Contrairement à la rétention de l’information et au jeu de cache-cache qui sied dans nos administrations, la mairie de la commune urbaine de Tombouctou a organisé un débat public autour de son compte administratif 2010. C’était le mardi 31 mai 2011 dans la salle de conférence de l’IHERI-AB.
Ce débat a vu tout le bureau du conseil communal avec à sa tête le maire, monsieur Hallé Ousmane se tenir volontairement devant le public en les exposant le compte administratif 2010 et en répondant à ses préoccupations. Au risque de nous tromper, nous ne dirons pas que c’est une première au Mali ; mais c’est quand même rare dans ce pays où la rétention de l’information est devenu un système de gestion.
Dans son discours solennel d’introduction des débats, le maire monsieur Hallé Ousmane a martelé que la livraison de maximum d’informations aux populations sur la gestion de la commune a été toujours le cheval de bataille de son équipe depuis son arrivé à la tête de la commune urbaine de Tombouctou. Le maire a surtout demandé à ses administrés de bien profiter de cette journée de débat pour faire savoir toutes leurs préoccupations afin d’être édifié.
Le compte administratif qui a été détaillé sur des tableaux affichés devant l’assistance fait ressortir principalement que les tombouctiens sont mauvais payeurs d’impôts et de taxes. C’est ce qui a permis à l’équipe de la mairie de bien répondre à ceux qui accusaient la mairie de n’avoir pas travaillé. L’équipe de Hallé a clairement fait savoir aux tombouctiens que la mairie travaille avec l’argent issu du recouvrement des impôts et des taxes. Un citoyen qui ne paye pas ses impôts et ses taxes, perd tout droit et, par conséquent, ne peut rien réclamer des gouvernants. Donc, la réclamation des droits vient après l’accomplissement des devoirs ! Mis devant cette logique, les participants au débat ont fini par reconnaître leur rôle dans ce qu’ils appellent « la mairie ne travaille pas ». « Si la mairie ne travaille pas, nous sommes tous responsables parce que nous ne payons pas nos impôts et nos taxes », ont implicitement reconnu les tombouctiens au terme de ce débat. Le préfet du cercle de Tombouctou en réagissant à l’incivisme des tombouctiens, dira que c’est un refus. « Ce n’est pas un manque de sensibilisation, mais un refus », a-t-il laissé entendre.
L’équipe de Hallé a aussi informé les tombouctiens qu’au cours de l’année 2010 : 1833 actes de naissances ont été enregistrés ; 214 jugements supplétifs délivrés et 50 cas de décès déclarés.
Les recettes prévisionnelles étaient de 549 488 476 F CFA pour 327 059 878 F CFA réalisés, soit un taux de réalisation de 59,52%. Les impôts, taxes et redevances étaient de 109 650 000 F CFA en prévision. Seuls 58 875 375 ont été réalisés, soit un taux de réalisation de 53,68%.
Les tombouctiens sont désormais situés sur la gestion que fait l’équipe communale de la mairie et sont conscients que le développement de la commune dépend de leur degré de civisme (s’acquitter des impôts et des taxes). La mairie de Tombouctou vient donc de bénéficier les fruits de l’information et de la communication. Communiquer est gage de transparence et donc de confiance entre gouvernants et gouvernés. Avec la confiance, tout est possible ! Les autres collectivités et services étatiques doivent emboîter le pas.
OUMAR BARAKA