Et pourtant, les guerres, civiles ou non, et la pauvreté qui ont frappé nombre de pays africains au cours de la dernière décennie, sont les causes qui ont entraîné l’accroissement de ces maladies qualifiées à juste raison par l’Organisation Mondiale de la Santé, de « fardeau trop souvent négligé ».
Un « fardeau » avec lequel, nous sommes pourtant condamnés à vivre, même s’il ne constitue plus un cas de conscience.
Ils (ou elles) sont pourtant là. Parmi nous, dans les marchés, sur les grandes artères de la ville, les lieux publics. Partout, on peut les voir et les revoir. Les visages meurtris, les cheveux ébouriffés, le torse nu, ces « fous et ces folles », comme pour défier les consciences ne portent que des haillons, très souvent noués seulement autour des hanches, cachant à peine la seule partie que les autres n’exposent jamais.
Toute la journée et pendant les 12 mois de l’année, ils (ou elles) marchent (ils ne connaissent ni taxi, ni dourouni) des kilomètres, fouillant les poubelles en quête de repas.
En saison chaude, froide ou pluvieuse, ces malades n’ont d’autres logis que la rue. Ils ne s’en sortent qu’avec l’aide exclusive du Tout Puissant.
Pendant ce temps, les Ministères de la Santé Publique, de l’Action Sociale ou encore de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, n’ont même jamais organisé un quelconque séminaire en vue d’une réflexion sur le sort de ces malades mentaux.
Quant à la société, elle tourne purement et simplement le dos à ces malheureux… Et ceux qui, de temps en temps regardent vers ces malheureux, c’est très souvent pour leur « offrir » des coups de fouets, des injures ou des rires sadiques.
Pire, parmi ces malades mentaux qu’on rejette, il y en a qui intéressent certaines personnes… une fois la nuit tombée.
En effet, les jeunes filles « malades mentales » font l’objet de convoitise… sexuelle de la part de certaines personnes « normales ». Et souvent pas des moindres.
Et elles sont nombreuses ces jeunes « folles » qui ont, plus d’une fois, accouché d’enfants dont les pères insoupçonnables, ne sont autres que ces patrons richement habillés et qui roulent à bord de luxueux véhicules à destination… de la mosquée.
C’est « fous et ces folles » font la honte de la société qui les rejettent dans la plupart des cas, à la rue. Mais quand les pouvoirs publics pour leur part restent aussi indifférents à leur sort, il faut admettre que ce monde là est vraiment… fou.
Boubacar Sankaré