Manif de soutien aux putschistes maliens : Le M5 se dévoile

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À la faveur du coup de force du colonel Assimi Goïta contre la Transition au Mali, le mouvement du 5 juin (M5) qui a connu des turbulences et était entré en hibernation, a repris du service le vendredi dernier, sur la Place de l’Indépendance en vue du redressement de la Transition.

Une manifestation d’envergure pour célébrer un an d’anniversaire du mouvement sur fond de réconciliation interne, et qui ressemble, toutes proportions gardées, à un acte de soutien aux récidivistes putschistes de Kati conduits par le colonel Assimi Goïta qui s’apprête à prêter serment, le 7 juin prochain. Et cela,  pour mieux se légitimer dans le fauteuil du président Bah N’Daw déposé manu militari le 24 mai dernier avec son Premier ministre, Moctar Ouane.

Sauf erreur ou omission, cette manifestation du M5 est la première du genre en soutien à la junte militaire dont le coup de force a été unanimement condamné par la communauté internationale qui continue d’exercer la pression sur les hommes en kaki, en plus de la suspension du pays des instances régionale et continentale comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA).

Le M5 peut légitimement croire son heure venue

Et la sortie du M5, au moment où le mouvement n’a jamais été aussi proche d’installer ses pénates au sommet de l’Exécutif, ne semble pas anodine. En effet, les responsables du mouvement avait la dent dure contre le président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane qu’ils critiquaient  respectivement pour gestion distante et inertie à la tête de la Transition. Et le retour du M5 pour porter son soutien à la junte au moment précis où la transition civile a été décapitée, ressemble à un retour d’ascenseur à Assimi Goïta qui a promis le très convoité poste de Premier ministre au M5. Comme si dans une symphonie achevée, il y avait eu une collusion secrète dans une sorte de conspiration qui ne dit pas son nom, pour écarter l’incommodant Bah N’Daw et son Premier ministre de la conduite de la Transition afin d’en prendre le contrôle.  C’est dire si à travers cette manifestation de soutien à la junte, le M5 tombe le masque. D’autant qu’il n’a jamais digéré, et il ne s’en cachait pas, la façon dont les tombeurs d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) l’ont tenu à distance de la gestion de la Transition alors qu’il se targuait d’être celui qui a fortement secoué le cocotier  ayant conduit à la chute du régime d’IBK. À présent, il peut légitimement croire son heure venue, avec l’offre de l’homme fort de la Transition, de lui confier les rênes de la Primature.  Ainsi donc,  9 mois après la chute de Kankeletigui, le M5 et les putschistes de Kati se retrouvent enfin sur le même terrain de la gestion de l’après-IBK. Si c’est cela « la rectification » de la Transition, on est impatient de voir ce que va donner un tel attelage aux intérêts visiblement divergents.

Cette façon d’appâter le M5 avec le poste de la Primature, n’est peut-être qu’une ruse de guerre

Car, au-delà de toutes considérations, tout porte à croire qu’en s’invitant à la table de la Transition, le M5 veut non seulement, ici et maintenant, sa part du gâteau, mais cherche aussi et surtout, au-delà, à s’en servir comme d’une rampe de lancement pour mieux se positionner pour les prochaines élections.  Cela est de bonne guerre, pour toute formation politique qui aspire à la conquête du pouvoir d’État. Sauf que là, on n’a aucune lisibilité de l’offre politique qu’il a pour sortir le Mali de l’impasse,  au moment où les hommes en treillis donnent des signaux de plus en plus forts de leur volonté de concentrer l’essentiel du pouvoir entre leurs mains. Et rien ne dit qu’après avoir goûté aux lambris dorés du pouvoir, Assimi Goïta et ses camarades seront  encore enchantés par la perspective d’un retour dans leurs casernes au risque de perdre certains privilèges. En tout cas, en donnant l’impression d’être venus balayer la maison pour mieux s’y installer, les militaires au pouvoir à Bamako achèvent de convaincre que cette façon d’appâter le M5 avec le poste de la Primature, n’est peut-être qu’une ruse de guerre pour se donner un bol d’air à l’intérieur, face à la réprobation internationale. C’est dire si le Mali n’est pas encore sorti de l’auberge. C’est aussi  pourquoi l’on est curieux de voir si ce mariage ira jusqu’à son terme. Car, au risque de nous répéter, à moins d’être un pantin aux mains des putschistes, on ne voit pas comment le futur Premier ministre, fût-il issu de la plus grande force contestatrice du pays,  aura les coudées franches pour agir. On attend de voir.

A. Diallo

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