Un responsable du Haut Conseil Islamique révèle: « IBK nous a demandé, il y a quelques semaines, de prier à la grande Mosquée de Bamako pour qu’Ebola n’entre pas au Mali, que la pluviométrie s’améliore et que les pourparlers d’Alger aient une issue favorable[1] ». On a eu la pluie, on a Ebola et on doute de l’issue favorable pour le Mali des pourparlers d’Alger.
Toujours d’après la même source, « A cette occasion, il a publiquement demandé aux leaders religieux de lui faire dénoncer toute mauvaise pratique, leur disant qu’ils répondraient devant Dieu de leur éventuel silence face au mal. Nous avons décidé de l’éprouver en lui demandant d’interdire l’élection Miss ORTM, qui est indécente et contraire aux valeurs musulmanes. Demain, nous lui demanderons aussi de faire interdire, à la télévision publique, les feuilletons obscènes ». Et après-demain? On se demande comment avec autant de mosquées, de religieux, de marabouts, de sacrifices, notre pays n’est pas « number one » mondial ! Peut-être que les autres pays qui ont préféré misé sur l’éducation et la santé comme pré-requis à tout développement sont maudits. Et si on construisait moins de mosquées et formait avec ces fonds plus d’instituteurs et de personnel médical ?
Tout comme les puissances occidentales et nos dirigeants, les religieux défendent leurs intérêts, y compris aux dépens de ceux de la population. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que l’alliance « du sabre et du goupillon » a fait et continue de faire l’Histoire des peuples, pour leur malheur. La religion, quand elle s’éloigne de la foi et de la spiritualité, est instrumentalisée et devient prétexte à domination d’un groupe (ou d’un homme) sur un autre. Quelle religion peut se targuer de détenir à elle seule la Vérité à imposer au monde entier ? C’est au nom de la religion que l’esclavage, la colonisation et l’apartheid ont été légitimés. Ce sont bien les Arabes musulmans qui, « à partir du XIe siècle au moins, désignent Cham comme l’ancêtre du peuple noir (tandis que les Arabes et les Juifs descendent de Sem, et les Européens de Japhet). Bien que le mythe de Cham ne serve pas d’explication principale, les peuples noirs sont rapidement considérés comme inférieurs et-ce en contradiction avec la révélation coranique et asservis en conséquence[2] ».
En Afrique noire, islam et christianisme ont été imposés par les armes. Colonisation et apartheid suivent la même logique pour justifier l’accaparement des richesses et l’asservissement des populations, devenu nécessaire au fur et à mesure que se développait un capitalisme agricole et minier, puis industriel, grand consommateur de main d’œuvre. Ce n’est pas un hasard si le fait religieux est si profondément ancré dans une société américaine aussi injuste socialement que « racialement », comme viennent de le rappeler les émeutes de Ferguson. Ce n’est pas un hasard si les djihadistes ont suivi le MNLA dans la conquête du Nord du Mali. Ce n’est pas un hasard si certaines puissances accompagnent plus ou moins ouvertement le MNLA dans sa rébellion. Les mythes ont la vie dure et les mêmes mythes, hier invoqués par les calvinistes hollandais émigrés en Afrique du Sud, puis rationnalisés par Gobineau et son « Essai sur l’inégalité des races humaines[3] » au milieu du 19è siècle, sans oublier l’idéologie antisémite et nationaliste des nazis allemands issue de l’antisémitisme chrétien médiéval, la folie meurtrière du Ku Klux Klan américain qui prône la suprématie des Américains d’origine européenne et de religion protestante, sont à l’œuvre, de façon plus ou moins inconsciente, chez les acteurs impliqués dans le conflit du Nord. Les motifs religieux qui poussent à la haine et à la guerre dissimulent mal un désir pathologique de pouvoir, d’accaparement des richesses et offrent à des psychopathes une justification et un environnement parfaits pour la perpétration de leurs perversions meurtrières. Ne confondons donc pas foi, qui relève du domaine strictement individuel, et religion, qui est la volonté d’individus d’organiser, voire d’imposer une forme de société qui respecte plus ou moins la liberté de pensée de chacun.
Comment expliquer la revendication d’un Azawad soi-disant « historique » par des populations nomades, qui, par définition, ne connaissent pas de frontières. Une revendication territoriale transfrontalière serait plus proche de leur réalité et aurait plus de sens… Pourquoi vouloir l’imposer au Mali et pas au Niger ou au Tchad par exemple, puisque que c’est le fait d’être né Targui qui prime celui d’être un «ressortissant national » ?
A quand le vaccin anti KKK ?
Mais face à tous ces préjugés et manipulations, qu’opposons-nous ? Des dirigeants corrompus qui tuent jour après jour leur peuple du fait de leur mauvaise gouvernance, avec la complicité reconnaissante de la communauté internationale. Des gouvernants qui vendent pour une bouchée de pain nos richesses aux étrangers qui ne se gênent pas pour les piller, tout en bénéficiant d’une main d’œuvre non alphabétisée et asservie par des salaires de misère. Une population perdue dans un égoïsme exacerbé par la misère, qui a fini par se convaincre que le vol et la mendicité, la loi du plus fort, c’est-à-dire du sans foi ni loi, sont les seules façons de construire une vie. Notre Président a beau s’égosiller à Dakar sur Ebola : « Ebola tue. Ebola n’est pas un mythe. Ebola est une réalité », il ne nous fera pas oublier que sa mauvaise gouvernance, à la suite de celle de ses prédécesseurs, tue bien plus qu’Ebola.
Avec les milliards de francs CFA engloutis en moins d’un an par le KKK[4], combien d’enfants sont morts ou mourront de ne pas avoir accès à un centre de santé, à un médicament trop cher ou tout simplement à une nourriture équilibrée et à une eau propre ? Combien de personnes tuées par le paludisme faute d’accès aux soins ? On nous anesthésie avec des campagnes de moustiquaires imprégnées qui font la richesse d’industriels étrangers, tandis que personne ne s’attaque réellement à la cause de cette maladie et de bien d’autres : la gestion de l’environnement et des déchets. Peut-être qu’après Ebola, nous aurons droit à la peste transmise par les rats…Combien de femmes déchirées, « fistulées » et reléguées au ban de la société parce qu’elles ne peuvent pas accoucher dans des conditions décentes ? Combien d’enfants à l’avenir mort-né parce que sortis quasiment illettrés d’une école délibérément mise en faillite ? Sans parler de l’état de l’armée et du reste. Qui trouvera le vaccin pour éradiquer ce mal bien plus dangereux qu’Ebola, qui n’est après tout, qu’une des conséquences parmi d’autres, de cette gangrène qui nous enfonce de plus en plus dans les ténèbres de l’anarchie. Qui connaît la maladie endémique dont est chroniquement atteinte l’administration malienne, sait bien qu’un billet un peu plus gros que d’habitude aidera à fermer les yeux et ouvrira bien des frontières pour laisser passer tous les maux qui toqueront à nos portes. Tout le reste n’est que verbiage hypocrite qui commence à sérieusement lasser.
Quant à ceux qui font semblant d’y croire, le Burkina faso leur a tranquillement rappelé qu’il ne sert à rien de s’en prendre au messager ou de casser le thermomètre. Bigot a été renvoyé parce qu’on n’avait pas envie d’entendre la vérité ? On propose un poste international à un criminel qui ne veut pas assumer les conséquences de ses actes et pense qu’il peut marcher sur son peuple ad vitam aeternam ? En réponse, l’Histoire, si imprévisible, ouvre un autre champ du possible. C’est parce que cela est qu’il ne faut pas baisser les bras, parce que tout commence par un et que la fatalité n’est que le reflet de notre peur de prendre en main notre destin.
Pour en revenir à la religion, il est arrivé qu’elle accompagne les peuples dans la lutte pour leur libération. Nous pensons à Martin Luther King, à Desmond Tutu, aux prêtres ouvriers français, aux théologiens de la libération en Amérique latine. Dans son combat pour sortir son peuple de l’oppression, ici et maintenant et non dans un autre espace temps, les hommes de foi jouent alors leur rôle en tant membres d’une communauté de destin. Ils mettent leur foi au service de leur prochain et sont moins soucieux d’imposer une vision totalitaire du monde que de rendre un peu de liberté à l’opprimé. Il semblerait que chez nous, les religieux utilisent l’espoir des pauvres en un monde meilleur, comme un outil de pouvoir bien ancré dans la réalité du moment afin d’imposer leurs propres vues et non celles du peuple. Comment comprendre autrement, qu’avec tous les problèmes que vivent les Maliens, on veuille leur faire croire que cacher le joli minois ou la silhouette sculpturale d’une jeunesse affriolante, est la solution miracle. Notre malheur vient du fait que nos dirigeants qui, depuis plus de trente ans, font la preuve de leur incompétence et ne pensent qu’à se faire exploser la panse, tandis que celle des citoyens se creusent inexorablement pour atteindre une taille mannequin qu’ils ne souhaitent pas, ne reculent devant rien pour sauver leur trône.
La vraie obscénité ne s’étale pas sur un écran où bêtifient des sous-acteurs étrangers, elle s’exhibe sous nos yeux, dans les turpitudes de Maliens bien de chez nous qui enfoncent leurs compatriotes dans la misère et la tombe.
Tous unis pour tuer le Mali
L’obscénité réside dans la bouche de ce ministre qui demande aux journalistes de « s’investir pleinement dans la lutte contre Ebola. Il s’agit désormais d’une grande cause nationale qui nous implique tous. Les medias, radios, TV, journaux, et sites Internet disposent d’un formidable levier pour informer nos populations sur les réalités de cette maladie, et surtout sur les moyens de la prévenir[5].» Qu’ont-ils fait depuis tout ce temps pour prévenir la maladie ? Ah oui, c’est vrai, ils étaient empêtrés dans une histoire de gros sous, cette autre maladie chronique assassine. Et quand ils agissent, voici le genre d’injonctions auquel nous avons droit :« Tous pour un Mali sans Ebola » ! Ebola n’a qu’à bien se tenir. Les campagnes de communication de tous ces « humanitaires développeurs » sont de vrais poèmes et mériteraient un article !
Mais le but n’est pas d’être efficace contre Ebola, n’est-ce pas ? Grâce à cette affiche, le Mali peut montrer aux bailleurs où est passé leur argent, ces derniers regarderont si les procédures ont été bien respectées et si leur plan de communication a été bien suivi, mais surtout pas le résultat auprès des populations destinataires, le Ministère concerné a sans doute croqué une bonne partie de l’argent alloué à cette campagne « percutante », l’OMS et l’UNICEF ont justifié les salaires mirobolants « multirisques » de leurs agents (c’est que ça rapporte le business de la misère). Ebola peut tuer, chacun a fait son job et personne n’aura rien à se reprocher. « Tous unis pour tuer le Mali » car pendant ce temps, les « partenaires restent inquiets de la tiédeur du corps médical malien vis-à-vis de leur engagement sur le front de la lutte anti-Ebola comparés au personnel de santé en Guinée. Autant de médecins, d’infirmiers, d’étudiants en médecine, de secouristes devraient pourtant être un atout[6]. » Les étrangers sont bien venus faire la guerre au Mali à la place des Maliens, alors pourquoi n’iraient-ils pas mourir d’Ebola pour sauver les mêmes intérêts ? Quand les fonds qui sont versés, à fonds perdus pour nous, ont fabriqué à la chaîne des assistés qui ne lèvent pas le petit doigt tant qu’ils ne perçoivent pas leur dîme, de quoi s’étonne t-on ? Vous pensez qu’injecter des milliards suffit à régler nos problèmes ? Vous pensez que le Malien ne comprend pas que ces milliards iront ailleurs et que ce coup-ci, il risque directement sa peau (si je puis dire) avec cette maladie ? Pourquoi et pour qui irait-t-il abréger sa vie? C’est peut-être une vie de souffrances, mais c’est la sienne et il y tient, autant que vous à la vôtre.
« Dernier défi : les ressources. A Kouremalé Mali, le reporter de Reuters décrit pratiquement des médecins aux pieds nus, sans masque et avec une paire de gants quand il y en a. L’épidémie ne se combat pas dans le dénuement. Même si le budget proposé le 4 novembre par le Ministère de la Santé à nos partenaires a peu de chances d’être financé en raison de son coût surtout : plus de six milliards Cfa en trois mois et dix huit milliards pour six mois si l’épidémie doit s’étendre ![7] ». A rapprocher du coût supposé de l’avion et des surfacturations diverses et variées.
Mais entre nous, quelle bénédiction cette nouvelle maladie ! Il faut bien ça pour détourner le regard des scandales financiers dans lesquels nous pataugions. Ebola tue largement moins que les milliards qui sont détournés, mais qui s’en soucie ? Les Maliens pensent qu’Ebola est un prétexte pour attirer les fonds des bailleurs effrayés ? Personne ne s’en émeut, et surtout pas en haut lieu. Quand un peuple arrive à croire que ses gouvernants sont capables de « diffuser » une maladie pour faire rentrer des sous dans le seul but de les détourner, on comprend la profondeur de l’addiction et on se demande jusqu’où faut-il que le Mali s’enfonce pour que les Maliens imposent enfin les limites à ne pas franchir.
Toujours dans la même interview, le même ministre regrette : « … que l’on cherche à déstabiliser l’Etat, à salir l’image de ses dirigeants, et à faire croire que le Mali est isolé, et que ces audits ont entrainé la rupture avec les bailleurs. C’est totalement faux. La France a annoncé il y a quelques jours 72 milliards d’aide budgétaire directe, et la Banque mondiale 36 millions de dollars de crédit et 27 millions de dollars de subvention, le 18 novembre. Ceci est un signal fort qui témoigne de la confiance à nouveau placée en la gouvernance malienne ». Mais non Monsieur, on ne salit pas l’image des dirigeants du Mali, ils font ça très bien eux-mêmes et sont même champions du monde dans cette catégorie. Croyez-nous, on aimerait admirer nos gouvernants pour leur patriotisme, chanter les louanges d’un guide animé, dans chaque acte qu’il pose, de l’amour qu’il porte à son peuple et non à sa famille et à son Klan. On ne cherche pas à déstabiliser l’Etat, il y a déjà bien longtemps qu’il a vacillé et ne tient qu’à un fil. Vous êtes si fier d’annoncer la reprise des financements, si euphorique de compter tous ces milliards qui dansent sous vos yeux, comme si vous accédiez enfin à l’antichambre d’un paradis artificiel. Souffrez que des Maliens ne confondent pas politique et mendicité, même élevée au niveau d’un art supérieur. Vous êtes comme le talibè qui court fièrement exhiber à son Maître les quelques pièces que des passants, pris de pitié, jettent dans sa sébile. On a les maîtres qu’on peut et à chacun son honneur !
L’obscénité est dans cet avion que nous payons et qui appartiendrait à une société privée créée pour la circonstance dans un paradis insulaire. Voilà ce que c’est que de faire confiance à des proches, certes, mais non moins incompétents. Un montage financier mal ficelé et voilà l’avion en pleine zone de turbulence. Nous payons un avion qui n’appartient pas au Mali et payons une deuxième fois quand Sa Seigneurie s’en sert. On comprend mieux pourquoi notre Président ne reste pas en place : plus il voyage, plus quelqu’un qui n’est pas le Mali qui lui s’appauvrit, s’enrichit quelque part dans le monde. Et c’est sûr, il l’a dit et répété, ce n’est pas lui. On veut bien le croire mais qu’il nous dise à qui il verse les revenus générés par la location.
Il ne suffit pas, quand on vous pose la question, de prendre des accents gaulliens pour déclarer « Je n’ai d’action nulle part dans le monde et ce n’est pas à 70 ans que je vais devenir un brigand… Je ne suis pas un menteur[8].» Quand en 1958, le général De Gaulle dit à ses détracteurs qui ne veulent pas d’une nouvelle Constitution : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? », il a derrière lui la Résistance et a largement prouvé son amour pour sa patrie. Et vous, où sont vos preuves d’amour pour votre patrie ? Qu’avez-vous fait, que faites-vous pour sauver votre pays ?
Quand on vous demande de vous exprimer face à la nation sur les scandales en cours, vous déclarez, sans rire : « Je n’ai aucun complexe. Vous m’incitez à m’adresser à la nation. Je ne le ferai jamais. Sans arrogance. Je ne suis pas à la barre ». Sans arrogance ? Mais qui vous a fait roi ? Puisque vous aimez vous référer à De Gaulle, c’est bien grâce à sa modification de la Constitution en 1962 que vous avez pu être élu au suffrage universel et bénéficier d’un système qui fait la part belle au Président. Car, comme nous savons si bien le faire, nous nous sommes contentés de faire un copier coller de ce qui vient d’ailleurs, sans nous demander si c’était cela qui nous convenait. Lorsqu’en 1969, De Gaulle a souhaité retrouver une légitimité après sa gestion catastrophique de la crise de Mai 68, il a organisé un référendum qu’il a perdu. Désavoué par le suffrage universel, il en a tiré les conclusions et a démissionné, alors que rien ne l’y obligeait. Mais vous, vous enfoncez le clou, déclarant que vous seriez prêt à refaire la même chose si c’était à refaire. Contrairement à vous, nous apprenons de nos erreurs et vous confirmons que nous ne referons certainement pas la même chose si c’était à refaire : nous ne voterons pas pour vous, et tripatouillage ou pas, pour votre fils non plus.
Aïda H. Diagne, pour Option
last time dy asked d president to com to saudi aiirba 4 setlement, nonsense!!!! i tink obj is just criticizin GEJ bcos wat BH wants is an islamic state which is nt posible
You know what, I’m very much inielncd to agree.
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