Manifestation contre les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA : Les Maliens répondent à l’appel des autorités de la transition par une marée humaine

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L’appel lancé par les autorités de la transition après les lourdes  sanctions  infligées au Mali  par  la CEDEAO et l’UEMOA, pour  un sursaut patriotique  afin de défendre  la partie, la souveraineté du Mali, son intégrité, la dignité, l’honneur des Maliens,  a été répondu favorablement  par  les Maliens, le vendredi 14 janvier 2022. A Bamako, une marée humaine s’est amassée sur le boulevard  de l’Indépendance. Il en  était de même  à Kayes, à Tombouctou, à Gao, à Mopti, à Sikasso, à Kita, à Koutiala, à Ségou, à Bougouni, à Kadiolo, à Yanfolila, à Ménaka, à Taoudéni, pour  ne citer que ces localités, pour  écrire une nouvelle page de l’histoire du Mali.  Comme  un seul homme, les Maliens de toutes leurs  sensibilités, débout, sont sortis pour dire non aux lourdes sanctions  infligées par la CEDEAO  et l’UEMOA au Mali. De plus, ils ont réaffirmé leur soutien indéfectible  et total  aux  Forces de  défense  et de sécurité (FAMA). Le moins que l’on puisse dire, c’est que les autorités ont réussi à relever le défi de la mobilisation. Au-delà, les sanctions ont permis  aux Maliens, dans  leur grande majorité,  de se retrouver  autour  du Mali  pour son unité.

De nombreux slogans sur les pancartes, banderoles à l’endroit des  deux organisations sous régionales et de la France étaient visibles: «prêt à mourir pour la partie. La sauvegarde de la partie n’a pas de prix» ; «L’appel à tous les patriotes, c’est  le sursaut national, nous  sommes obligés  d’être là parce que le pays est en danger, parce que notre honneur, notre dignité sont concernés» ; «La sanction de  la CEDEAO et de l’UEMOA  a été exagérée ; elle est inhumaine  et même illégale» ; «On n’a pas besoin d’une leçon de la France et de la CEDEAO ou  de l’UEMOA. Un point c’est tout» ; «Nous voulons notre indépendance. C’est tout ce que nous voulons. Non  à l’ingérence»; «Nous sommes prêts à souffrir» ; «Nous acceptons la souffrance, mais on ne veut pas le diktat de la communauté internationale» ; «Le Mali en a marre de la Cedeao, de l’Uemoa, de la France»

Le premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, s’est chargé de réagir aux sanctions infligées par la CEDEAO et l’UEMOA à l’endroit du Mali,  le 9 janvier 2022, à Accra  (Ghana), sanctions  appuyées par  Bruxelles, Washington et Paris. Mais, il a tenu, dans ces moments difficiles pour le Mali,  a salué la Guinée, l’Algérie, la Mauritanie  pour leur soutien aux côtés du Mali  et des Maliens, de même que la Chine et la Russie pour avoir opposé  leur véto lors du dernier sommet de l’ONU sur  la situation  dans notre pays. «Il est important que la communauté internationale  comprenne  qu’il ne faut pas se tromper de peuple; il ne faut pas se tromper d’interlocuteur; il ne faut pas se tromper d’époque. Il y a des choses qui  ne peuvent  pas se passer en République du Mali.  Le colonisateur  a occupé  certains pays  en six mois. Il a fait 38 ans de guerre (1878 à 1916) pour pouvoir occuper  notre territoire  par les armes. Pendant  70 ans, il n’a jamais fait un an où il n’y a pas eu de révolte. Quand ce ne sont  pas  les Touaregs, c’est les arabes, c’est les Sonraï, c’est les Bobos, c’est  les sénoufos, c’est les Bamanans, c’est  les peulhs, c’est  les sarakolés. Ce sont les enfants, les fils, les petits fils et les arrières petits enfants de ces hommes là qui sont à la tête de l’Etat aujourd’hui », a fait savoir Dr. Choguel Kokalla Maïga.   La transition travaille selon lui. L’illustration, dit-il, en sept mois seulement, les FAMA  ont reçu plusieurs équipements militaires  que pendant les 20 dernières années au Mali. Aujourd’hui, plusieurs terroristes sont neutralisés et plusieurs autres se sont rendus. Pour finir, il a insisté que le pays reste ouvert au dialogue avec la CEDEAO et l’UEMOA malgré tout.  Choguel a informé la foule   du plan de riposte adopté en conseil supérieur de la défense nationale tenu ce vendredi 14 janvier, sous la présidence du président de la transition, colonel Assimi Goïta. «La sauvegarde de la souveraineté  du Plan a déjà  été adoptée et a demandé aux Maliens d’être rassurés», a-t-il dit.

Mais avant  lui, plusieurs autres intervenants ont fustigé le comportement injuste, inhumain, illégal des deux organisations sous régionales et de la France.  Pour Allaye  Bocoum, président de la  Convention pour le Mali (CPM), «le Mali n’est plus dans une phase de transition, mais plutôt dans la  refondation».  Adama Diarra dit «Ben le cerveau », membre du CNT, a dénoncé  le colonialisme que certains Etats veulent imposer aux Maliens et au Mali.  Selon lui, la CEDEAO et l’UEMOA doivent savoir  que le Mali d’aujourd’hui est différent des pays qui avaient suivi avant  les sanctions de la CEDEAO.  Le chérif de Nioro du Sahel, dans  une déclaration lue par son représentant, a appelé  les Maliens à soutenir les autorités de la transition, avant  de rejeter les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA. «Oui au retour à l’ordre constitutionnel, mais pas pour rapporter les erreurs du passé en organisant des élections», indique  le porte-parole du gouvernement, colonel Abdoulaye Maïga.  Autres participants n’ont pas manqué de manifester leurs mécontentements avant de se dire prêts à défendre le Mali. «Nous sommes derrière nos soldats qui sont en train  aujourd’hui de libérer le Mali.  Si c’est à cause de cela qu’on on veut déclarer la guerre au Mali, nous sommes tous débout», a  dit  Founé Samaké, ancienne ministre. «Le Mali est un miroir du monde. C’est  extrêmement important  que nous puissions  être ici nombreux, pour  dire que  parallèlement  à la mobilisation de la société civile, les peuples  aussi donnent de la voie», a fait savoir Aminata Dramane Traoré, ancienne ministre .  «La mobilisation de ce soir est à la hauteur de l’évènement. Le Mali a besoin de nous. Il a appelé ses fils et ses filles. Tout le monde a répondu à l’appel, car il s’agit de notre patrie », renchérit Sina Damba, ancienne ministre aussi. « Les Maliens de l’extérieur  comme les Maliens de l’intérieur, tout comme un seul homme, nous condamnons  avec fermeté cette décision de la CEDEAO. Nous nous posons la question de savoir  ce qu’on a fait  et ce qu’on a dit », a martelé le président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, Habib Sylla. «Fier d’être là en tant que malien, en tant que militant panafricain. Cette mobilisation montre à souhait que les Maliens sont  décidés à s’opposer à la décision de la CEDEAO et de l’UEMOA», dit Souleymane Doumbia, ancien ambassadeur.  « C’est une mobilisation unique  dans son genre et dans sa façon de faire. On peut même dire  que c’est une première dans  toute l’histoire  de l’Afrique que  le peuple se mobilise  derrière les autorités.  Bravo au peuple  de Modibo Kéita », a souligné Moussa Diarra, ancien député. Pour   Modibo Kadjogué,  ancien ministre, « un pays qui est en crise depuis plus de dix ans, je pense qu’on ne méritait pas ça du tout. L’appel que j’ai à lancer aux pays de la CEDEAO c’est de faire preuve de compréhension, de considérer que c’est un pays meurtri, que nous avons suffisamment souffert, et qu’ils devaient plutôt être à l’écoute, plutôt être au soin, nous aider, nous accompagner à sortir de la crise que de vouloir nous sanctionner».

Hadama B. Fofana

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