Le président du Niger, Mohamed Bazoum et son régime viennent d’être épingler par Amnesty international, qui dans un rapport daté du 21 mars 2022, fait un constat accablant des conditions de détention des prisonniers (dont des hommes politiques et des militaires de haut rang) incarcérés à la Maison d’arrêt de Koutoukallé. Selon l’organisation humanitaire, ces détenus n’ont ni accès à l’eau, ni à la nourriture ainsi qu’à des soins médicaux appropriés ou encore la permission de communiquer avec leurs familles. Conséquence : Amnesty international demande l’ouverture d’enquêtes sur ces violations de droit de l’homme qui se déroulent au Niger depuis l’accession de Bazoum au pouvoir.
En effet, ce rapport de l’organisation de défense des droits humains (Amnesty International), indique que les droits de plusieurs détenus sont bafoués à la prison de Koutoukallè. .
En conséquence, Amnesty International appelle les autorités nigériennes à rétablir les droits de visite et mener une enquête sur les conditions de détention et le respect des droits à la défense et du droit à la santé des détenus à la prison de haute sécurité de Koutoukallè.
Amnesty International a recueilli des informations de proches de détenus à la prison de Koutoukallè qui dénoncent l’interdiction de l’apport de provisions extérieures, l’impossibilité pour les détenus concernés de recevoir des visites, des soins médicaux adéquats ni d’accéder à un avocat.
A en croire Ousmane Diallo, chercheur sur le Sahel au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre : « Les individus en détention préventive ont le droit d’être informés des accusations portées contre eux, d’avoir l’assistance d’un avocat, de contester la légalité de leur détention devant un juge et plus largement le droit de bénéficier d’un procès équitable dans un délai raisonnable ».
Aussi, le rapport fait état de plusieurs violations du droit des détenus. Il est précisé que le 7 mars 2022, le Colonel Hamadou Djibo, arrêté le 23 avril 2021, en lien avec le coup d’Etat (avorté du 31 mars 2021) contre le président élu, Mohamed Bazoum, et détenu à la prison de Koutoukallè, a rédigé une lettre publique dans laquelle il dénonce les mauvaises conditions de détention dans cette prison de haute-sécurité. En outre, cet officier révèle un durcissement des conditions de détention de tous les détenus de Koutoukallè, depuis novembre 2021, notamment depuis l’interdiction de la provision d’apports extérieurs (vivres, médicaments, eau potable, etc.).
Toujours d’après M. Djibo, « quatre détenus auraient perdu la vie au cours des quatre derniers mois dans la prison et plusieurs détenus auraient contracté des maladies « faute de prise en charge médicale et de malnutrition ». Ces allégations qui n’ont pas pu être vérifiées par Amnesty International méritent l’ouverture d’une enquête par l’autorité judiciaire, estime le chercheur de l’organisation.
Par ailleurs, un membre de sa famille affirme que le colonel Djibo a été transféré à la prison de Koutoukallé le 5 mai 2021 et il n’a toujours pas été entendu par un juge depuis son arrestation. Son avocat, Me Salim, précise en outre que Djibo souffre de maladies chroniques qui nécessitent un suivi médical. Or, selon l’avocat, « la prison de Koutoukallè ne dispose ni de médecin, ni de plateau technique médical adéquat pour consulter mon client ». La prison de Koutoukallè dispose seulement d’un infirmier pouvant assurer un minimum de suivi médical pour les détenus.
Trois autres familles ont confirmé à Amnesty International l’interdiction d’apport extérieur de provisions et l’impossibilité de rendre visite aux détenus. Le 11 mars 2022, la Commission nationale des droits de l’Homme du Niger avait saisi les Autorités nigériennes à propos des conditions de détention dans la prison de Koutoukallè.
« Depuis son arrestation, je n’ai personnellement pas pu le voir et la prison refuse tout apport de nourriture pour les détenus. Un an après, je ne pourrai vous dire dans quelle condition se trouve mon époux », indique l’épouse d’un détenu.
Des témoignages accablants
Amnesty a recueilli plusieurs autres témoignages accablants sur les conditions de détentions des prisonniers. Maimouna, épouse d’un autre détenu à Koutoukallè declare : « Depuis qu’on a arrêté mon mari le 6 mars 2021, je n’ai jamais eu le droit de lui rendre visite… Son avocat était allé le voir à la prison au mois de juin 2021, mais le régisseur a exigé une autorisation délivrée par la justice ».
Autre témoignage c’est celui d’Aïcha dont le mari est incarcéré : « Les autorités de la prison disent que Koutoukallè est une zone sécurisée et qu’il est interdit de venir rendre visite aux détenus. J’ai un permis de visite depuis trois mois mais lorsque je suis allé pour voir mon mari, les autorités de la prison m’ont empêché d’accéder aux lieux ».
La prison de haute sécurité de Koutoukallé abrite une majorité de détenus arrêtés dans le cadre de procédures en lien avec le conflit armé dans l’ouest et le sud-est du Niger. Cette prison avait été attaquée en 2016 et en 2019 par des groupes armés, dans le but de faire évader des membres. Le droit des détenus de recevoir des visites a été suspendu en 2020 dans le contexte de la réponse à la pandémie de la COVID-19 et n’a jamais été rétabli.
« Nous demandons aux autorités nigériennes d’enquêter sur les conditions de détention à la prison de haute sécurité de Koutoukallè, y compris sur les cas de décès survenus depuis novembre 2021, de rétablir et respecter les droits des détenus, et de diligenter les procédures judiciaires contre les personnes en détention préventive », indique le chercheur d’Amnesty international.
Mémé Sanogo
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