C’est une lettre circulaire émanant de la direction Générale de la Police Nationale qui en fait la révélation. Des manifestants de la marche du mardi 19 avril dernier étaient armés. Il s’agit, selon un communiqué émanant de la section syndicale de la police (SPN) « d’individus à la solde de la Direction de la police nationale».
Voici un passage explicite du document révélateur en date du 21 avril 2011, signé du
Directeur Général de la police nationale:
« II nous a été donné de constater, que les fonctionnaires de Police participent de plus en plus en tenue et en arme a des marches organisées par leurs associations. Je rappelle qu’en République du Mali la législation punit “quiconque aura été trouvé au cours d’une manifestation ou réunion publique, porteur d’une arme ou d’un engin dangereux pour la sécurité publique’’.
Le directeur Général de la police invite, par la même occasion, les manifestants à respecter les dispositions réglementaires, et la hiérarchie (L’inspecteur en chef de la Police Nationale, les Directeurs de Services, les Chefs de Services rattaches, les Directeurs Régionaux et les Commandants d’unité) à veiller à l’application stricte de la loi.
Il ressort de nos constats que certains manifestants étaient en effet confondus avec les éléments des forces de l’ordre au regard de leurs tenues et des s arsenaux à disposition (voir photos). Selon les informations disponibles, le maintien d’ordre lors de ladite marche était plutôt confié à la Gendarmerie et à la Garde nationales.
Ce qui paraît pour le moins paradoxal, c’est que la section syndicale de la police Nationale (SPN), accuse ces manifestants armés d’être « à la solde de la Direction de la police Nationale » celle-là même à l’origine de la lettre circulaire condamnant et mettant en garde les manifestants armés.
Dans un communiqué déposé à notre rédaction en effet, la SPN-SYNTADE se désolidarise de ceux qu’elle qualifie « d’individus à la solde de la Direction Nationale de la police » et « invite les policiers à être vigilants pour ne pas tomber dans des pièges de ces syndicalistes en quête de légitimité» (lire communiqué). A première vue, c’est à n’y rien comprendre. Décryptage !
La guerre des syndicats
Il existe, à l’heure actuelle, un conflit de leadership au sein de la section syndicale de la police Nationale (SPN). Deux tendances réclamant chacune la légitimité s’affrontent en effet. Elles ont respectivement pour tête de file les adjudants Siméon Keïta et Tiékouta Kanté. C’est bien cette dernière tendance qui joui de la légitimité officielle. Elle est affiliée à la Centrale Syndicale pro-AMO, à savoir l’UNTM laquelle, pour des raisons historiques, est farouchement opposée à la CSTM (anti-AMO).
Comme pour dire que la question de l’AMO est venue exacerbée cette opposition d’abord entre les tendances syndicales au sein de la police nationale et les deux centrales syndicales, l’UNTM et la CSTM.
Celle de Siaka Diakité, à son tour, accuse Amion Guindo d’avoir trahi en dénonçant aujourd’hui l’AMO à la conception et l’adoption de laquelle elle a pourtant été associée à tous les niveaux. Une lettre émanant en effet du secrétaire Général de la CSTM fait foi. Le communiqué du conseil des ministres du 20 avril dernier n’a pas manqué de relever le fait en ces termes : « Cette adhésion a été confirmée auprès du ministre du Développement social, de la Solidarité des Personnes âgées par les partenaires sociaux dans des lettres manifestant en même temps leur accord pour les taux de cotisation».
Pour leur défense, les responsables de la CSTM indiquent qu’«un syndicat ne vaut que par ses militants». Qu’importe, à leurs dires qu’Amion Guindo ait pris part aux travaux sur l’AMO, «si les militants décident autrement, il en sera autrement». De la pure realpolitik !
C’est dire, en tout état de cause, que le fossé est désormais grand d’abord entre les partenaires sociaux eux-mêmes, et avec le gouvernement avant que celui-ci ne décide, très sagement, de rendre l’adhésion libre à l’AMO.
Et s’il fallait, en plus que des manifestants armés se mêlent de la partie…
B.S. Diarra