Le Haut conseil islamique du Mali a tenu le dimanche 10 février un meeting au stade du 26 mars, au cours duquel ses membres ont demandé la tête du Premier ministre. Celui-ci semble opposer une fin de non recevoir.
Les leaders religieux musulmans sont en colère contre le président de la République. Ils intiment à Ibrahim Boubacar Kéita de démettre le plus vite possible son Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, traité de tous les péchés d’Israël.
D’un ton aigre, le représentant du Chérif de Nioro a indiqué que l’érudit avait dit au président de la République de ne pas nommer Soumeylou Boubèye Maïga sous aucune condition dans les ministères clés comme la Primature, la défense, l’Economie et les Finances, la Sécurité et les Affaires étrangères. Et le Chérif de menacer : «si IBK ne le fait pas, il ne tardera pas à me sentir».
Pour l’Imam Mahmoud Dicko, les désidératas du Chérif de Nioro doivent être impérativement respectés. «Si ce régime ne fait pas attention, on va lui dire de dégager», peste le président du Haut conseil islamique. Aussitôt repris en chœur par la foule : «Boubèye dégage ! Boubèye dégage ! Boubèye dégage !» pendant de longues minutes.
De fait, l’Imam Dicko ne digère toujours pas les propos de Soumeylou Boubèye Maïga. Celui-ci avait déclaré devant la représentation nationale que le gouvernement n’était pas responsable de ce qui se passe au centre et que, par conséquent, il ne se reprochait.
«Ces affirmations sont irrévérencieuses et insultantes envers le peuple», juge-t-il. Comment des personnes en charge de la sécurité du pays peuvent-elles tenir de telles affirmations ? S’interroge le président du Haut conseil islamique. Il y a manifestement un mépris envers le peuple de la part des tenants du pouvoir.
De son avis, les gouvernants traitent la population malienne comme des impérialistes et les néocolonialistes qui pensent qu’elle n’a pas d’opinion. Mahmoud Dicko promet de révéler dans les prochains jours les noms de ceux qui arment les donsos au centre du pays.
Comme une réponse du berger à la bergère, Soumeylou Boubèye Maïga a répondu devant les cadres de la plateforme «Ensemble pour le Mali» aux injonctions du président du Haut conseil islamique.
«Ceux qui s’agitent, affirme le Premier ministre, sont les gens qui ont voté et qui ont fait voter contre nous. Ils continuent d’agir contre nous, et qui pensent trouver des interstices sur des passages pour continuer de nous affaiblir. Bon, nous continuerons de faire face, nous sommes mobilisés, vigilants et déterminés à faire face à tout ce qui peut éventuellement nous empêcher d’avancer». Une manière pour lui d’affirmer que les religieux n’ont pas le poids qu’ils prétendent avoir.
Il convient de rappeler que des milliers de fidèles musulmans ont répondu à l’appel du Haut conseil islamique. Le stade du 26 mars, le plus grand du pays avec ses soixante mille places, avait été rempli depuis sept heures, soit plus de trois heures avant le début du meeting.
Abdrahamane SISSOKO
Source : Le Wagadu