Presse. A noter que des délégués de Kidal et de Tombouctou étaient présents.

La crise au nord du Mali a été qualifiée par les médias étrangers de guerre entre le nord et le sud du Mali, ce qui n’en est rien, par certains de crise ethnique, clanique,  communautaire, ou régionaliste car pour eux les rebelles ne font que des revendications ethniques, communautaires, régionalistes…Un piège à éviter selon Alexis Kalambry des Echos. Des recommandations ont été formulées pour une bonne couverture des évènements, comme mettre des moyens adéquats à la disposition des médias pour concurrencer les médias étrangers, leur accorder la primeur des informations, des interviews s’ils le demandent, des moyens financiers car l’indépendance des médias serait mise en cause si les journalistes n’ont pas les moyens de faire correctement leur travail.

L’information étant une matière qui peut changer la face du monde, il a été recommandé aux médias de faire des recoupements avant la diffusion de toute information. Parfois la prudence est nécessaire par l’emploi du conditionnel ou l’utilisation de formules comme « au moment où on mettait ce journal sous presse » ou avoir des correspondants sur le terrain, bref, la mutualisation de l’information.

L’accent a été mis aussi sur l’importance du mécanisme de communication pour relayer les informations au niveau local (les chefs coutumiers, religieux…). Quant à nos confrères venus de Gao et Tombouctou, ils ont déploré le manque de moyens pour avoir accès à l’information et ont souligné l’importance des radios communautaires dans la sensibilisation des populations surtout dans les langues nationales.

Selon Docteur Anasser, l’Etat propose aux rebelles une régionalisation et une décentralisation poussées. Deux termes que les médias se doivent d’expliquer à la population.

Au cours de ce séminaire, votre journal « L’Informateur » a posé à Mr Hamadoun Touré, ancien Ministre de la communication, la question de savoir si le journaliste doit tout dire ? Oui a-t-il dit, seulement il faut y mettre le style sans heurter les sensibilités des uns et des autres. Il n’est pas bien de s’attaquer à ceux qui veulent bien nous aider comme l’Algérie ou la France, et de ne surtout pas oublier que les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts à défendre.

 Mr Zeini Moulaye, ancien Ministre et un des représentants du Mali aux pourparlers d’Alger, a aussi répondu à  nos questions :

 

L’Informateur : Est-ce que toutes les couches de la population au nord du Mali sont représentées à Alger

Mr Zeini Moulaye : l’Etat a fait le maximum possible pour que tout le monde se sente concerné par ces négociations.

 

L’Informateur : certains groupes armés menacent de reprendre les armés, est ce que cela est de nature à mettre en cause les négociations d’Alger.

Mr Zeini Moulaye : Globalement non, les préoccupations des uns et des autres seront récencées, analysées, et des solutions seront proposées.

En se référent aux accords passés, les séminaristes ont demandé aux plus hautes autorités de ne pas prendre des engagements sans avoir les moyens de les tenir. Se voulant neutres, les hommes de média ont demandé de ne pas faire de stigmatisation par l’emploi de certains termes comme le nord Mali, l’AZAWAD, la rébellion touareg, le fief des rebelles,…

A la clôture de ce séminaire, Mr le Ministre de la  Réconciliation Nationale Zahabi Ould Sidi Mohamed a expliqué que ce document est juste un préaccord que les médias, dans leur rôle d’informer, doivent bien expliquer à l’opinion nationale. Il a souligné que la faillite du nord incombe aussi aux gens du nord. « Nous assistons à une absence de volonté de certains groupes armés à faire la paix, à mettre en place des mécanismes de développement, ils détruisent tout ce qu’on construit au nord » a-t-il souligné.

En conclusion, Mr Zahabi se dit confiant pour ces négociations, la paix est à portée de main. Que les médias appellent à l’apaisement, qu’ils diffusent des messages de paix, de réconciliation et de ne jamais oublier que « le combat pour la paix est un combat permanent »

 

Séran SACKO

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