Pendant l’hivernage, circuler dans les marchés de Bamako est un calvaire à cause des ordures et des eaux stagnantes. Pour en savoir plus, ce mardi après une forte pluie, nous avons fait un tour dans certains marchés de la capitale. Il s’agit de Yirimadio, de Banankabougou et de Magnambougou. Le constat est amer. Certains usagers de ces marchés ont accepté de nous expliquer le calvaire qu’ils vivent au quotidien.
“Des fois après la pluie, je n’ai pas envie de venir vendre tellement que le marché est sale. En plus, les clients préfèrent reporter leurs achats à un autre jour pour éviter les saletés du marché”, proteste un vendeur de riz au marché de Yirimadio.
“Si le maire ne cherche pas un moyen, nous sommes vraiment fatigués. On en a marre. Notre marché est le plus sale de Bamako. Par peur d’être sali, je préfère ne pas porter mes beaux habits pour faire mes achats. Nous demandons aux autorité de voir l’état de nos marché pour qu’on puissent entrer et sortir de chez nous en tout quiétude en cette période hivernale”, s’insurge une dame partie acheter des poulets au marché de Magnambougou.
“Quand il pleut, j’ai tellement peur de venir faire mes achats parce que nos marchés sont très sales. Il y a de l’eau partout surtout les ordures, c’est ce qui me tue le plus car ils y a des gens qui attendent que la pluie commencent pour déverser leurs ordures et ce sont ces ordures qui se retrouvent dans nos marchés. Comment le pays peut être propre si c’est nous-mêmes qui le rendons sale ?”, s’interroge Assitan Sow, une ménagère.
Un vendeur de patate et d’oignon ajoute : “Depuis le matin, je n’ai pas vendu une seule marchandise à cause de la pluie d’hier et je pense que c’est par peur d’être sales que les clients ne sortent pas. Nous demandons au maire de faire quelque chose pour nous, sinon ça ne va vraiment pas parce que c’est grâce à ces marchandises qu’on nourrit nos familles”.
Au marché de Banankabougou, le constat est le même. Mme Djénéba, une ménagère, venue faire une course exprime sa colère. “Je viens rarement au marché mais j’avoue que l’état dans lequel se trouvent nos marchés pendant l’hivernage ne m’enchante pas. Depuis un certain temps, le marché de Banankabougou a été transformé en dépôt d’ordures par les commerçants. En effet, le marché de Banankabougou est l’un des plus grands marchés de Bamako. Malgré cela, le comportement de certains commerçants et vendeurs de légumes empoisonne les habitants de ce quartier”, accuse-t-elle.
Elle ajoute : “A l’intérieur de ce marché, certains endroits sont malpropres à cause des ordures ménagères dispersées devant les boutiques et dans les allées tout comme les eaux usées sur certaines passages. Ici, il suffit qu’il commence à pleuvoir pour que la population voisine apporte des ordures de toutes sortes et les gérants des toilettes du marché conduisent leurs tuyaux dans les marchés pour vider les latrines. Les vendeurs de légumes attendent aussi ces moments pour verser leurs légumes pourris dans les caniveaux”.
Plus loin, une vendeuse de légumes, Fatou n’est pas contente de l’état du marché. “L’hivernage n’est pas la bonne période pour la production des légumes”. Elle affirme que les marchandises qui viennent maintenant des zones de production sont très chers et pas de très bonne qualité. “Nous vendons ainsi ses marchandises pour avoir un peu de bénéfice et si tel n’est pas le cas, on attend l’arrivée des pluies pour s’en débarrasser car la plupart des agents d’Ozone partent au village pour l’hivernage. Donc nous sommes obligés de chercher des pousse-pousse pour dégager nos ordures et cela peut parfois coûter 500 ou même 750 F CFA. C’est raison pour laquelle on préfère les garder et les jeter quand il pleut”.
“Moi c’est Idrissa, je suis vendeur de riz. Quand il peut, j’envoie mon petit vendre parce que je ne peux pas voir la façon dont nos marchés se trouve et manger l’après-midi. Imaginez les déchets de toutes sortes qui se trouvent dans nos marché (les légumes, les eaux de toilette, les urines et plastiques de toutes les couleurs) et cela peut vraiment nous apporter des maladies. Nous demandons au maire de venir voir l’état de nos marchés précisément celle de Banankabougou”.
“Je suis une jeune diplômé sans emploi. Je me contente de vendre ces choses (pagne, chaussure, parfums, colliers, bracelets…) pour satisfaire mes petits besoins. Pendant l’hivernage ici, on voit toutes sortes d’ordures et cela ne fait pas honneur à nos commerçants. Surtout l’autorité admirative et politique locale qui reste bouche bée malgré le partenariat avec la mairie du district de Bamako. Un projet a été fait pour l’assainissement dans les six communes lors du Sommet Afrique-France mais je pense que cela n’a rien servi, car les propriétaires de toilettes publiques, les vendeurs de légumes et autres commerçants font du n’importe quoi pendant l’hivernage et c’est ce qui provoque des inondations et beaucoup de dégâts. Je peux dire aussi que ce n’est pas ici seulement mais plutôt dans plusieurs marchés. Des fois, je me demande s’il y a des maires dans certains quartiers comme Banankabougou”, assure Aïssata, une vendeuse de de marchandises diverses.
Adam Diallo
Stagiaire