Cet article est une analyse pour répondre à certaines appréhensions sur un régime militaire comme celui présentement au pouvoir au Mali. Aussi, les exemples référencés dans ce texte, peuvent servir de sources d’inspiration de nos autorités pour le développement de l’éducation et de l’économie au Mali. C’est finalement une source d’où les autorités maliennes pourraient tirer des leçons pour enrichir la politique malienne face aux groupes qui commettent de la violence.
Pour référence historique, l’Asie est passée d’une pauvreté abjecte à une économie paisible et prospère. Quelques-uns de ses pays ont connu des pouvoirs militaires d’exception. Je voudrais mentionner les expériences de la Corée du Sud et de l’Indonésie. Singapour a connu un régime dictatorial, mais pas militaire. Il faut noter entre-parenthèses que le Japon a aussi connu un régime militaire sous l’armée américaine qui a mis surplace les fondements d’un système politique, économique et social ancré dans la culture japonaise. Nous n’allons pas ici discuter de l’expérience japonaise. Notre brève étude ici couvrira les expériences de la Corée du Sud, de l’Indonésie et de Singapour. Ces pays ont connu des dictatures de longue date, mais à la fin, ils ont été très productifs. Ils ont réussi l’éducation universelle, construit des infrastructures comme des voies de chemin de fer, de bonnes routes, et développé la santé et surtout la stabilité.
Rappelez-vous que l’Indonésie, juste au début des années 2000,a été embourbée dans l’une des plus violentes insurrections dites « islamistes », mais elle a su la combattre et réussir la paix. Ce pays, après plusieurs années aux mains fermes du Général Suharto, le gouvernement indonésien, selon Caruso [1], « En s’associant aux populations au niveau local de la société indonésienne, face à l’influence et la légitimité à la montée du radicalisme, le gouvernement indonésien a construit un des réseaux de renseignement les plus proactifs au monde. Ce réseau est devenu la clé du succès de l’Opération Densus 88, après sa création en 2003.» Fait intéressant, « Au cours des 20 dernières années, l’Indonésie, le quatrième pays le plus peuplé du monde et la plus grande nation à majorité musulmane, est devenue une démocratie fondée sur la tolérance et une interprétation modérée de l’Islam, et a émergé comme l’un des plus dynamiques économies d’Asie “ [1]. Voyons l’expérience de la Corée du Sud.
En Corée du Sud, au milieu du développement rapide du pays, les Coréens ont recherché l’éducation comme moyen de sortir de la pauvreté. Une atmosphère sociale compétitive et des parents trop zélés avec la conviction qu’un bon diplôme collégial est devenu une condition préalable à une bonne vie, ont conduit à la culture du tutorat privé en plein essor qui menace l’intégrité de l’éducation publique. La Corée du Sud est désormais célèbre pour avoir l’une des fièvres éducatives les plus féroces au monde. Environ 67,1% des personnes âgées de 25 à 34 ans ont suivi un enseignement supérieur en 2015 déjà, le taux le plus élevé de l’Organisation de coopération et de développement économiques d’Asie. Ces progrès ont suivi un plan d’enseignement obligatoire, qui, à l’époque, ciblait les enfants âgés de 6 à 12 ans, a été proposé en 1946 et mis en œuvre en 1954. Le président, qui a mené une réelle campagne de mobilisation pour l’éducation, fut celui de l’époque, le General Park Chung-Hee, arrivé au pouvoir après un coup d’État militaire en 1961, a conservé un contrôle ferme sur le système éducatif pendant ses 16 ans de règne, en particulier sur l’enseignement supérieur [2].
En Corée du Sud, le général de division Park Jung Hee, qui a dirigé un conseil militaire à partir de 1961 a ensuite été président sous un gouvernement constitutionnel. Selon Brazinky [3] “En 1972, cependant, Park a soudainement décidé d’abandonner les institutions démocratiques, a aboli la constitution sud-coréenne et annoncé l’établissement de Yusin – un nouveau système derégime sévère et autoritaire. Qu’il était un autoritaire était incontestable. Cependant, le développement de la Corée du Sud ne peut être dissocié des contributions du président Park. “Sous la direction de Park, la Corée du Sud a développé un modèle de croissance économique axé sur les exportations dans lesquels un système de récompense a été offert aux grands conglomérats commerciaux (les chaebŏl) sous la forme de prêts préférentiels pour fabriquer des biens destinés à la vente à l’étranger. L’économie de la Corée du Sud a commencé à décoller régulièrement, atteignant des taux de croissance à deux chiffres au milieu des années 1960. » La Corée du Sud a rapidement dépassé sa faiblesse économique et de l’éducation sous-développée à travers sa volonté d’atteindre le développement en liant l’éducation à l’économie. Le Président Park a dirigé la Corée du Sud de 1972 à 1979 dans un régime non constitutionnel, ayant suspendu la constitution. Ya-t-il un doute à propos du développement splendide de la Corée du Sud ? Maintenant, passons un regard sur Singapour.
Singapour, que le Premier ministre Lee Kwan Yew a dirigé de1959 à 1990, pendant 31 ans, « tournant la cité-État d’Asie du Sud-Est en l’un des pôles économiques de la région [4], est un autre cas d’un pays qui dut tracer sa propre voie du développement par des efforts qui ont donné d’excellents résultats. L’expérience de Singapour est une intéressante source d’inspiration. « Les années entre 1959 et 1965 ont été significatives, voire historiques, dans l’histoire de la transformation de l’éducation et du développement économique à Singapour. En mai 1959, Singapour avait le statut d’autonomie gouvernementale, et un plan quinquennal (1961-1965) a été mis en œuvre afin d’améliorer le niveau d’instruction de la population. Fredriksen et Tang [5] écrivent que la priorité était de fournir une éducation primaire gratuite pour tous. Ils ont également introduit les universités d’enseignement supérieur. Un grand nombre d’établissements d’enseignement supérieur ont vu le jour. Certaines de ces institutions sont très prestigieuses, comme le Singapore Management University, Université de technologie et de design de Singapour, Institut de la technologie et l’Université SIM. [6].
Résumé
L’histoire a montré que des pays prospères, comme Singapour, la Corée du Sud ou l’Indonésie, ont chacun tracé une voie unique à leurs réalités. Chacun de ces pays a émergé de l’autocratie après plusieures années dans un système non-démocratique. Les mains fermes qui dirigeaient ces pays étaient pour la plupart des officiers militaires. Ils ont réussi à jeter des bases solides pour leur pays grâce à l’éducation et la croissance économique endogène en créant des industries de transformation des produitslocaux aptes à l’exportation. Ces cas nous interpellent au Mali de la nécessité de cibler une éducation publique universelle de qualité.
La Rédaction
Sources
[1] Caruso, P. (2018). Indonesia and the Middle East: Exploring Connections.
https://www.mei.edu/publications/indonesia-and-terrorism-success-failure-anduncertain-
future+++
[2] Yoon Min-sik. (2015).Education underpins Korea’s rapid growth. https://www.koreaherald.com/view.php?ud=20150816000348
[3] Brazinky, G.A. (n.d.). Park Chung Hee (1917-1979)
https://digitalarchive.wilsoncenter.org/resource/modern-korean-historyportal/
park-chung-hee
[4] Branigin, W. (2015). Lee Kuan Yew, who led Singapore into prosperity over 30-
year rule, dies at 91.
https://www.washingtonpost.com/world/asia_pacific/lee-kuan-yew-who-ledsingapore-
into-prosperity-over-30-year-rule-dies-at-91/2015/03/22/00f7ccbe-d0d4-
11e4-a62f-ee745911a4ff_story.html
[5] Fredriksen et Tang. (2008). An African exploration of the East Asian education experience.https://doi.org/10.1080/02188791.2011.594584
[6] Seoung Jae Lim (2018). The development of education in South Korea (Analysis
on basis of relationships between higher education development and economic
growth). https://scholarworks.calstate.edu/downloads/zw12z7550
pourtant personne ne s’inspire du mali.
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