Ancienne autorité morale du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), l’imam Mahamoud Dicko a, au cours d’une cérémonie de prière organisée ce dimanche 28 novembre 2021 à Baco-djicoroni, interpellé les autorités de la transition tout en exprimant son inquiétude par rapport à la gestion actuelle du Mali, un pays qu’il trouve coupé du monde.
En effet, ancienne autorité morale du M5-RFP, après la prière, a longuement exposé en bambara sa vision de la gestion actuelle du pays. Il a d’abord fait un résumé des différents régimes précédents.
A ses dires, il aurait interpellé feu Amadou Toumani Touré pour sa mauvaise gouvernance du pays un lundi et le mardi fut la chute de son pouvoir. S’agissant du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, il a affirmé l’avoir interpellé maintes fois. Mais hélas, rien n’a changé. Donc la nécessité d’un soulèvement populaire s’imposait pour sauver la nation.
Cette fois-ci, les choses semblent mal tournées en sa faveur depuis le départ de l’ancien locataire de Koulouba Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane. Selon lui, Moctar Ouane a été désigné par lui-même et il déclare n’avoir rien gagné à part la somme de 10 millions FCFA.
A noter qu’au sein du gouvernement 1 de Moctar Ouane, la présence de certains de ses proches et même dans son gouvernement éphémère 2 s’est fait remarquer. De même, l’ancien PM, Boubou Cissé, sous le régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta serait également son choix. Le constat est l’absence de ses proches dans le gouvernement Choguel et le gain financier semble coupé à l’imam.
En tout cas, cette sortie renvoie à une forte réflexion. Est-ce qu’une réclamation de la primature comme il a su le faire avec les autres locataires du fauteuil présidentiel de Koulouba ? Est-ce que c’est réellement pour donner les conseils aux autorités de transition ? Ou encore est-ce qu’une stratégie pour manipuler nouveau peuple ?
Rappelons qu’après la chute du régime d’IBK, le vocabulaire utilisé était son retour à la mosquée. En tout cas quand on reprend la direction de la mosquée, on ne gère pas le gouvernement. Chaque fois qu’il manifeste contre n’importe quel régime, il met l’accent sur la mauvaise gouvernance. La bonne gouvernance ne passe pas par la désignation du personnel mais plutôt par un critère bien spécifié qui repose sur la compétence et le mérite.
Le développement d’une nation ne dépend pas des relations personnelles mais plutôt de la compétence et l’excellence. Tant que le Mali demeure dans ce système de clientélisme, d’oligarchie, il n’y a pas espoir de voir le bout du tunnel.
La leçon que l’on pourrait retenir désormais est le retour de l’ancienne autorité morale du M5-RFP sur la scène politique. Car, lui qui était resté discret depuis les manifestations de 2020, a déclaré lors d’une conférence de presse à Bamako que le Colonel Assimi Goïta est devenu la cible des critiques internationales depuis qu’il a démis le gouvernement transitoire civil en mai dernier et qu’il se sentait obligé d’intervenir. « Je ne peux pas me taire sur la gestion actuelle du pays, j’ai été acteur du changement, des gens sont morts devant ma porte et devant ma mosquée. Je ne peux pas rester en dehors de la suite », a-t-il déclaré, ajoutant avoir demandé en vain une audience au colonel Goïta. « Je vois que ça ne va pas, c’est pourquoi j’ai décidé de prendre la parole. On ne s’entend pas entre nous, on n’est pas avec le reste du monde. Il faut qu’on se donne la main sinon le pays n’est pas sur la bonne voie. L’’isolement actuel du pays ne peut pas continuer », a-t-il prévenu.
Il a souligné qu’il n’appelait pas à manifester ni à renverser le pouvoir actuel. Les “assises nationales” qui devaient se tenir en décembre et à l’issue desquelles la junte au pouvoir devait fixer la date des élections, ont été reportées pour une date ultérieure.
Le Premier ministre installé par la junte, Choguel Kokalla Maïga, insiste sur la tenue de ces Assises pour décider des suites de la transition et de la tenue d’élections censées garantir un retour à un pouvoir civil. Malgré la pression d’une partie de la communauté internationale, Bamako a récemment notifié à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) que le Mali serait dans l’incapacité d’organiser ces élections en février 2022, évoquant notamment l’insécurité criarde dans les régions.
Le Mali est le théâtre depuis 2012 d’un conflit lancinant avec des attaques répétées des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, doublées de violences contre les civils perpétrées par des groupes armés, certains autoproclamés d’autodéfense. Les forces régulières sont également fréquemment accusées d’exactions. Qu’Allah sauve le Mali.
Siriki KONE