Trente six morts, 112 blessés. C’est le bilan macabre d’une bousculade au stade omnisports Modibo Kéita, où plus de35 milles fidèles du prêcheur Ousmane Chérif Madani Haïdara, avaient effectué le déplacement pour célébrer l’anniversaire du baptême du Prophète Mohamed (PSL). Ce drame qui est survenu le lundi dernier aux environs de 18 heures 45 mn juste après le prêche de Chérif Ousmane Madani Haïdara, Guide spirituel de l’Association Ançardine, soulève des vagues d’inquiétudes et d’interrogations au sein de la population malienne. A qui incombe la responsabilité ? A Haïdara ou à l’Etat ?
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rnCe récent drame rappelle tristement celui qui était survenu l’année dernière à Tombouctou, où il y a eu près de 26 morts et des dizaines de blessés, suite à une bousculade à la grande mosquée Djingareyber, lors de la célébration du Maouloud 2010. Cette fête a enregistré encore en cette année 2011, des morts. En effet, selon le Chef du service d’accueil des urgences, Dr. Djibo Diango, 30 corps ont été admis à la morgue du CHU Gabriel Touré et les 6 autres évacués au CHU Point G. Quant aux blessés, ils ont fait l’objet d’une prise en charge immédiate par le personnel médical du CHU Gabriel Touré avec à sa tête le Directeur Général, Abdoulaye Néné Coulibaly.
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rnPrécisons que dès l’annonce du drame, les responsables sanitaires du CHU Gabriel Touré ont pris toutes les dispositions pour assurer la prise en charge des victimes. «Ll’hôpital a fait appel au centre odontostomatologie, au CHU du Point- G et les centres de références de la capitale pour qu’ils envoient des ambulances pour transporter les blessés. En plus de l’appui extérieur, l’hôpital Gabriel Touré a mobilisé une équipe médicale pour appuyer le service des urgences », précise-t-il.
rnLe Premier ministre, Modibo Sidibé, ainsi que plusieurs ministres dont ceux de la Santé, de l’Administration territoriale et des collectivités locales et de la Sécurité intérieure et de la protection civile, le Gouverneur du district de Bamako, Ibrahim Féfé Koné ; le Directeur général de la police, Niamé Kéita et le Directeur national de la Santé, se sont rendus au CHU Gabriel Touré pour s’enquérir de la situation.
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rnLe Général Sadio Gassama a aussi indiqué que les blessés seront entièrement pris en charge par l’Etat. Le Gouvernement malien, dans un communiqué signé par le même Général de Division, a présenté ses condoléances les plus attristées aux familles des défunts et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.
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rnCertes, les compassions ne cessent de fuser tant du côté du Gouvernement que de celui des organisateurs. La population malienne qui est actuellement sous le choque, cherche, quant à elle, à savoir comment ce drame a pu arriver, afin que les responsabilités soient situées et les auteurs sanctionnés. En d’autres termes, la faute incombe-t-elle aux organisateurs avec à leur tête le Guide spirituel de l’Association Ançardine, Chérif Ousmane Madani Haïdara ou à l’Etat à travers les forces de sécurité qui étaient chargées du maintien d’ordre ? La question reste toute posée, d’autant que l’Etat et les organisateurs se livrent actuellement à un jeu de Ping pong.
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rnEn effet, selon une source proche de la Commission d’organisation du Maouloud par l’Association Ançardine de Chérif Ousmane Madani Haïdara, ce drame est survenu suite à un «refus des forces de sécurité d’ouvrir toutes les portes du stade après le départ du prêcheur. Les fidèles étant coincés, la bousculade est alors intervenue provoquant la mort de 36 personnes dont 33 femmes et 3 hommes, ainsi que 112 blessés».
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rnMais, de son côté, le Général Sadio Gassama décline toute responsabilité des forces de l’ordre et précise que cette foule de 35.000 fidèles n’était pas maîtrisable. Selon lui, l’indiscipline est à l’origine de ce drame.
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rnAbondant dans le même sens, le Directeur de la Police nationale, Niamé Keita, souligne que les organisateurs de cette cérémonie avaient parfaitement le droit de demander le renforcement des agents de la sécurité, étant donné que les adeptes du prêcheur Haidara s élèvaient au moins à 35 000 personnes. «Chose qui n’a pas été faite», déplore-t-il.
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rnEn d’autres termes, c’était aux initiateurs de ce prêche de demander que les mesures sécuritaires requises soient prises, d’autant que ce n’était pas l’Etat qui l’organisait. Et d’ailleurs, à la question de savoir si les victimes allaient être indemnisées, le Ministre de la Sécurité, le Général Sadio Gassama répond : «Quelles indemnités ? Ils étaient là-bas pour la cause de Dieu, Non ?». Il est donc clair que l’Etat décline sa responsabilité, mais n’oublions pas que ce n’est pas la première fois que cela arrive en matière de maintien d’ordre. On se rappelle encore que lors du concert du Cinquantenaire d’Orange-Mali, l’événement avait dérapé entre les policiers et les participants, faisant des blessés et des morts. Est-ce à dire donc que c’est la machine policière qui n’est pas bien fonctionnelle ? Nous ne saurons clairement le dire.
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rnDe son côté, Chérif Ousmane Madani Haïdara qui ne veut pas que le chapeau lui soit porté, s’appuie, selon un de ses proches, sur le refus des forces de sécurité d’ouvrir toutes les portes. Par ailleurs, selon nos sources, il déclare que «la mort est une épreuve dure, mais avant tout divine et que ceux qui ont perdu la vie cette nuit, c’est un fait du Tout Puissant et pour une cause noble, la religion». Cela suffit-il pour essuyer les larmes des parents des défunts ? Rien n’est moins sûr. Il faut plutôt que des investigations soient menées pour que lumière et justice soient faites sur cet incident tragique. Cela permettra de rectifier le tir lors des prochaines éditions de Maouloud et d’éviter d’endeuiller des familles.
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rnEn tout cas, pour l’heure l’amertume est très grande au sein de la population. Cela se traduit par cette confidence qui nous a été faite par Sidy Mohamed Makana, le père d’une victime : «Non, trop c’est trop. Il faut qu’on mette fin à l’organisation de ce Maouloud. Haïdara n’est pas en mesure d’organiser une telle rencontre. Le Gouvernement doit alo
rs s’assumer…». Larmes aux yeux, notre interlocuteur n’a pas pu poursuivre son raisonnement.
rnBruno LOMA et Nouhoum DICKO
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