La politique Malienne est bloquée, personne ne peut le contester, au-delà même de ce qui est supportable.
La critique de la qualité du personnel politique ne mène nulle part. C’est un poncif vieux comme la politique, et tous les virer n’est, pas plus maintenant qu’autrefois, la solution.
Les politiciens que l’on a depuis des décennies ne sont pas mauvais par nature, ils sont pervertis par un système politique qui ne s’appelle pas démocratie et qui n’a jamais été voulu comme tel.
De la même manière, changer les institutions et la Constitution, en croyant que faire table rase change la situation, est une impasse. Ce n’est pas le cadre qui compte, mais la manière dont il fonctionne. L’important est la circulation des élites et des gens qui sont au pouvoir.
Le Mali a un problème depuis l’avènement de la démocratie en 1992, avec des élites politiques qui ont échoué, mais qui s’accrochent et qu’on n’arrive pas à déloger.
Le blocage est double, à la fois technique et culturel.Nous sommes avec un système politique dont l’accès est cadenassé, et un tissu associatif structurellement incapable de faire contrepoids et de présenter une alternative, capable de fournir les cadres de remplacement.
Les règles du financement de la vie politique ont complètement bloqué le renouvellement de la classe politique.
Le financement public est essentiel, si ce n’est indispensable. Il est basé sur le résultat des législatives, et le nombre de conseillers communaux. Il n’est raisonnablement possible de créer un nouveau parti politique qu’une fois tous les 5 ans. Entre les deux intervalles, celui qui fait dissidence part en laissant à ses adversaires la structure du parti, et donc l’argent, se retrouvant à fonctionner (et à préparer les législatives suivantes) avec des bouts de ficelles..
La classe politique ne s’est pas contentée de mettre ce cadenas, elle a aussi complexifié le remboursement de la caution pour la candidature à l’élection Présidentielle avec des règles byzantines qui excluent de fait les “amateurs” et les débutants.
Le changement des règles électorales en cours fermera la porte aux candidatures isolées. Dès qu’un scrutin est à la proportionnelle, il faut monter une liste, ce qui veut dire avoir des relais et une capacité à mobiliser. A l’échelle d’une commune, c’est encore possible, mais pas pour une région.
Se présenter en indépendant est devenu impossible, il faut avoir une structure derrière soi. Structure que l’on ne peut créer qu’une fois tous les 5 ans.
Un parti est avant tout une machine à distribuer et gérer le pouvoir. Le problème c’est que chaque nouveau militant projette ses propres désirs dans ces nouvelles organisations.
C’est d’ailleurs pour cela que tous les petits partis risquent d’échouer. Tout repose sur un homme, dont le programme reste faible, notamment sur des sujets qui divisent. Le jour où on ira dans les détails, des tendances se créeront. Le jour où il faudra investir des candidats, des tensions apparaîtront. Le jour où il faudra faire des alliances pour gagner du pouvoir (une ville, une région, une circonscription), la chose explosera.
En réalité, la plupart des partis Politiques au Mali sont des groupuscules sans la capacité de faire campagne, et surtout, des partis qui ne veulent pas gouverner mais témoigner.
Il faut créer des partis qui ont vocation à obtenir des scores significatifs aux élections, en quadrillant le territoire. Tous les « petits partis actuels » vont échouer, mais ce sera à cause du carcan actuel, et de l’incapacité à trouver, dans la société civile, des réseaux capables de les faire émerger.
La porte est bien fermée, à double tour !
Le deuxième problème, culturel, vient de très loin, c’est notre incapacité à construire une société civile digne de ce nom.
Le Malien râle beaucoup, mais ne retrousse pas ses manches pour régler lui même les problèmes. Il exige que l’Etat le fasse.
C’est l’héritage très direct de nos « Empires », où un monarque tout-puissant pourvoit aux besoins de son peuple. Si le pays est mal dirigé, c’est de la faute des ministres, et il suffit que le roi soit informé pour que les malheurs cessent.
A cette culture de sujétion politique, s’est ajouté l’héritage de plus de 23 ans de dictature, qui a détruit les corps intermédiaires. Cela se ressent encore douloureux
Aujourd’hui, quand on regarde chez nos voisins (Burkina, Sénégal etc.), et que l’on voit la vitalité de leur “société civile” avec des fondations, des associations très puissantes, bien dotées financièrement.
Notre tissu associatif est minable à coté de cela, et quand il est un peu développé, c’est parce que l’Etat subventionne. Les Maliens ne donnent quasiment pas, et quand ils le font, c’est pour prendre le contrôle. Donc au final, c’est l’État qui paye.
Dans le secteur politique, les ONG et les associations “militantes” pour des causes d’intérêt général sont cacochymes, manquant de fonds et de personnels pour développer une action, alors que politiquement, ils ont un boulevard devant eux.
Imaginez ce que cela donnerait, si le Collectif BI-TON avait une dizaine de salariés et plusieurs millions de FCFA de budget par an et était en mesure de mobiliser un réseau de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans le pays…
Si notre pays est bloqué, c’est parce que la société civile n’est pas organisée et puissante, et a laissé la classe politique prendre ses aises. Le moment est peut-être venu de se bouger, en donnant une ossature digne de ce nom au réseau des associations qui font de la politique (au sens noble du terme) et que l’on déverrouille l’accès au système démocratique.
Pour cela, il faut s’investir, pas seulement râler
Séga DIARRAH
Porte Parole du Collectif BI-TON
Bi-ton.org
Hypocrisie, quand tu nous tiens !
Tous les mêmes ces maliens de l’ère démocratique.
Ils se lamentent tous, mais jamais d’initiatives.
Jamais vu une nation aussi pourrie,du sommet à la base.
Les touaregs ont tout fait raison, ils sont maliens mais L’État ne fait rien pour eux.
Donc Azawad.
Analyse pertinente Séga Diarrah!
J’ajouterai simplement que le noeud du problème c’est l’engagement politique même dans notre pays. En effet :
– Un parti politique ne doit -t-il pas être la concrétisation d’une idée et d’une vision pour le pays?
– Comment comprendre que dans un pays d’environ 15 millions d’habitants il yait autant de partis politiques? ou qu’au bout de 5 ans (ou moins) un parti politique eclate en 2, 3 voire 4 partis?
– Est ce le nombre ou la qualité des partis qui compte?
– Le malien adhère ou crée un parti politique (ou même une association) pour servir le pays (le quartier, la commune, la region) ou se servir?
A mon avis, de la resolution de ses problèmes depend le devenir politique (et pas que) de notre pays.
Séga DIARRAH, vous faite une bonne annalyse mais vous oublier de parler de cette corruption qui est devenue la seconde nature du Malien.
Le Malien à 3 problèmes: corrompu par la religion qui est devenue chez nous une culture de fatalité: alla Kabo, niato allama,
corrompu par le m’as tu vu, dès qu’on a une petite réussite on veut donner aux griots pour être dans les petits plats du jour,ce qui renforce la corruption.
Le clientélisme a outrance j’en passe.
si nous voulons combattre ces maux,il faut les personnes qu’ils faut à la place qu’il faut.ont l’aura gagnée la bataille que vous proposée.
…Behh OUI…la corruption…!Sauf que parler de la corruption n´est pas son propos ici…et si on parlait de ce qu´il a écrit, cela changerait…!
Et c´est déjà gd´ch que vous en parliez!
Comrades the lessons the so called elite have learned from the incompetent of European governments fuel the abyss of poverty plus misery in Mali. They toy with the psychology of matters. I am well versed in like matters being I for years underwent “brainwashing “attempts designed by B.F. Skinners plus many other western elite psychology professionals. At times they combined multiple systems including those of the Russian Pavlov. This is why I pay attention to the games the drug addict Malian government play on the Malian people. We all know their way which keep them in power is not the way for Mali plus most certainly is far from the best way for any African nation. Their way will have to be dismantled but before it is dismantled we have to make sure we have sufficient number of capable people to govern at every level. The incompetent Malian government knows how it will be dismantled which is by the military who will temporarily install a military head as Malians organize for a new civilian led government. The cause the military will act is the current government have proven incompetent to degree it is unable to secure much needed arms plus equipment instead it is sold outdated supplies that if not sold to Mali would be part of a scrap metal supply. No modern day nation is able to survive under like condition. The military will be backed by those who have the international credibility to obtain modern equipment plus arms for a loyal, disciplined plus adequately trained Malian military. I am so. Therefrom peace, equitable development plus security will properly be employed. Under the cocaine addicted government nothing works as it should plus ever will unto the government is no longer a factor in Mali. Keep it real. Very sincere, Henry Author Price Jr. aka Obediah Buntu IL-Khan aka Kankan.
Bravo, très belle analyse de la situation au Mali. J’espère que ton collectif BI-TON relevera ce defi. Ici, il y a du contenu, de la matière, tout ce dont le Mali a besoin. Un débat d’idée et non des attaques personnelles. Courage
Très belle mise en perspective Monsieur de cet des lieux de notre maison politique et sociale!
Comments are closed.