Manque de soins de santé, maladies, cas répétés de décès, dépossessions arbitraires de biens, voilà le contraste désolant auquel sont soumis les pensionnaires de la Maison centrale d’arrêt de Bamako surtout en ce 21ème siècle où notre pays a ratifié toutes les conventions relatives à la protection et à la préservation des droits de la population carcérale.
Si l’armée et la prison sont deux grandes muettes parce qu’ayant le silence en commun. A la différence, l’armée est hiérarchisée, les hommes circulent librement et ont à leur disposition des armes et des munitions. Lorsque les balles crépitent, ils sont pris au sérieux et imposent le silence.
Quant à la prison, les détenus sont entre les quatre murs à la disposition de la Loi, privés de leur liberté et réduits au silence (mais méfiez-vous de l’eau qui dort). En plus de ces difficultés, les magistrats en grèves depuis bientôt trois mois a fait que rien ne bouge dans le milieu carcéral.
Pire, la Maison centrale d’arrêt de Bamako (MCA) est devenue “l’Azawad” au Sud avec comme “Amenokal” un Régisseur qui la règlemente à sa guise. Cela s’explique par des visites sans permis de communiquer aux détenus qui sont payantes. Les montants injustement perçus sur des visiteurs sont versés dans une caisse noire dont lui seul détient la clé de répartition. Aussi, le montant à payer varie selon le visiteur en présence. Faites-y un tour pour en savoir davantage.
Une vraie zone de non-droit, la récente visite du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Tiena Coulibaly, à la MCA, le samedi 6 octobre 2018, a encore dévoilé certains secrets par rapport aux conditions de détention dégradante et humiliante auxquelles les pensionnaires sont soumis. En effet, cette visite a été une véritable source de règlement de comptes du Régisseur à l’encontre de certains détenus qui ont décrié des faits dans l’établissement. Si, les uns ont été interdits de visite, les autres, quant à eux, ont été “déchambrés” (obligés de changer de chambre en les amenant dans d’autres lieux de détention où les conditions sont insupportables, à la limite dans des cellules d’isolement).
Alors, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, le Procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako, la Direction nationale de l’Administration pénitentiaire et de l’Education surveillée (Dnapes), les Inspections publiques compétentes, les Services de renseignement, vous avez du grain à moudre à votre moulin. Donc, cherchez à comprendre ce qu’endure cette population carcérale. Affaire à suivre !
Boubacar PAÏTAO