Massacre de Doungoura : Un Collectif dénonce l’indifférence des autorités et de la justice maliennes

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«Aucune poursuite n’a été engagée contre les auteurs du crime, alors qu’ils ont été formellement identifiés par les rescapés. Les dépositions des témoins sont restés sans suite, aucune autorité administrative et politique majeure ne s’est présentée sur les lieux pour constater les faits, témoigner des regrets de la Nation aux populations terrifiées, consoler les familles éplorées, les veuves affectées et les orphelins».

 

 

Voilà comment l’ancien député de Ténenkou, Timoré Tioulenta, Président du Collectif Justice pour les Victimes de Doungoura (COJVD) a déploré l’indifférence des autorités et de la justice malienne face à ce massacre. C’était à l’occasion du lancement du Collectif, dimanche dernier au CICB, en présence de plusieurs personnalités, dont l’ancien député de Mopti, Me Kassoum Tappo, le représentant de l’Association des amis de la culture peule, Mme Dicko Fatoumata Dicko, ex député de Douentza, l’Honorable Samba Yattassaye, député élu à Mopti, l’ancien Ambassadeur du Mali en Guinée Equatoriale, Ismaël Cissé, et l’opérateur économique Amadou Djigué.

 

 

Face à cette insensibilité au massacre de Doungoura, le Président du COJVD prévient: «il y a lieu, à notre sens, de se convaincre que la réconciliation sera l’affaire de tous ou qu’elle ne sera pas. Elle se fera entre tous ou restera fragile, donc réversible». C’est pourquoi ce Collectif a été porté sur les fonts baptismaux, pour apporter une contribution au processus de réconciliation nationale enclenché par les autorités. Il regroupe des victimes du massacre et des citoyens maliens engagés dans la construction d’une société malienne plus solidaire.

Pour Tioulenta, la mise en exergue des victimes du massacre de Doungoura  est motivée par deux faits majeurs. D’abord parce que Doungoura constitue un pic superlatif dans la panoplie des atrocités vécues au cours de la crise, une crête surélevée dans le paysage des horreurs jusque-là répertoriées et dont seuls sont capables des êtres aux neurones surannés. Ensuite, Doungoura est le marqueur saillant d’un déficit d’écoute incompréhensible, d’une insuffisance d’attention terrifiante et d’un manque troublant de réactivité.

 

Maiq qu’est-ce que le massacre de Doungoura? Dans l’après-midi du lundi 18 mars 2013, des forains voyageant sur l’axe Dioura – Léré ont été interceptés par  des bandits armés, à bord de deux véhicules, dans la plaine de Ngagna. Ils ont été dépouillés de tous leurs biens, puis, attachés les yeux bandés, avant d’être transportés au lieu dit Neenga, à une dizaine de kilomètres du village de Doungoura, commune rurale de Toguéré-Coumbé, cercle de Ténenkou.

 

 

«En ce lieu, dans la pénombre et dans une furie indescriptible, les cerbères des temps modernes abattent par le feu une vingtaine d’entre eux et les entrainent dans les profondeurs d’un  vieux puits». Face à  ce massacre, l’indifférence des autorités maliennes a fait piquer à Timoré Tioulenta une colère noire. Il demande que justice soit  faite  et que la mort des victimes soit reconnue.

 

 

En effet, la situation des victimes du massacre, telle que vécue et traitée, prouve, s’il en était besoin, que le chemin de la réconciliation nationale peut être long et sinueux. «La réconciliation nationale ne se décrète pas. C’est une entreprise collective, construite sur l’établissement de la vérité, la demande et l’acceptation du pardon et la réparation éventuelle des préjudices», a martelé Tioulenta, avant de solliciter le soutien des associations et organismes de défense des droits de l’homme et des avocats sensibles à la cause des personnes fragiles.

Youssouf Diallo

 

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