Qu’il s’agisse du volet éducationnel, de la santé et de la vie sociale des albinos, il est désormais possible de se faire une idée sur les conditions de vie des personnes atteintes de l’albinisme au Mali. Dans un rapport d’enquête publié par l’association malienne pour la protection des personnes atteintes de l’albinisme (A. M.P.A-Mali) et ses partenaires, des détails ont été donnés sur le sujet.
Réalisée par A. M.P.A-Mali, Smart Business &Technology (Smart BT) et Mediasoft technology, l’enquête a été menée au moyen d’un questionnaire web, acheminé à des albinos de certaines localités du Mali (San, Tominian, Ségou, Kita et Bamako).Remis samedi 3 octobre aux hommes de médias, ce rapport précise que 546 albinos ont été, lors de cette enquête, soumis à de différentes questions. L’enquête visait à déterminer le nombre d’albinos déscolarisés ainsi que ceux qui n’avaient pas atteint l’âge d’aller à l’école. Elle cherchait à connaitre le nombre d’albinos qui avaient plus de 18 ans et qui subissaient des discriminations. A travers l’enquête, il s’agissait aussi de connaitre le nombre de ceux qui sont les plus exposés au cancer, ceux qui n’ont pas accès aux crèmes solaires et verres corrigés. Ainsi, sur les 546 personnes interrogées, 41,8% des répondants n’ont pas été scolarisés.34, 8% ont un niveau d’étude primaire. Sur 21,6% des albinos déscolarisés, 42% n’ont pas atteint l’âge d’aller à l’école, 8% ont des parents confrontés à des difficultés financières,4% ont des parents qui méconnaissent l’importance de l’école, et 46% ont des parents qui, par peur du rapt, kidnapping et des tortures des élèves sur les routes, n’ont pas voulu inscrire leur enfant à l’école.
S’expliquant dans ce rapport, certains parents estiment que les écoles sont loin des maisons, évoquant des problèmes de vue et de santé pour l’enfant albinos. Du rapport, il est à noter que 7% des répondants ont eu des difficultés majeures pendant leur cursus. Sur les 7%, la majorité avait des difficultés à lire et à écrire. Une situation due à des problèmes de vision faible, des picotements dans les yeux, des difficultés à voir le tableau et d’apprendre des leçons sans le verre corrigé. « Certains albinos se plaignent du fait que les élèves les qualifient d’homosexuels quand ils portent une casquette solaire, ou que leurs yeux sont les yeux d’un chat. Certains soutiennent être esseulés et victimes des propos discriminatoires des autres élèves », explique-t-on dans le rapport. S’ajoute à cela, le problème de verres corrigés. La grande majorité des répondants n’ont pas de verres corrigés, soit 82,23%.Cela est dû à des problèmes financiers, indique le rapport. En outre, 32,78% n’utilisent pas de crèmes solaires. Des problèmes qui, dans ce document, s’expliquent différemment : 23% disent être confrontés à des problèmes financiers, 22% disent que c’est très rare de s’en approprier, 14% ignorent que la crème solaire est utile pour la peau, 13% ne savent pas qu’il y a de crème solaire pour les albinos, 7% ne savent pas comment l’avoir, 4% n’aiment pas la crème,2% utilisent le beurre de karité à la place de la crème…
De la sorte, 50,37% ont des taches noires sur la peau. Parmi eux, 29% sont exposés au cancer. Parce que 18% ont des taches noires de niveau 2 et 11% ont des tâches de niveau 3.Or, mentionne-t-on dans le rapport, seulement 18,86% ont bénéficié du traitement. Ces données soulignent que 89,74% des élèves albinos disent être victimes d’injures, de sabotages et des discriminations qui se font par les autres à l’école. Toutefois, le rapport corrobore que « seulement » 20,15% des répondants bénéficient du programme de santé (AMO, ANAM,…).Sur eux, 22,22% bénéficient, grâce à leurs parents, de l’AMO, 13,89% par le canal du programme humanitaire, 5,56% le bénéficient à travers leur boulot, d’autres par le canal d’associations. Au sujet des agressions physiques dues à l’albinisme, 78,57% des personnes interrogées annoncent avoir été victimes. Au regard de la synthèse de cette enquête, il est clair que 43,53% des répondants parviennent à surmonter leurs difficultés grâce au soutien des parents. Néanmoins, indique le rapport, 23,18% des interrogés ont, en se montrant fiers d’être albinos, développé un état d’esprit fort à l’école.
Sans autre solution, 9,22% des répondants avouent se remettre à Dieu. Pour surmonter les difficultés, 8,38% ripostent par des bagarres, injures et menaces. « 5,59% des albinos interrogés ont le soutien des parents, amis, proches.1,68% participent à la vie associative afin de relever les défis.1,4% trouvent refuge dans les pleurs, 0,84% se retranchent dans la solitude pour surmonter leur difficulté. À la différence des 5, 31% des répondants qui n’arrivent toujours pas à surmonter leurs difficultés, 0,84% prennent la fuite, évitant des problèmes », lit-on dans le rapport.
Mamadou Diarra