En collaboration avec les membres de la Coordination Malienne des Organisations du Mouvement Démocratique, l’Association pour la Défense des Victimes de la Répression du 22 mars 1991, a organisé le mardi 22 mars 2017, une marche funèbre pour célébrer le 26ème anniversaire du vendredi noir. Il s’agissait à travers cet acte mémorable, rendre un vibrant hommage aux martyrs de la révolution populaire qui a renversé le régime dictatorial et autocratique de l’ex président général Moussa Traoré. L’émotion était au comble. Ils étaient venus nombreux au rond-point de l’hôpital Gabriel Touré, les parents des victimes de la répression du 22 mars 1991 pour prendre le départ de cette marche. A leurs côtés, plusieurs acteurs du mouvement démocratique. Parmi lesquels, le doyen Ali Nouhoum Diallo, Mme Sy Kadiatou Sow, Maître Hamidou Diabaté, Djiguiba Keita, Mamoutou Thiam, Seydou Patrice Dembélé, Nouhoum Togo, le vieux Issaga Traoré, etc.
C’est sous une atmosphère très apaisée et sous un encadrement ordonné des forces de sécurité que la marche s’est déroulée. A l’arrivée des marcheurs au carré des Martyrs à Niaréla, ils furent accueillis par le ministre de la solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadou Konaté, représentant le président de la République, SEM. Ibrahim Boubacar Keïta. Après la musique aux morts et le dépôt de gerbes de fleurs par le ministre Konaté, le président de l’ADVR, Abdoulaye Dembélé a dit que : « voilà déjà vingt-six ans qu’un certain jour d’un mois de Mars, des jeunes, des adultes, des vieux et même de simples malades mentaux ont été fauchés par les balles de militaires déchaînés eux-aussi comme des fous, aveuglés par leur hargne d’étouffer et d’annihiler la volonté, le désir de ces millions de femmes et d’homme d’aller vers la démocratie, la liberté, le multipartisme ». Combien de combattants pour un Etat de droit sont morts ou handicapés, s’est-il interrogé. Selon lui, 26 ans encore après, notre pays ne se relève toujours pas de cette hargne, de cette autre espèce d’ennemis de la démocratie. Aux dires de M. Dembélé, ces ennemis qui endeuillent nos familles au nord et au centre du pays au nom de l’islam, de leur islam, car celui qui nous regroupe est tolérance, acceptation de l’autre, sont aussi et surtout les ennemis de la démocratie, pour laquelle l’ADVR continue encore, hélas à se battre. A l’entendre : « ce combat de l’ADVR, notre association est celui de tous ceux qui œuvrent à l’apaisement du climat social, à la consolidation de cette démocratie chèrement acquise, et au renforcement de l’unité nationale pour un Mali Un et Indivisible ». A cet effet, il a demandé à l’assistance d’observer une minute de silence en la mémoire de tous ces martyrs. Pour lui, l’ADVR ou du moins que notre démocratie écrite avec le sang de ces milliers de martyrs a 26 ans. Il a ensuite fait comprendre que l’association se maintient grâce aux efforts inlassables et constants de tous les gouvernements et voudrait des projeter dans l’avenir avec moins de complaintes, de récriminations, pour se prendre en charge à travers la nouvelle fondation dénommée « Fondation du 26 MARS ». Pour finir Abdoulaye a salué les plus hautes autorités pour tout le sacrifice consenti en faveur de l’association et de la démocratie.
Le ministre de la Solidarité, de l’Action Humanitaire, Amadou Konaté, a d’abord rendu grâce au Tout Puissant miséricorde Dieu qui nous montré ce jour. Avant de renouveler l’engagement du gouvernement de la République du Mali pour la mise en œuvre de la concrétisation quotidienne des idéaux du 26 mars. Il a salué la constance de l’engagement et de la présence des membres de l’ADVR pour sauvegarder la mémoire de ceux qui sont morts pour la liberté et pour la démocratie. Au nom du Chef de l’Etat, le ministre Konaté a déclaré que le Mali a besoin de ce type d’engagement pour sauver la démocratie qui dans notre pays est née dans le sang. Selon lui, ne pas renforcer la démocratie, c’est trahir la mémoire de ceux qui sont morts pour cette nouvelle ère de vie. En reconnaissant que notre pays traverse des moments difficiles, le ministre Amadou, n’a pas manqué de dire que des chantiers sont ouverts parmi lesquels le chantier du vivre-ensemble. Dans cette optique, il a souligné que la tenue de la conférence d’entente nationale qui s’inscrit dans son esprit le renforcement de la démocratie. En leur qualité de gardiens du temple de la démocratie, M. Konaté a invité les marcheurs à se mobiliser pour cette rencontre soit conduite le mieux possible. « Aujourd’hui, le Mali a besoin que tous ces enfants, quel que soit leur différence, soient unis. Faisons entendre le discours de l’unité, plutôt que celui qui met l’accent sur les différences. Nous avons des nuances. Nous n’avons pas de différence au Mali. Ces nuances ne font que nous consolider, du fait que nous sommes un Peuple avec un But et une Foi. Notre territoire ne saurait être menacé. Nous sommes une société avec une culture qui a été bâtie sur la base de contribution fondée sur une diversité. Bientôt, de belles pages seront sur notre démocratie », a conclu le ministre de la Solidarité et de l’action humanitaire.
Jean Goïta