Marche du 5 avril : Les religieux sur les traces de l’UNPR pour chasser IBK de Koulouba

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Les religieux, vent débout contre la mauvaise gouvernance d’IBK. Ils étaient des centaines de milliers de Maliens à battre le pavé ce vendredi pour répondre à l’appel de M’Bouillé Haïdara, le Chérif de Nioro du Sahel et de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique (CHI), qui s’insurgent, d’une part, contre le silence du président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) et, d’autre part, de l’inaction et de l’immobilisme du gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga face aux massacres des populations civiles dans la région de Mopti, des militaires et de la crise scolaire. Ils comptent reprendre ça, vendredi prochain, si IBK ne sera pas à l’écoute de son peuple. Un scénario à l’Union nationale pour la République (UNPR) de Modibo Sangaré, un parti dont les manifestations de vendredi ont eu raison d’ATT en 2012, se dessine-t-il ?

Une partie des religieux, incarnée par le Chérif de Nioro et Mahmoud Dicko, ont de nouveau montré leur capacité de mobilisation des Maliens quand il s’agit des questions d’intérêt national. Après le meeting du dimanche 10 février, où le stade du 26-Mars était plein à craquer, ils étaient des centaines de milliers de manifestants, vendredi dernier, à converger vers le monument de l’Indépendance, lieu de rassemblement des marcheurs, à répondre à l’appel des deux (02) chefs religieux maliens en froid, depuis quelques années, avec leur ami, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Une partie de l’opposition politique s’était jointe à cette manifestation. Ils sont venus de Bamako et de l’intérieur du pays pour dire non à la tuerie des populations civiles dans la région de Mopti (massacre du village peulh d’Ogossagou, 160 morts), des militaires (attaque du poste militaire de Diouara, 37 morts) et de la crise scolaire dont les conséquences portent déjà atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale.

Avant de quitter les lieux, les organisateurs de la marche ont donné rendez-vous aux manifestants vendredi prochain si le président Ibrahim Boubacar Kéita reste sourd à la situation très critique du pays et aux aspirations du peuple malien.

Ils réclamaient entre autres la protection des populations civiles face à des gens sans foi ni loi dont le seul dessein est de perturber la cohésion sociale entre les différentes communautés du pays, la reprise du dialogue avec les syndicats d’enseignants pour sauver l’année scolaire, le départ de Soumeylou Boubèye Maïga de la tête du gouvernement et des armées étrangères (Barkhane, MINUSMA).

Ainsi, par ces réclamations, ils emboîtent le pas au parti de Modibo Sangaré, l’Union nationale pour la République (UNPR). En 2012, face à la vie chère et à la situation sécuritaire dégradante dans le Nord, ce parti avait décidé de manifester chaque vendredi après la prière jusqu’à la chute du président Amadou Toumani Touré (ATT).

Malgré la faible mobilisation des Maliens, les slogans de l’UNPR tranchaient avec la situation du moment. Et il a maintenu le cap de février 2012 jusqu’au renversement d’ATT, le 22 mars 2012, par une junte militaire dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo.

La démarche des organisateurs de la marche du 5 avril s’inscrit-elle dans cette voie ? Difficile de répondre. Mais les slogans scandés par les manifestants lors de cette démonstration de force n’écartent pas une telle éventualité. Et surtout l’appel au calme et à la retenue jusqu’ à l’aboutissement total et entier de nos revendications lancé par Mahmoud Dicko aux manifestants.

A défaut d’obtenir la tête de Soumeylou Boubèye Maïga, il n’est pas exclu qu’ils demandent la démission du président IBK lui-même. Si l’armée s’est mêlée de la danse en parachevant l’œuvre de l’UNPR, en mars 2012, en chassant Amadou Toumani Touré (ATT) de Koulouba, les marcheurs du 5 avril peuvent compter sur leur propre force pour faire reculer n’importe quel régime. La démonstration de force du vendredi dernier en est la parfaite illustration de leur détermination à faire aboutir leurs exigences. Ils ont montré à la face du monde leur capacité à drainer les foules pour défendre des causes qu’ils prétendent défendre au nom du peuple malien.

Quoi qu’on dise, la marche du 5 avril est l’expression d’un malaise social profond et du rejet du régime d’IBK qui ne semble rien faire pour prendre la mesure du pays et préserver l’unité nationale. Cette manifestation traduit aussi le désintérêt du chef de l’Etat face aux graves menaces qui pèsent sur le pays et les problèmes brûlants qui assaillent les Maliens.

Pour se sauver et sauver le Mali des crises interminables, une seule voie s’ouvre à IBK: celle des concertations nationales réclamées à cor et à cri par les Maliens depuis le coup de force du capitaine Amadou Haya Sanogo, en 2012, pour bâtir un autre Mali, débarrassé de tous les maux que les vrais faux démocrates ont introduit dans le pays pour se servir dans les caisses de l’Etat. Elles restent la seule issue pour qu’IBK sorte par la grande porte. D’autant plus que tous les Maliens ont compris que sans elles le pays s’enfoncera davantage dans des crises. Même les forces rétrogrades regroupées au sein du Front uni pour la démocratie et la République (FDR) qui s’étaient alliées à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour chasser la junte militaire et prendre le pouvoir ont compris cette nécessité de se retrouver pour parler du Mali et uniquement du Mali.

Ironie du sort, elles sont devenues aujourd’hui les porte-étendards desdites concertations.

C’est le seul gage de maintenir le Mali dans le concert des grandes nations.

Yoro SOW

 

GRANDE MARCHE PATRIOTIQUE

Les Maliens dans la rue pour condamner le massacre des populations civiles et militaires

A l’appel du président du Haut Conseil Islamique (CHI), Mahmoud Dicko et du Chérif de Nioro du Sahel M’Bouillé Haïdara, une marée humaine s’est rassemblée ce vendredi 5 avril à Bamako. La manifestation pacifique, encadrée par un impressionnant dispositif sécuritaire, a lieu sous une chaleur de plomb à la place de l’Indépendance.

Cette marche pacifique,  intervenant quelques jours après le massacre du village peulh d’Ogossagou dans le cercle de Bankass dont le bilan est estimé à plus de 150 personnes tuées et de l’attaque du poste militaire de Dioura (24 morts), avait pour but de dénoncer la situation sécuritaire dans le Nord et dans la région de Mopti. Elle devait partir de la place de l’Indépendance pour s’achever à la Bourse du travail.

Des banderoles et pancartes étaient déployées partout sur le lieu de rassemblement. Sur les pancartes et affiches, on pouvait lire: «Massacre d’Ogossagou, plus jamais ça au Mali», «Je suis Peulh, Je suis Dogon, ensemble nous faisons le Mali» «SBM, va t’en», «On veut la paix, on veut un accord de coopération militaire avec la Russie».

D’autres messages étaient inscrits sur des banderoles telles que «Stop au génocide de la France au Mali» «MUNISMA dégage» « L’armée de la France doit quitter le Mali».

Tout au long du parcours, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, réclamant son départ immédiat de la primature.

Pire, un contingent de manifestants visiblement remonté contre le chef de l’exécutif s’est dirigé vers son domicile avec une banderole qui exigeait la dissolution de tous les groupes armés, y compris la CMA, du mandat de Barkhane et de la MUNISMA pour faire de l’armée nationale du Mali, la seule protectrice du peuple malien, la refondation totale d’un nouvel Etat, etc.

Les organisateurs et plus précisément Mahmoud Dicko a appelé les manifestants au calme et à la retenue jusqu’ à l’aboutissement total et entier de leur revendication.

Plusieurs personnalités politiques (Konimba Sidibé, Oumar Mariko,  Tiebilé Dramé, Djiguiba Keïta dit PPR) qui avaient lancé un appel à leurs militants ont battu le pavé.

Moussa COULIBALY

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