Il y a de cela trois semaines, dans notre dernière parution avant d’aller en vacances à cause du mois de ramadan, nous titrions dans notre rubrique Il faut le dire… sans rancune : « cette classe politique qui est incapable de dire niet ! »
Ce que la classe politique a été incapable de faire, la jeunesse des réseaux sociaux, l’a fait à travers son mouvement « Trop, c’est trop ! » .Elle a été la première à manifester publiquement son hostilité au projet de réforme constitutionnelleapprouvé parl’Assemblée Nationale. Cette prise deconscience de la jeunesse a encouragé les autres associations dela société civile à sortir de leur hibernation. Par cette action, le mouvement « Trop, c’est trop » a réveillé quelque peu la conscience citoyenne de plusieurs maliens qui étaient presque tombés dans une apathie, dans un sentiment de désespérance. Galvanisée, la jeunesse des réseaux sociaux a pris la rue rejointe par des associations et organisations importantes de la société civile et même par des religieux. La marche du 17 juin qui a consacré l’apothéose de cette mobilisation citoyenne contre une réforme constitutionnelle qu’on voudrait imposer au peuple à la sauvette, fut suivie deux semaines plus tard le 1er juillet par un meeting monstre au Boulevard du Mali sous le lointain regard de Kuwame N’Krumah un des pères du panafricanisme. C’est tout un symbole. Ces manifestations qui ont eu lieu et la mobilisation qui reste soutenue indiquentque l’espoir est permis et que la jeunesse malienne n’accepte plus avaler n’importe quoi. Les dirigeants actuels au lieu de fustiger cette jeunesse entreprenante, devraient plutôt en être fiers. Une anecdote dit qu’au moment de la guerre civile espagnole de 1936, le généralissime Franco qui luttait contre les républicains, s’émerveillaient au cours des combats féroces qui opposaient les deux camps et proclamait admiratif : « seuls des espagnols étaient capables de telles bravoures ! VivaEspana ! » C’est dire qu’il admirait et reconnaissait la valeur de ses ennemis d’en face qui étaient comme lui, espagnols.
Moralité : on doit reconnaître la valeur d’une personne même si celle-ci est une ennemie. Or dans ce combat, d’idées, il ne devrait pas avoir d’animosité entre maliens s’il est vrai que chacun se bat pour un Mali meilleur.
Mettons donc le chapeau bas pour ces jeunes qui sont pris sur eux la responsabilité de manifester leur ras de bol de la manière cavalière d’agir des tenants du pouvoir par rapport à la loi fondamentale. Ils ont ainsi ouvert un boulevard de discussions aux autres associations et partis politiques qui étaient quelque peu timorés.
Hamidou Ongoïba