Mali : 6 ans après la signature de l’accord pour la paix, la CMA dresse un bilan ‘’très peu élogieux’’

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Six ans, jour pour jour, le Mali signait un accord pour la paix et la réconciliation avec plusieurs groupes armés issus des régions Nord du pays. Aujourd’hui, la coordination des mouvements de l’Azawad  dresse un bilan mitigé par rapport à l’application du contenu de cet accord qui, pourtant, était sensé faire taire les armes et  ramener la paix.

Six ans après  de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, c’est la désillusion pour  les responsables de la CMA  qui, en  face de la presse, hier dimanche, à Bamako ont dressé un bilan ‘’ très peu élogieux par rapport au temps et aux attentes’’.

Pour le porte –parole de la CMA,  Mohamed Mahmoud Ould Ramadane, de 2015 à nos jours la mise en œuvre de l’APR n’a en réalité jusqu’ici touché qu’à des aspects périphériques  sans pourtant évoluer sur les questions de fonds.  Sur ces aspects moins importants dont certains peinent à être appliqués,  il a cité l’installation des autorités intérimaires, les difficultés liées à l’opérationnalisation des Bataillons des Forces Armées Reconstituées (BAT-FAR),  au retour des réfugiés et les personnes déplacées. S’y ajoutent, selon lui,  de la gestion non cernée par la CMA du  Fond de Développement Durable (FDD) initialement prévu dans l’APR pour financer la Stratégie Spécifique de Développement des Régions du Nord.

A quelques jours de la tenue de la prochaine réunion du Comité de suivi de l’accord, prévu le 28 juin 2021, ce cadre de la CMA déplore , cependant , le fait que les questions de fond prévu dans l’APR peinent à produire un résultat escompté.

Ces questions d’ordre politiques sont relatives « à la révision constitutionnelle » qui, selon le porte-parole de la CMA, doivent permettre de prendre en charge la régionalisation, mode de scrutin des Assemblées régionales et leurs Présidents, création de la deuxième chambre parlementaire …. Les nombreuses crises politiques et institutionnelles qui ont précédées la signature de l’accord en 2015 peinent  à permettre l’application de la constitution. En 2017, soit deux ans après la signature de l’accord, la rue s’est opposée à une révision de la Constitution initiée par l’ex-président de la République Ibrahim Boubacar Keïta  arguant qu’elle viole l’article 118 de la loi fondamentale du Mali.  Et aujourd’hui, malgré le départ du régime d’IBK par un coup de force militaire, la réorganisation territoriale et administrative  permettant une meilleure représentativité des populations du Nord-Mali dans les Institutions Nationales, selon la CMA,  reste une patate chaude dans les mains des autorités de la transition.

Outre ces difficultés,  la CMA déplore la problématique de l’Azawad restée en suspension à cause des conclusions de la Conférence d’Entente Nationale de 2017, l’absence de  compromis sur les questions de défense et de sécurité dans le cadre de l’Armée Reconstituée. « Les Quota d’intégrations dans les Corps Constitués de l’Etat y compris les Forces de défense et de sécurité, entente politique définitive autour des critères d’éligibilité à l’intégration, la question des grades, la détermination de la chaine de commandement …  restent sans compromis », relève le conférencier, qui  pense que les nombreux recrutements dans l’armée nationale depuis la signature de l’accord auraient pu permettre de résorber les combattants des groupes armés.

 Les obstacles et les blocages

Les obstacles constatés dans la mise en œuvre de l’accord pour la CMA sont énormes.  Ce groupe politico-militaire tance les autorités maliennes et dénonce une mauvaise volonté de gouvernements  à faire avancer sur les questions de fond  de l’accord. La CMA tient le gouvernement comme seul responsable  de « l’absence de la vulgarisation de l’APR » auprès des populations. Elle impute également les blocages de l’application de l’accord  par l’’instabilité sociopolitique et institutionnelle qui règne au Mali  depuis 2018  et entrave sérieusement la continuité, à l’insécurité entretenue par d’autres acteurs ne prenant pas partie au processus de paix et la  question de la relecture de l’APR formulée par la dialogue national inclusif. «  Une autre relecture de l’accord en dehors des dispositions de l’article 65 pourrait être source d’instabilité et l’ouverture de la boite de pandore », prévient le porte-parle de la CMA. Ajoutant que ‘’ chacune des parties prenantes  va vouloir intégrer des nouvelles propositions qui risqueront d’envenimer les tensions’’.

A l’heure où un fervent opposant à l’application de l’accord, qui reproche à ce document de poser les jalons de la répartition du Mali, est nommé à la primature, les responsables de la CMA affichent une certaine  sérénité quant à l’engagement des autorités de la transition  de diligenter l’application de l’accord.  «  Nous avons demandé aux autorité de la transition de placer l’application de l’accord parmi ses priorités. Et elles se sont engagées à le faire. Telles sont les garanties qu’on a eu avec le gouvernement », informe Mohamed Mahmoud Ould Ramadane.

Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net

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