Aussitôt parti, aussitôt revenu. L’imam Mahmoud Dicko à travers son manifeste qu’il publia à la fin de la semaine dernière appelle toujours à agir tout en soulignant l’urgence et la gravité de la situation. Un retour éclatant qui laisse plus d’un perplexe quant à la réelle ambition de l’Imam. Est-il seulement motivé par le devenir du pays ou compte bien, comme le sous-entend de plus en plus de Maliens, s’imposer à la vie publique malienne ? En tous les cas, ce manifeste est bien imprégnée d’une saveur politicienne, et le style ressemble, à s’y méprendre, à une personnalité qui cherche toujours à séduire d’abord, puis à rassembler ensuite.
L’Imam Dicko a des ambitions. Cela est une Lapalissade. Il est d’ores et déjà un des acteurs incontournables de la scène publique malienne. Mais il semble vouloir être incontournable parmi les incontournables. De ce fait, veut-il pour autant briguer la magistrature suprême ? Assez logiquement, comme il l’a d’ailleurs répété, il ne veut point être chef d’Etat. Cependant, il est une place qu’il semble bien vouloir à tout prix. Il s’agit d’un statut qui l’octroierait une forte assise politico-sociale en plus de l’autorité morale qu’il semble avoir déjà acquise auprès de beaucoup.
Mais, ses prises d’initiatives ont de quoi donner le tournis. Après avoir, de longs mois durant, combattu le régime en place afin qu’au moins il change de fusil d’épaule, le voilà aussitôt après la chute de ce même régime et l’installation des autorités de transition, qu’il en appelle à un « nouveau pacte républicain ». Car, dit-il, « la situation est périlleuse ».
Des regrets, il en exprime encore comme il en fut l’année dernière lorsqu’il déclara que soutenir IBK fut une grande erreur de sa part : « Je me suis souvent trompé en soutenant des hommes qui, guidés par des intérêts égoïstes et matérialistes, n’ont pas su incarner le redressement du Mali tant souhaité. J’ai cru, comme en 2013, qu’une participation forte à un projet électoral pourrait, à elle seule, porter l’espoir de résolution de nos problèmes de gouvernance politique et sociale. Je me suis trompé. Je le regrette sincèrement. ».
Il s’agit d’une démarche très périlleuse de sa part car de plus en plus de ses partisans ne croient plus en Dicko le rassembleur et le voient plus comme Dicko l’ambitieux. Il semblerait même que l’Imam serait pris dans un piège de positionnement qu’il aurait lui-même mis en place. Au gré du vent des mécontentements, il se positionne afin d’en récolter les retombées en terme de sympathie et d’influence. De cette manière, il serait la voix du peuple. Sauf que son aura ragaillardi par son combat pour la chute d’IBK, aura pris un sérieux coup. Surtout que l’on le prête des talents de voltefaces pas vraiment digne d’un homme de Dieu. Pour beaucoup, il est facile pour Dicko de se dédire. Force est de reconnaitre qu’un certain enchainement des évènements donne du crédit à une telle affirmation.
Rappelons tout simplement qu’il avait affirmé après la chute du régime précédent que sa mission est finie et qu’il retournerait faire son travail à la Mosquée. Aussitôt dit, aussitôt dédit. Des regrets, il en exprime encore et toujours. Et il voudrait toujours être au centre de l’attention, jamais dans l’ombre toujours dans la lumière.
Ahmed M. Thiam