Mali : Bamako, peur sur la ville‎

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Djihadisme dans le Nord et imbroglio politique dans le Sud, les habitants de la capitale malienne, Bamako, vivent dans le doute. Et la crainte. Aux incertitudes institutionnelles s’ajoutent une vive tension et un climat de violence.

Bamako n’est plus Bamako. Depuis le coup d’État qui a renversé, le 21 mars, le président Amadou Toumani Touré (ATT), la coquette capitale malienne s’est enveloppée d’un voile de tristesse. La nuit, cette tristesse se meut en inquiétude. Dès le coucher de soleil, les rues se vident, les retardataires pressent le pas, et les pétaradants « Sotrama », les bus de transport collectif, ont du mal à faire le plein de passagers. Les petites boutiques et les revendeurs à la sauvette font de la résistance. Mais les grands magasins et supermarchés ne cèdent pas à la tentation de séduire le rare chaland nocturne. Le crépuscule venu, les rideaux sont baissés. Seules les enseignes lumineuses et les éclairages publics, entre deux délestages, font illusion.

Rumeurs infondées

Le jour, le chaos de la circulation routière reprend le dessus. Le front social est étrangement calme sur fond de morosité économique et de forte érosion du pouvoir d’achat. Mais la confusion institutionnelle, aggravée par la fracture entre les pro- et les antiputsch, alimente une agitation politique permanente. Les manifestations sont fréquentes. La ville bruisse de rumeurs. Dans les « grin », les think-tanks à la malienne, la course aux « scoops » est devenue un sport national. Les uns jurent, la main sur le coeur, avoir croisé la veille un impressionnant convoi militaire sur la route de Ségou : « C’est la preuve que l’armée malienne a entamé sa marche victorieuse en vue de libérer le Nord. » D’autres assurent qu’ATT a quitté son exil dakarois pour rallier Bamako par voie terrestre afin de « récupérer Koulouba et délivrer le pays du diktat des officiers subalternes ». Certains répètent à l’envi que le putschiste Amadou Haya Sanogo a passé sa nuit à sillonner la capitale dans une voiture banalisée.

Autant de propos qui se révèlent très vite infondés. Pas le moindre mouvement de troupes. ATT coule encore des jours tranquilles sur les bords de l’Atlantique. Quant au capitaine Sanogo, il ne quitte son fief, le camp militaire de Kati, qu’à bord d’un imposant cortège d’une vingtaine de véhicules, dont de nombreuses automitrailleuses et deux véhicules blindés. Dépité, l’attaché de défense d’une chancellerie ouest-africaine assure : « Avec les seuls moyens mobilisés pour les déplacements de Sanogo, je pourrais lancer une offensive victorieuse et chasser les occupants à Gao. » Propos exagérés ? À peine. Après la prise de Gao, fin juin, c’est à bord de quatorze véhicules seulement que les mouvements.

pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a pu chasser les indépendantistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) d’Ansongo, la seconde agglomération de la région.

Agressions répétées 

Dans le Nord, les djihadistes ne cessent de gagner du terrain. À Bamako, les influences du wahhabisme et d’un islam rigoriste sont de plus en plus perceptibles : religiosité, mosquées transformées en tribunes, femmes voilées… Et les incertitudes politiques ne sont pas de nature à ramener la sérénité. Les habitants se perdent en conjectures : controverses sur le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, affublé du peu glorieux sobriquet « homme lige de Kati »… Ils ont peur aussi. Les « ninjas », des commandos d’hommes armés et cagoulés, multiplient les agressions de journalistes, d’opérateurs économiques et même parfois de hauts fonctionnaires. Le mode opératoire ? Descente musclée au domicile ou au bureau de la cible, emmenée sans ménagement en rase campagne, passage à tabac et menace de récidive.

Bamako, quartier de Hamdallaye, le 12 juillet, à 21 heures. Le doyen des journalistes maliens, Saouti Haïdara, 62 ans, directeur de la publication du quotidien L’Indépendant, vient de boucler son journal. Il quitte son bureau et s’apprête à monter dans son véhicule. Trois hommes armés, cagoulés, habillés en civil mais portant des rangers lui intiment l’ordre de les suivre. Le journaliste refuse et exige de voir leur mandat. Ils commencent à le malmener. Des jeunes du quartier tentent de venir à son secours. Peine perdue.

“Où étiez-vous ?”

D’autres molosses arrivent à bord de deux véhicules tout-terrain. L’un d’eux arrose d’une rafale de kalachnikov la façade de l’immeuble du journal. Nous sommes à quelques encablures du camp de Djicoroni, où se sont déroulés les combats fratricides entre Bérets rouges et Bérets verts, le 1er mai. Haïdara est embarqué dans un 4×4. Son fils, présent sur les lieux, tente de suivre le convoi des assaillants. En vain. Il perd leur trace sur la route de l’aéroport. La suite est rapportée par le patron de presse : « Ils m’ont mis un sac sur la tête puis roué de coups dans la voiture. Une fois sortis de la ville, ils m’ont descendu sans ménagement du véhicule et jeté à terre en m’assénant des coups de pied et de crosse de fusil. Je les suppliais d’épargner ma vie. Ils continuaient à frapper. Quand ils m’ont menacé de revenir si je portais plainte, j’ai compris qu’ils me laissaient la vie sauve. » Saouti Haïdara s’en sort avec une fracture à l’avant-bras, quelques côtes fêlées et une dizaine de points de suture.

Le lendemain, la télévision publique diffuse des images du supplicié sur son lit d’hôpital. Le gouvernement condamne, la sécurité d’État assure que l’agression ne restera pas impunie. Son directeur général, le lieutenant-colonel Sidi Alassane Touré, diligente une enquête. Cela ne calme pas la profession. Le 17 juillet, Bamako vit son premier jour sans presse depuis le coup d’État. Un imposant cortège de journalistes, d’artistes et d’hommes politiques se dirige vers la primature. Arrivés sur place, ils font face à des grilles fermées et à un imposant dispositif des forces de sécurité. « C’est une marche pacifique que vous empêchez, où étiez-vous quand Dioncounda Traoré a été agressé au palais de Koulouba ? » crient les manifestants.

Pendant ce temps, le Premier ministre poursuit sa visite des capitales qui l’a mené successivement à Niamey, Dakar, Paris et Ouagadougou. Une tournée d’explication. Après le sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les 6 et 7 juillet, Cheick Modibo Diarra a annoncé le lancement « d’une large concertation » pour constituer le gouvernement d’union nationale demandé par les pays voisins avant le 31 juillet. Mais à Bamako, les uns refusent que les partis politiques « complices d’ATT » soient associés à la gestion des affaires publiques, les autres exigent un départ du Premier ministre. « Pas question ! réplique l’intéressé. Je ne lâcherai pas. Ni l’hostilité de la presse ni l’animosité de la classe politique ne me feront reculer. Je ne partirai pas. » Méthode Coué ou volonté farouche de poursuivre une laborieuse remise sur les rails d’un pays au bord du gouffre ?
30/07/2012 à 17h:02 Par Cherif Ouazani, envoyé spécial

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9 COMMENTAIRES

  1. A chaque fois qu’il y a un coup d’etat dans n’importe quel pays ces genres de situations d’exactions existe au moins pendant des mois. Mais apres tout se calme et le pays reprend son souffle. Le Mali ne fera pas l’exception a la regle. Maintenant que le President est de retour et entrain de poser des actes allant dans le sens de la reconciliation il urge a tout malien de precher la paix, la concorde et l’unite nationale pour qu’enfin ensemble nous menons les grands defis que sont la liberation du Nord et l’organisation des elections. Tout acte menant au sense contraire et un acte de traitre et de sabotage.
    Enterrons la hache de guerre et mettons le Mali devant tout et avant tout.
    Qu’ALLAH Le Tout Puissant raffermisse le coeur des maliens pour un Mali Grand et Uni. Amen.

  2. Cherif Ouazani.Arrêtez d’exagerer!Le distric de Bamako n’est pas aussi craintif que comme vous le décrivez!De l’insécurité il n’y a en pas dans quelle ville au monde?Lagos-Johanesbourg-New York-Marseille-Sao Paulo…SONT MILLE FOIS PLUS DANGEREUSES QUE BAMAKO.Tout le malheur qui nous arrive aujourd’hui est une fois de plus la faute du FDR et de la CEDEAO: ILS SONT ENTRAIN DE MANIPULER DIONKOUNDA LE PRESIDENT PAR INTERIM DE CONSENSUS QUI N’A POURTANT AUCUNE LEGITIMITE CONSTITUTIONNELLE AUJOURD’HUI.Au moment où les choses commencaient à se calmer et le peuple pensait se “débrouiller” avec ce gouvernement pour affronter les priorités (le nord et le élections)VOUS NOUS ENVOYEZ DIONKOUNDA AVEC DE NOUVELLES FEUILLES DE ROUTE ALORS QU’IL N’EST PAS LE SEUL COMMANDANT A BORD (selon l’accord cadre).Notre peuple ne veut pas de guerre civile. 😥 😥 😥

    • Sambou vous avez parfaitement raison.le plus grand problème du Mali est le Fdr pire que ançardine.

  3. LE GROS BOUL DOG DIARRA LE GROT LART DIARRA A DEGAGER CA NE FAIT QUE COMMENCER POUR LES RECACILTRANT IL FAUT DEGAGER ET LAISER LES VRAIT HOMME VENIR VOUS AIDER A RETABLIR LORDRE CONTITUTIONEL ET ENSUITE LIBERE LE NORD MALI QUI SOUS ENPRISE DE SATAN 😈 😈

  4. Et dire qu’avec tout ça il existe encore des prétendus maliens pour douter des effets calamiteux de ce coup d’état irréfléchi et imbécile.Oh my goodness!!!S’il vous plait réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard.

    • Vis tu à bko. Moi personnelement je sors jusqu’à 3h du matin et je n’ai jamais été agressé jusqu’à present par quiconque. So Please arretez de creer la psychose partout.

      • Il faut les comprendre Kibeulh, ils sont frustrés parce qu’ils (pardon, leurs parents corrumpus à bamako) ont tout perdu avec la crise et sont en exil, pour la pluaprt. Ils se rassurent donc en essayant de créer la psycose au mali via des posts par internet.
        Quant à ce journalise, comme vous pouvez le constater il s’est écrire que des torchons comme info,sans une aucune recherche et sans le mondre travail intellectuel. Cherif Ouzabi, qui tu sois, tu peux aller te torcher avec tes terchons de me… espèce de terroriste !

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