Mariages précoces : Le carnage des filles dans la région de Kayes

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De nombreuses filles mariées à 10, 11 ou 12 ans ont trouvé la mort ces dernières années dans des cercles de la région de Kayes des suites des complications de la première nuit des noces. Malgré ses multiples méfaits, Peuls et Soninké de la région ont du mal à abandonner la pratique du mariage précoce.rn

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Marier les filles à l’âge de 10, 11 ou 12 ans est une pratique courante en milieux peul et soninké en première région. Les cultures ancestrales de ces ethnies l’encouragent quoique continuant à semer la mort.

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Mais, de nos jours, force est de reconnaître que le mariage précoce constitue une entrave grave à l’épanouissement de la jeune fille. Il l’écarte d’emblée de la scolarisation, de la santé et même de la participation à la gestion de la cité. Souvent, c’est sa vie même qui est menacée. Ainsi de nombreuses filles en sont décédées dans la région de Kayes en 2005, 2006 et 2007. Conséquence des assauts de leurs premières nuits de noces.

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« La première de la classe de 8e année à Youri second cycle a été mariée contre son gré pendant les vacances. Elle ne pourra plus continuer les études. En avril 2005, à Djewaila dans la Commune de Korera-Kore, une jeune fille mariée à l’âge de 13 ans environ, est décédée à la suite des complications survenues de sa première rencontre nuptiale. D’autres cas se sont passés à Balle et Yerere en février 2006. Présentement, les jeunes mariées utilisent des stupéfiants lors de la première rencontre nuptiale, ce qui est une pratique déplorable », témoigne Mme Hiri Maguiraga, la présidente de la Coordination des associations et ONG feminimes (Cafo) de Nioro.

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Selon l’adjudant Mamadou Fané de la brigade territoriale de Nioro, « on doit lutter contre le mariage précoce. Cette pratique a tué beaucoup de filles de notre cercle. Il y a beaucoup de cas de décès causés par le mariage précoce et qui échappent à notre connaissance. Mais la Cafo nous signale chaque fois des cas. Les parents de ces filles victimes du mariage précoce sont tous détenus à la prison de Nioro ».

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Et pourtant, malgré les multiples méfaits et les menaces des autorités, les Peuls et les Soninké du cercle de Nioro et d’autres de la région de Kayes continuent de célébrer en cachette des mariages précoces. Et chaque jour, ils font des victimes silencieuses. C’est sur cette base que la Cafo locale a interepelé les autorités afin de trouver une solution immédiate et efficace au phenomène.

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Espoirs

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Il ressort des réunions de la Cafo de Nioro que pour freiner les mariages précoces, il faut la participation des radios locales. La radio pourrait, estime-t-on, être d’un apport capital dans l’éradication de ce fléau.

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Le Mali est un pays à culture d’oralité où 80 % de la population est analphabète, mais il a l’avantage de posséder aujourd’hui des radios de proximité dans quasiment toutes les localités. Ces radios ont la particularité d’atteindre un grand nombre de la population en même temps sans altérer le contenu du message initial et de communiquer dans les langues du terroir. Ainsi, elles demeurent un créneau prioritaire que tous les acteurs devront utiliser en vue de l’atteinte d’une veritable promotion des droits des femmes et des filles notamment en matière de méfaits des mariages précoces.

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C’est consciente de cela que l’Union des radios et télévisions libres du Mali (Urtel), en collaboration avec la direction nationale de la promotion de la femme et la Cafo, a organisé à Nioro du Sahel les 8, 9 et 10 août un atelier de production de messages d’information et de sensibilisation des chefs traditionnels et religieux avec l’appui des décideurs politiques et administratifs, des leaders d’associations de femmes, des services et des ONG sur les méfaits du mariage précoce. Cet atelier s’est tenu dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action 2007 du programme de coopération Mali/Unicef (2003-2007).

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Selon le lieutenant-colonel Fallé Tangara, le préfet du cercle de Nioro, « en dépit des délais courts de l’atelier, les participants ont produit des messages. Je m’engage à faire passer le message dans les radios locales de Nioro ».

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Au cours de l’atelier, une émission publique a été réalisée sur les conséquences du mariage précoce à Gogui, un village de Nioro à la frontière avec la Mauritanie. « Nous étions dans l’ignorance. On mariait les filles à 9, 10, 11 ou 12 ans. On a maintenant vu la réalité. On ne fera plus cette pratique », promet le chef de village de Gogui.

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Pour le représentant des communicateurs traditionnels, « aucun mariage ne peut se faire sans la participation des griots. Nous sommes maintenant informés sur le fléau. Nous n’allons plus laisser les parents donner leurs filles avant l’âge de leur maturité ».

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Sidiki Doumbia

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(envoyé spécial)

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