Maison d’Arrêt de Bamako : Les misérables

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Prison Centrale Bamako

N’ayant accès au prétoire qu’après l’examen des dossiers de ceux qui bénéficient d’une assistance judiciaire, les autres, les laissés-pour-compte sont traînés, menottes aux bras, à d’interminables audiences, sans être jugés.

Au Mali, les prévenus qui ne sollicitent pas les services d’un conseil juridique, faute de moyens, subissent les pires formes d’injustice, de la part de la Justice.

D’abord, à la différence de ceux qui constituent des avocats, eux, ne jouissent pas du bénéfice de plusieurs attributs liés à l’assistance judiciaire.

Ensuite, l’examen de leurs dossiers peut être ajourné, des mois durant, aussi longtemps qu’il y a des affaires confiées à des avocats.

En effet, malgré le fait que le rôle de chaque audience soit dressé par ordre, la priorité est accordée aux dossiers du barreau, c’est-à-dire, ceux dans lesquels, les parties ont constitué des avocats.

L’ordre du rôle n’est respecté qu’après l’examen des dossiers du barreau qui, du reste, peut s’étendre sur toute une journée. Ce faisant, certains prévenus peuvent se présenter à plusieurs audiences sans avoir la « chance » de comparaître à la barre.

Le spectacle qu’offre cette inadmissible situation est particulièrement pathétique car, pour n’avoir simplement pas constitué d’avocat, ces prévenus sont trimbalés avec leurs menottes devant les tribunaux, à plusieurs reprises, au même moment où les dossiers de ceux qui sont assistés de conseil (dont la plupart bénéficient de liberté provisoire) sont examinés avec diligence.

Pourtant, il est clair que le plus souvent, le non-recours des prévenus aux services d’un conseil s’explique par des contraintes financières.

Alors, leur pêché serait, le fait de n’avoir pas la possibilité de s’offrir les services d’un avocat.

Pour réduire l’injustice qui découle de cette situation, la loi a prévu la constitution des avocats commis d’office pour les accusés n’ayant pas les moyens. Malheureusement, cela concerne seulement les accusés cités devant la Cour d’Assises. En ce qui concerne les autres juridictions, aucune précaution n’est prise pour éviter cette injustice notoire. Le soin est ainsi laissé à l’argent, et à l’argent seulement, de déterminer ceux qui méritent sanctions, circonstances atténuantes, libertés provisoires, sursis et autres mesures…

C’est dire que, malgré les efforts visant à réduire les inégalités sociales devant la justice, le pouvoir de l’argent est de marbre.

 

M. Diallo

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