Massa Koné, secrétaire général adjoint chargé des relations extérieures de l’Uacdddd : “Le mardi matin, à notre grande surprise, la police nous a informé que la marche a été interdite”

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Pour soutenir le Gouvernement dans sa politique de lutte contre la spéculation foncière dans notre pays, l’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour le Développement et la Défenses des Droits des Démunis (Uacdddd) avait envisagé d’organiser une très grande marche pacifique de soutien aux nouvelles autorités, le mardi 02 septembre courant. La marche devait partir de la Bourse du Travail pour joindre la Cité Administrative. Mais, le jour même de cette marche de soutien, elle a été interdite dans des conditions de confusion. Pour en savoir plus sur l’interdiction brusque de cette marche et d’autres aspects, nous avons posé des questions au secrétaire général adjoint chargé des relations extérieures de l’Uacdddd, M. Massa Koné.

    Nouvel Horrizon : M. le secrétaire général adjoint chargé des relations extérieures de l’Uacdddd, que peut-on dire par rapport à la marche avortée du 02 septembre courant ?
    Massa Koné : D’abord l’objectif de cette marche pacifique était d’encourager le gouvernement, en ces débuts de résolution des problèmes fonciers au Mali. Il s’agit de mener des actions concrètes sur le terrain. Car il faut reconnaitre que seules les actions concrètes sur le terrain peuvent résoudre les problèmes fonciers dans notre pays aujourd’hui. Sinon durant les 20 dernières années, il n’y a pas eu d’actions concrètes sur le terraiin. Il n’y a eu que des écrits, des échanges, mais personne n’a mené des actions concrètes sur le terrain. Il s’agissait pour nous de soutenir les actions du Gouvernement qui commencent déjà à porter fruit. Et de soutenir également celles qui sont en cours.

Le Gouvernement s’est engagé à résoudre les problèmes fonciers de façon concrète. Il s’agissait aussi de rappeler au gouvernement qu’il y a d’autres problèmes à résoudre. L’État doit tout faire pour que la nouvelle politique foncière puisse passer au mois d’octobre prochain. La résolution des différents problèmes doit tenir compte du droit coutumier des communautés.

Le mardi 02 septembre 2014, arrivés sur le terrain pour la marche pacifique, à notre grande surprise, on nous a dit que le gouverneur a interdit la marche. Dans cette affaire, il y a une confusion qu’il faut tirer au clair. Il y a eu une demande de marche de l’Uacdddd, aussi celle de la Convergence Malienne contre les Accaparements des Terres (Cmat) dont l’Uacdddd est membre. Le gouverneur a donné un avis défavorable à la demande de la Cmat. Le lundi 1er septembre, à 13 heures, on était avec le directeur régional de la police qui nous a confirmé qu’il a eu un courrier du gouverneur et qu’il y avait lieu de prendre des dispositions pour encadrer notre marche.

Le mardi matin, à notre grande surprise, la police nous a informé que la marche a été interdite. Puisque c’était une marche de soutien, finalement nous avons décidé de l’annuler. Sur place, la Primature nous a promis qu’elle rencontrera 20 de nos membres. Puisque nos militants savaient pourquoi ils étaient sortis, finalement ils nous ont compris et ils sont rentrés à la maison.

    Nouvel Horizon : Est-ce que vous envisagez d’autres actions dans ce sens ?
    Massa Koné : Pour le moment, il est trop tôt pour parler d’autres actions de soutien au Gouvernement. Tout compte fait nous sommes là, avec nos actions. Nous soutenons ce Gouvernement parce qu’il est entrain de poser des actions concrètes sur le terrain. Par contre, s’il arrête ces actions et commence à nous faire tourner, on va sortir pour dénoncer comme nous l’avons toujours fait. Si les uns et les autres décident d’organiser d’autres actions de soutien il n’y aura aucun problème. Chez nous, il ya un conseil décisionnel. Ce conseil est entrain d’attendre ce que dira le Gouvernement, pour se réunir et décider de quelque chose.

 Nouvel Horizon : Où en sommes-nous avec vos doléances sur la table du Gouvernement ?
    Massa Koné : Le Gouvernement s’est beaucoup impliqué afin de trouver des solutions à nos doléances. Franchement, dans ce pays jusqu’à présent des vampires sont là. Le réseau de la mafia foncière n’a pas été démantélé. Nous avons apprécié la décision du Gouvernement du 21 août dernier qui concerne l’arrêt immédiat de toutes les attributions dans les domaines d’État. Cette décision concerne également les attributions de parcelles en cours. Il fallait cette mesure. En réalité les gens ne veulent pas changer.

Pour les spéculateurs fonciers, la terre c’est de l’or. Il est question de faire l’état de tout ce qui a été fait, visionné tout, avant de repartir sur une nouvelle base. Aujourd’hui, le foncier a besoin d’une nouvelle base de gestion. Cela constitue un progrès pour nous. Aujourd’hui, si certains départements ministériels passent à la vitesse supérieure, d’autres trainent les pas. C’est pourquoi à travers des lettres nous avons saisi tous les départements ministériels impliqués dans la gestion du foncier. On est entrain de suivre avec eux.

    Nouvel Horizon : Croyez-vous que les nouvelles autorités peuvent résoudre les différentes préoccupations des membres de votre union ?
    Massa Koné : Les nouvelles autorités ont posé des actes qui ont donné des soulagements à nos militants et qu’ ils ont applaudi. Ces actes constituent des gestes extrêmement importants pour nous. Aucun régime n’a fait ce que les nouvelles autorités sont entrain de faire en matière de lutte contre la spéculationn foncière au Mali. Dans leur élan, ils ne pouront pas tout résoudre, mais nous espérons qu’ils pourront faire beaucoup de choses. On les encourage sur ce chemin. Aujurd’hui, quand on parle de l’audit du foncier au Mali, il faut reconnaitre que beaucoup d’autorités en fonction seront rattrapées. En cas d’arrêt de l’évolution des choses, nous serons obligés de focaliser toutes notre lutte sur l’audit du foncier au Mali, tout en fournissant les documents à notre possession, c’est-à-dire les faux titres fonciers par-ci et par-là. Nous avons une documentation colossale là dessus. Avec la nouvelle politique foncière, nous espérons que beaucoup de problèmes seront résolus. On est conscient que ce n’est pas avec une bagette magique qu’on peut résoudre les dégâts causés durant les 20 dernières années.

    Nouvel Horizon : Avez-vous un appel à lancer?
    Massa Koné : Il faut surtout un changement dans les comportements et un changement de mentalité. Il faut un retour à la source pour un vrai changement. Il faut reconnaitre qu’un Etat se bâtit sur ses propres droits socio-culturels. Partant de nos droits socio-culturels, on peut bien nous en sortir. Il faut qu’il y ait l’autorité de l’Etat.

Propos recueillis par Tougouna A. TRAORÉ

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