Manifestation contre la tenue du referendum : Le Régime tombe dans la violence !

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Notre constat est que les régimes en phase terminale  tombent toujours dans la violence contre leur peuple lorsqu’il y a des voix divergentes dans le cadre de la caporalisation du peuple. Les exemples sont nombreux en Afrique. Blaise COMPAORE en a payé les frais lorsqu’il a voulu faire voter la loi sur la révision constitutionnelle par l’Assemblée Nationale en octobre 2014. Avant lui le Président Abdoulaye WADE du Sénégal a tenté l’expérience qui n’a pas marché, les partis politiques et la société civile ont fédéré leurs stratégies pour le faire tomber en 2012 à l’élection présidentielle. Les violences n’ont rien servi et il a fini de ramasser ses valises de la présidence à l’Avenue Roume à Dakar pour s’exiler en France pendant longtemps laissant son Karim dans les mailles de la justice sénégalaise. Il y a d’autres exemples qui ont abouti  à  un coup de force des militaires dans des pays africains. Nous ne souhaitons pas ce cas au Mali, car nous ne sommes pas encore tirés d’affaire. Le pays est occupé au nord et au centre du moins partiellement. Même si le vote se faisait, alors que vont devenir ces territoires interdits à l’Autorité Centrale de Bamako ?

Ces voix seront-elles laissées pour compte. L’administration a abandonné ces lieux depuis 2012, et même ces points d’appuis constitués par des préfets et des sous-préfets ne sont plus sur place. Il en est de même pour les enseignants dont les écoles sont fermées. L’UNICEF dénombre au total 500 écoles fermées au nord et au centre du Mali. Toutes ces situations ne militent pas en faveur de la tenue d’un Référendum sur l’ensemble du territoire. Afin qu’un tel résultat soit validé, il faudrait bien qu’il se tienne sur l’ensemble du Mali. C’est pourquoi, il était important que le régime tienne compte des réserves des constitutionnalistes en la matière.

En 25 ans de démocratie le peuple a muri et sait choisir là où se trouve son intérêt et celui du pays. Toute dissonance entre les points de vue doit être considérée comme une contribution pour conforter la démocratie. Le peuple malien n’a pas fait sa révolution de 1991 pour se faire diriger par un autre dictateur à la faveur d’un soit disant Accord pour la réconciliation et la paix. Cette paix tant vantée dans l’Accord d’Alger n’existe pas jusque-là, deux ans après sa signature en grande pompe. Face à certaines idées à la mode prégnante et dominatrices, il faut accepter pleinement des esprits critiques qui vont contre cette mode. C’est souvent un choix personnel, mais l’expérience a montré que cette pratique évite le plus souvent de se trouver grugé et déçu. Voltaire disait à juste titre que les astronautes n’avaient pas le monopole de se tromper !

Cette formule peut s’appliquer à de nombreux hommes politiques et même certainement à IBK. En effet, les maliens seuls détenteurs de la souveraineté nationale doivent savoir ce qui est réellement en cause afin qu’ils puissent trancher, le moment venu en toute connaissance de cause, car eux seuls devront trancher.N’est-ce pas que dans les principes démocratiques, les citoyens se doivent de défendre la loi fondamentale de la cité plus fort que ses murailles. Pourquoi donc en vouloir à ceux qui veulent défendre la loi fondamentale du 25 février 1992 contre un contexte de changement très discutable.

Portalis, l’un des pères du code civil, nous rappelle, lui aussi, ‘’qu’il convient d’être sobre de nouveautés en matière législative et, à plus forte raison, en matière constitutionnelle’’. Malheureusement, rien de tel aujourd’hui n’existe dans notre pays. En fait, il ne s’agit pas d’avoir raison contre tous et bien malin qui pourra savoir ce que sera demain tant il est vrai que les situations peuvent évoluer dans des directions imprévues. Nous rappelons à IBK que la clé de toute politique est d’agir pour le long terme, de se méfier des modes et des réactions. L’immédiat peut devenir un piège redoutable, d’autant plus dangereux qu’une chute libre sur la tête. Comment peut-on comprendre que sur le Boulevard de l’Indépendance, des jeunes maliens, venus marcher pacifiquement pour dénoncer la réforme constitutionnelle, soient « gazés », pourchassés, arrêtés, matraqués et menacés par les forces de l’ordre ?

Très tôt, ce samedi matin, les leaders du mouvement « TROP C’EST TROP », mouvement qui a organisé la marche avec d’autres comme « ÇA SUFFIT » avaient pris place autour du monument de l’Indépendance pour accueillir les autres marcheurs. Les premières images postées sur les réseaux  sociaux montraient une forte présence policière. Malick KONATE, un des leaders du mouvement a légendé la dite présence policière en rassurant que les policiers disent être là, cette fois-ci, pour « encadrer » la marche. Le jeudi d’avant, lors de la première marche, les marcheurs avaient été « cantonnés » dans la Cour de la Bourse du Travail et empêchés de sortir. Quand ceux-ci ont voulu forcer le passage pour aller livrer leur message à la primature, les quelques deux cent policiers mobilisés se sont comportés comme de vrais cerbères. Comme résultat il y a eu des blessés et des pertes matérielles.Ce geste dépasse l’entendement dans un pays dit démocratique. L’acte posé par le régime en refusant à ceux qui ont un avis contraire sur un acte de gestion quelconque du régime prouve à suffisance que le régime est entrain de tomber dans une violence qui pourra l’emporter bientôt à l’image de la révolution du 26 mars 1991, car les prémices sont déjà là. Lorsqu’on constate que le sac de la trahison devient aussitôt lourd, c’est que le premier à trahir s’est retrouvé dans ledit sac !

Ivette GUINDO

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