Aux dires de la présidente du Repefeco, la crise politique et sécuritaire qui a ébranlé notre pays depuis janvier 2012 a occasionné l’occupation de plus des 2/3 du territoire par des groupes terroristes, djihadistes et narcotrafiquants. Selon Me Saran Kéita, cette crise a exacerbé des tensions communautaires latentes, en particulier au nord où la cohabitation entre les communautés était déjà fragilisée par les conflits précédents. Pour elle, ce conflit a en particulier affecté sérieusement les femmes et les filles, et a occasionné de multiples violations de leurs droits, notamment ceux basés sur le genre.
La présidente du Repsfeco-Mali estime que les femmes, principales victimes de cette crise, se sont réjouies de la création d’un Ministère en charge de la conduite de la politique du gouvernement en matière de réconciliation nationale, de la nomination d’un haut représentant du président de la République pour les pourparlers inclusifs pour la paix, de la mise en place d’une commission vérité justice et réconciliation, dont les textes de création ont été adoptés par l’Assemblée Nationale en mars 2013.
Selon elle, dans la mise en œuvre des activités du projet dénommé : “Promouvoir le rôle des femmes dans les processus de réconciliation aux niveaux local et national“, les femmes à tous les niveaux ont fait plusieurs recommandations qui ont été mises en commun et synthétisées au cours d’un atelier national organisé les 15, 16 et 17 janvier 2015. Selon Me Saran, cet atelier a permis d’avoir un document consensuel reflétant les attentes et les préoccupations de toutes les communautés pour un retour à la paix et la réconciliation nationale.
À travers ce document les femmes recommandent de : mettre en place des cadres d’échange et de concertation à tous les niveaux sur la résolution des conflits et la réconciliation ; encourager une participation effective de toutes les couches de la société sans aucune distinction d’ethnies, de sexe, de religions ou de couleurs pour un dialogue inclusif ; mettre à la disposition des femmes leaders les moyens nécessaires pour les actions de sensibilisation et de réconciliation ; soutenir davantage les populations victimes de la crise; financer des plateformes multifonctionnelles ; encourager les autorités traditionnelles à plus d’impartialité ; veiller à la mise en œuvre du processus de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (Ddr) entre autres.
Pour Me Saran Kéita, son réseau souhaite voir les recommandations des femmes leaders des régions, des cercles, des villages et hameaux intégrer le plan opérationnel du Ministère en charge de la réconciliation nationale.
Tougouna A. TRAORÉ