Maliennes des villes et des campagnes : Victimes des mêmes inégalités

0

La communauté internationale a célébré la semaine dernière la journée des femmes rurales. Le Secrétaire général du gouvernement, Mme Diakité Fatoumata N’Diaye, expose sa vision de la participation de ces femmes au développement national.

L’ESSOR : Les femmes intellectuelles et les femmes rurales sont-elles au même diapason ?

Mme Diakité : Permettez-moi de rendre hommage aux femmes rurales de notre pays pour les efforts qu’elles déploient au quotidien dans les activités agricoles et pour leur contribution inestimable au développement de leurs communautés dans les conditions les plus difficiles. Si elles ont été longtemps marginalisées, les femmes rurales sont actuellement prises en compte dans les politiques de développement. L’exemple le plus récent est la stratégie pour le développement du secteur agro-alimentaire au Mali adoptée par le gouvernement en Juillet 2011 et qui prend en compte les besoins des femmes rurales en matière de stockage, de transformation et de commercialisation de leurs productions agricoles. On assiste également à l’émergence de femmes rurales en politique. Ainsi sur les huit (8) femmes élues maires lors des élections de 2009, six (6) sont maires de communes rurales et une femme rurale a été élue député. Mais les femmes rurales sont soumises aux mêmes inégalités de genre que les femmes vivant en milieu urbain lorsqu’il s’agit de l’accès et du contrôle des ressources, de la prise de décision, elles sont également soumises aux mêmes pesanteurs sociales. L’opposition entre les femmes rurales et les femmes intellectuelles me paraît artificielle car les actions menées par les femmes intellectuelles le sont au bénéfice de toute la société et donc des femmes rurales. Ainsi par exemple, si la loi d’orientation agricole accorde des droits aux femmes rurales, ceci est en partie l’aboutissement de la lutte pour les droits des femmes rurales notamment pour leur accès à la terre. Il faut donc au contraire renforcer la collaboration entre elles par le biais de la formation, de l’information, des échanges d’expériences et des actions unitaires.

Que pensez-vous de la politique genre adoptée par le gouvernement ?

Mme Diakité : La politique nationale genre était fortement attendue par les organisations de femmes et par tous ceux qui œuvrent pour le développement économique et social du Mali, on ne peut que se féliciter de son adoption. Elle constitue un cadre d’orientation pertinent et cohérent pour l’action du gouvernement, des organisations de la société civile, des collectivités et des partenaires au développement. Elle se fonde sur une vision de la société dans laquelle pourront se reconnaître tous les maliens dans leur diversité : une société qui garantit l’épanouissement de tous (hommes et femmes) grâce à l’exercice à égalité de leurs droits, à une citoyenneté active et à l’accès équitable aux ressources dans un Mali émergent ancré dans des valeurs de justice, de paix, de solidarité. La prise en compte du genre dans les politiques conduites dans tous les secteurs clés du développement et avec tous les acteurs, contribuera au renforcement de la démocratie, au développement d’un capital humain constitué d’hommes et de femmes aptes à relever les défis de la lutte contre la pauvreté et du développement durable. Pour garantir le succès de cette politique il faut relever le défi de la communication et notamment remédier au déficit de connaissance des populations sur les vrais enjeux des questions de genre. Il faudrait en particulier lever la confusion entretenue autour du concept genre qui n’induit pas opposition mais bien complémentarité entre hommes et femmes. La société tout entière trouvera des bénéfices dans la mise en œuvre de telle politique et ainsi qu’il ressort du document « Si les hommes et les femmes jouissent des mêmes chances pour exploiter leurs droits, ils peuvent contribuer à part égale au développement économique, social et culturel et en tirer profit à part égale. »

Pensez-vous écrire un jour vos mémoires ?

Mme Diakité : Je vous avoue que l’idée n’est pas encore à l’ordre du jour car je dois encore me consacrer entièrement et pleinement à la fonction que les plus hautes autorités du pays ont bien voulu me confier, et qui me laisse très peu de temps pour l’écriture. Mais je compte un jour partager avec les jeunes générations l’expérience acquise au cours de l’exercice de mes différentes fonctions.

Propos recueillis par

C. DIALLO

Commentaires via Facebook :