Annoncée pour être la marche de tous les dangers, à cause du choix de la date, à savoir le 22 mars (date anniversaire du vendredi noir de la révolution de 1991), mais aussi des revendications, elle a finalement été un échec cuisant. Par ce revers, les associations musulmanes viennent de donner ainsi un nouvel élan aux autorités en général et au Premier ministre SoumeylouBoubèyeMaiga en particulier. Celui-ci pourra prolonger encore son séjour à « Matignon ». Pourquoi après avoir fait le plein du stade du 26 Mars, les associations musulmanes ont peiné à mobiliser quelques centaines le vendredi 22 mars ? Mohamed Kimbiri n’est-il pas à la base de cet échec ?
Tout le Mali avait les regards tournés vers Bamako où devrait avoir lieu, le vendredi 22 mars, une marche mémorable, celle des associations musulmanes. Beaucoup avaient annulé leurs activités par crainte de débordement, surtout que la date choisie par les marcheurs et les revendications qui étaient les leurs, rappelaient fort opportunément deux dates funestes, celle du vendredi noir qui sonna le glas du régime du Général Moussa Traoré et l’ignoble coup d’Etat perpétré par le capitaine Amadou Haya Sanogo.
Pour la première date, à savoir le 26 mars 91, beaucoup se rappellent encore, comme si c’était hier, l’horreur. Le ciel de Bamako était noir de fumée, des morts et de nombreux blessés ont inondé l’hôpital Gabriel Touré. Quant à la seconde date, elle reste la tache noire sur la page glorieuse de la lutte pour l’avènement de la démocratie au Mali.
Ces deux dates ont certainement inspiré les organisateurs de la marche du 22 mars 2019. Certains avaient même prédit la chute du régime ou, tout au moins, du gouvernement. Mais, Ils ont tiré à côté, car la marche a été un tel échec qu’elle s’est transformée en meeting, voire en affrontements entre organisateurs, après le soupçon de corruption des premiers responsables pour saboter la marche. Leurs revendications qui sont nobles et d’actualités, étaient, entre autres, la réouverture des classes pour que les enfants puissent aller étudier, la démission du Premier ministre pour son incapacité à trouver des solutions aux différentes crises. Ni la gravissime crise sociale, encore moins la sempiternelle crise scolaire, n’ont malheureusement pas mobilisé les Maliens, même pas les enseignants et les parents d’élèves, qui sont les premiers concernés. Les autorités en général et le Premier ministre SoumeylouBoubèyeMaiga, en particulier, pourrait souffler un ouf de soulagement, car au lieu d’être affaibli, pourrait dormir tranquillement en attendant d’autres actions de ses adversaires.
L’échec de la marche n’est-il pas à mettre à l’actif des organisateurs, dont Mohamed Kimbiri, qui passe aux yeux de beaucoup de maliens, pour un homme pas assez crédible pour mobiliser. Ne dit-on pas de lui qu’il était un fervent soutien d’IBK pour un second mandat ? A cela, s’ajouteraient les rumeurs de corruption des organisateurs, toutes choses qui ont alourdi l’atmosphère et créé une suspicion. Beaucoup d’observateurs se sont interrogés également sur une éventuelle infiltration des marcheurs par les autorités pour saboter l’événement.
En somme, disons tout net que la marche des associations dites musulmanes a été un échec cuisant. Et le rêve d’obtenir par la rue le départ de SoumeylouBoubèyeMaiga et de son gouvernement s’est transformé en une illusion.
Youssouf Sissoko