Mali: 21 communes se lèvent contre la pollution de l’eau due à l’orpaillage

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La région de Kayes est confrontée à la pollution de la rivière Falémé, l'un des principaux affluents du fleuve Sénégal. Ici, les bords du fleuve Sénégal, dans la région de Kayes, à l'ouest du Mali. (Image d'illustration) © David Else / Getty Images

Au Mali, les habitants de la commune rurale de Faléa, dans le cercle de Kéniéba, dans la région de Kayes, tirent la sonnette d’alarme. La rivière Falémé, l’un des principaux affluents du fleuve Sénégal, présente des niveaux de pollution record. Organisés en association, 21 villages de la commune ont commandé une étude scientifique du fleuve, qui démontre que les nouvelles techniques d’orpaillage ont considérablement augmenté la pollution de l’eau. Ce qui menace l’existence même de la Faléa.

Le cercle de Kéniéba se trouve à la frontière avec le Sénégal et la Guinée. Grâce à la rivière Faléa, on y pratique le maraîchage et la culture céréalière. Ou y pratiquait, car à cause de la pollution, les choses ont bien changé.

« Ça a créé des problèmes de santé extrêmement graves. Par exemple, les maladies pulmonaires, ça provoque des enfilements du pied, le ventre… On ne trouve plus de poissons », s’inquiète Nouhoum Keita, le directeur de l’association ASFA 21 regroupant les 21 villages de la commune qui ont demandé l’étude.

« Il y a quelques rares hippopotames, ajoute-t-il, les populations ne peuvent plus faire le maraîchage. Les gens délaissent complètement le maraîchage et vont donc à l’orpaillage. » Autrement dit, c’est la ruée vers l’or.

Les orpailleurs utilisent des techniques de plus en plus polluantes et des machines comme les dragues. Guimba Diallo est ingénieur des eaux et forêts. Il a réalisé l’étude de qualité de la rivière et certains de ses prélèvements montrent des taux de pollution 3 000 fois supérieurs à la norme malienne.

« Les dragues sont des outils pour extraire le minerai dans le lit des fleuves. Elles nettoient carrément le fond du lit du fleuve et rejettent tous les graviers et tous les gravats. Ça dévie le cours du fleuve. Et on utilise le mercure pour nettoyer, pour récupérer tout l’or », constate Guimba Diallo.

« Autrefois, ajoute-t-il, on n’utilisait pas de produits chimiques : on se servait seulement de l’eau pour récupérer les paillettes et les grains d’or. Mais pour récupérer l’or en poudre, il faut utiliser le mercure, le cyanure et d’autres produits chimiques ».

Aujourd’hui, les dragues et leurs déchets menacent l’existence même de la rivière Falémé. Affluente du fleuve Sénégal, les conséquences de son assèchement se ressentiraient jusqu’en Mauritanie.

Par RFI Publié le 27-05-2018

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