Au Mali, les autorités de la transition ont ordonné la suspension sur toute l’étendue du territoire les manifestations liées à la sensibilisation sur la lutte contre la violence basée sur le genre. Le gouvernement évoque des raisons sécuritaires.
Alors que nombreuses associations de défense des droits des femmes s’apprêtaient à organiser une série de manifestations pacifiques contre la violence basée sur le genre, le gouvernement a pris une mesure obligeant ces organisations de surseoir. C’est le Ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la Famille qui a été chargé par le sommet de l’Etat d’informer les organisations féminines de la suspension de ces manifestations. « Le ministère nous a ordonné de surseoir à toutes les manifestations. Il a évoqué des raisons sécuritaires sans donner plus de détails », nous confie une source anonyme au sein de l’organisation féminine Wildaf. A Ségou, à l’intérieur du pays, plusieurs organisations de défense des droits de Femmes s’étaient données rendez-vous dans une place publique le mardi pour la cause de la lutte contre la violence basée sur le genre lorsque le gouverneur a demandé aux organisateurs de surseoir à la dite manifestation.
Célébrée chaque 25 novembre depuis sa proclamation en 1999 par l’Assemblée Générale des Nations-Unies, le Mali a toujours, à travers le programme national de la lutte contre la violence basée sur le genre, respecté la tradition. Elle est l’occasion indiquée par les organisations féminines et de défense des droits de l’Homme de sensibiliser le monde sur les violences faites aux femmes et aux filles et interpeller ainsi les citoyens et les gouvernements afin qu’ils s’engagent pleinement à mettre un terme à toutes ces formes de violence. Cette journée est célébrée pendant 16 jours au Mali durant lesquels les femmes organisent des caravanes de sensibilisation et multiplient les initiatives dans toutes les grandes villes pour interpeller les décideurs sur les nombreux cas de violences basées sur le genre.
Au Mali, les statistiques sur les violences basées sur le genre sont d’une grande préoccupation. Selon l’UNFPA, le taux d’excision chez les femmes âgées entre 15 et 49 ans atteigne les 90%. A cette liste s’ajoute, les cas de mariages forcés ou précoces, déni de ressources, des mutilations génitales.
Dans l’espace de la communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest, le Mali est l’un des rares pays qui ne possède pas de législation punissant les violences basées sur le genre. La validation d’un avant-projet de loi porté par le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et ministère de la Justice pour réprimer les violences basées sur le genre reste en attente sur la table du gouvernement. A défaut d’une loi, ce sont les associations de défense des droits de l’homme et le code pénal constituent le seul gendarme contre les VBG.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net