« Massarena » est une union sociale de fait dédiée au resserrement du lien de parenté et de filiation entre tous les Konaté/Kéita en Afrique et à travers le monde, formalisant les ressorts de leur fratrie lignagère. Les textes de création officielle de ce grand regroupement ont été adoptés, samedi dernier, à l’unanimité et sans heurts, au cours d’une Assemblée générale à laquelle ont pris part plusieurs notables.
Rappel : il y a de cela quelques mois (plus précisément le 09 août 2015), la grande famille des Keïta, Konaté et Soucko s’était retrouvée à Bamako. L’initiative, venue de Dr Etienne Pascal Kéïta, était destinée à créer un espace d’échanges, d’informations et d’éducation et de permettre à tous les descendants de la grande famille de se connaitre et de découvrir l’histoire de la communauté.
Ce jour-là, Dr Kéïta nous confiait que tout est parti d’un constat : « J’ai été déçu quand je suis allé au Mandé pour la première fois. C’est à partir de ce voyage que j’ai décidé de lancer un projet pour développer et créer de la visibilité sur l’histoire de ma famille. Le Mandé est synonyme de grands faits historiques comme la bataille de Kirina, la rencontre de Kouroukanfouga. Mais peu d’infrastructures existent pour matérialiser ces faits historiques qui ont fait de notre pays l’un des plus grands empires que l’Afrique ait jamais connus. C’est une fierté pour moi de voir plus de 100 personnes autour de moi pour s’unir et partager nos préoccupations ».
C’est ainsi que sous la direction de cinq sages avec en première ligne, Fodé Kéïta, la réunion a jeté les bases de la création d’un vaste regroupement des originaires du Mandé. Une commission de réflexion de 11 personnes avait été mise en place pour travailler sur la forme et le contenu à donner à l’initiative. C’est justement cette commission qui a rendu ses conclusions le 20 février dernier. L’Assemblée générale a approuvé les deux textes soumis à sa sanction et intitulés « Fondements » et « Déclaration ».
Les participants sont venus de tout le Mandé (les Kéïta) de Kangaba à Niagansola et Bintagna Kamalen ; mais aussi de Niani, Minkongo (les Konaté), Manincoura, Nionzombougou (les Konaré), Sikasso et Ségou. Sans oublier les délégations arrivées de la Guinée, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et de la France etc.
C’est à l’unanimité que les documents ont été épluchés en langue bamanankan et adoptés. « C’est la première fois, à ma connaissance, que les gens du Mandé se réunissent et repartent sans heurts, ni frustrations », témoigne un sage, au bord des larmes.
Que disent les textes ?
La fratrie réunit les membres des familles Konaté/Kéita et alliés, de tous horizons, où qu’ils soient. Les épouses et mères des progénitures Konaté/Kéita y trouvent une place de choix. Le signe sacré de la fratrie est le buffle.
Le dessein, c’est d’amener l’enfant de la famille, toute la lignée Konaté/Kéita, à prendre conscience de son image, de son devoir d’exemple, de vertu, pour ramener les individus et groupes sur le droit chemin de nos aïeux ; se donner la main pour éduquer et former, afin que notre humanité triomphe sur les déviances issues d’autres cieux ; laisser aux jeunes générations des repères certains pour s’estimer et se reconstruire en Africains.
Elle est organisée en organes d’inspiration et d’orientation ; organes symboliques ; et organes d’animation et de liaison.
Les activités ? La fratrie organise à divers niveaux des réunions, des rassemblements, des rencontres, des manifestations commémoratives, pour permettre de mieux se connaître, retrouver les racines généalogiques, développer de solides liens entre les familles, entre les communautés, célébrer des mémoires, préparer et former les jeunes, partager avec les autres voisins l’idéal social de vertu. Elle contribuera également à apporter des éclairages sur l’histoire, l’art, la culture et le patrimoine, mais aussi la philosophie et la rationalité, africaines, à travers des investigations, des échanges, des conférences, des communications, des éditions, etc.
Dans la déclaration approuvée par l’Assemblée générale, les porteurs du patronyme Konaté/Kéita, couramment appelés « Massaréns », portent l’ambition de créer un cadre de rapprochement des personnes et des familles Konaté/Kéita et assimilés, et promouvoir à travers elles une solidarité entre leurs communautés d’appartenance ; de revivifier les symboles fédérateurs de l’espace mandingue, rétablir les codes de vertu et raffermir les relations des Massaréns avec les autres patronymes alliés, dans l’esprit de l’ouverture, du renforcement de la confiance et de l’intégration des communautés ; et de rétablir un lien fraternel solide entre les Mandékas de tous les patronymes, dans la perspective d’animer des réseaux d’échanges, de partage et de développement culturel, en Afrique et avec la diaspora.
Sékou Tamboura